Les quarts de finale sont là, et je peux vous garantir qu'ils seront mémorables. Pourquoi? D'abord parce qu'ils ouvrent la porte du fameux "dernier carré" à l'aune duquel l'Histoire jugera les performances dans cette Coupe du Monde. Les favoris qui atteignent les demis-finales peuvent toujours se dire qu'ils n'ont pas échoué. Mais pour un petit pays, c'est l'apogée, le plus grand exploit de l'équipe nationale qu'on célèbrera pendant des décennies. Demandez aux Sud-Coréens, Turcs, Croates, Bulgares, Belges, Polonais, etc. Et puis parce que dans 4, 8 ou 20 ans, vous vous souviendrez d'un de ces quarts de finales. France-Brésil 86, Angleterre-Cameroun 90, Brésil-Pays Bas 94, Pays Bas-Argentine 98, Brésil-Angleterre 2002, Allemagne-Argentine 2006: si je suis obligé de vous préciser comment et par qui ces matches ont été gagnés, c'est que vous n'êtes pas un vrai fan. Passons aux Power Rankings.
1. Brésil
Aucune faiblesse apparente, une défense de fer, des contres meurtriers, et surtout cette certitude qu'ont les joueurs que quoiqu'il arrive, ils sont le Brésil, et donc les meilleurs. Le coup de rein de Kaka laisse certes à désirer et les shorts de Julio Cesar lui arrivent à mi-mollet, mais je chipote.
Chances de soulever le trophée: 37,5% (chacune des 8 équipes encore en lice possède en théorie 12,5% de chance)
2. Argentine
Les deux copains mafieux de Diego, assis sur le banc derrière lui, m'inquiètent. Qui va oser battre les Argentins et affronter leurs représailles? Je crains toutefois que le génie de Messi et Tevez ne suffise pas si d'aventure ils se retrouvent menés au score. Et avec cette défense emmenée par le ridicule DeMichelis, ça va bien finir par arriver.
Chances de soulever le trophée: 16%
3. Allemagne
Qui l'eût cru, la Mannschaft est l'équipe la plus excitante du tournoi, avec son style percutant et ses jeunes stars. Quoique le plus important réside bien entendu encore et toujours dans cette déclaration de Thomas Müller: "Wir sind Deutschland."
Chances de soulever le trophée: 16%
4. Pays-Bas
Après avoir enchaîné sans forcer quatre victoires contre des équipes de seconde zone (Danemark, Japon, Cameroun, Slovaquie), les Hollandais se préparent à remettre en jeu leur titre de champions du monde de l'auto-destruction. Avec des trouducs comme Van Persie dans l'effectif, je doute qu'ils perdent leur couronne. A propos, voici en exclusivité le onze titulaire de l'équipe des têtes de cons: Green – Evra, Terry, Gallas, Heinze – Van Bommel, Veron, Ribéry – C. Ronaldo, Drogba, Van Persie. Sacrée équipe, même si Anelka a été renvoyé à la maison.
Chances de soulever le trophée: 14%
5. Espagne
Dieu Tout-puissant, ce que les Espagnols sont soporifiques! Dès qu'ils ont le ballon, c'est à dire 80% du temps, c'est parti pour une passe, deux passes, dix passes, 245 passes, et un quart d'heure après, ils sont toujours à 35 mètres des buts adverses. Leur jeu de passe est précis, infatigable, obsessionnel. Parfait jusqu'à écoeurement de l'adversaire et des spectateurs, qui n'ont pas payé leur billet pour assister à un putain de match de handball. Un type comme Xavi pourra jouer au petit trot jusqu'à 45 ans et en ne ratant qu'une passe sur vingt, sans jamais accélérer ni tenter de frappe. Le style espagnol, tel que défini par les Anglais: Playstation football. Autant c'est marrant d'avoir la manette entre les mains, autant c'est chiant à regarder.
Chances de soulever le trophée: 14%
6. Uruguay
Vainqueurs en 30 et 50, demi-finalistes en 70, les Urugayens aiment les chiffres ronds, mais depuis quarante ans leur talent de footballeurs se limitait à la grinta, entre rigueur défensive et coups bas. Avec des joueurs de classe comme Forlan et Suarez et sutout un tableau ultra-favorable (France, AfSud, Mexique, Corée et maintenant Ghana!), on va les retrouver bientôt au sommet. Enfin, en demis...
Chances de soulever le trophée: 1%
7. Ghana
Vont-ils devenir les premiers Africains en demi-finales? Non. Blessés, suspendus, Gyan qui ne pense qu'à une chose, quitter Rennes pour la Premier League, le conte de fées s'arrête ce soir contre la Celeste et on arrête de nous gonfler avec "L'Espoir de tout un continent", "Toute l'Afrique retient son souffle" et Marcel Desailly.
Chances de soulever le trophée: 1%
8. Paraguay
Ils sortent de deux matches contre des légendes du football international (Nouvelle-Zélande, puis Japon) sans avoir marqué le moindre but ni même, si j'en crois les commentaires, essayé de le faire. Ceci est loin de m'étonner, je l'avais compris dès la première purge face à l'Italie (cf post). Aujourd'hui ils sont en quarts, c'est merveilleux, et à Asuncion, les filles sont enthousiastes.
Chances de soulever le trophée: 0,5%
Que va-t-il se passer aujourd'hui ?
Brésil-Pays Bas: 3-2
C'était déjà le score en 94. Les Brésiliens frappèrent 2 fois en 2ème mi-temps (Romario et Bebeto, qui fêta son but en faisant mine de bercer son bébé, une première) avant de se relâcher et de permettre aux Bataves de revenir à 2-2 avant qu'un coup-franc magistral de Branco n'envoie le Brésil en demi au terme d'un match énorme. On ne peut qu'espérer un remake.
Uruguay-Ghana: 1-0
Prolongation, centre pour la tête de Suarez, but. Avec un peu de chance, on échappera au tirs-au-but.
La NFL est la meilleure ligue du monde. La plus spectaculaire, la plus intense, la plus rentable, la plus excitante à regarder les dimanches soirs d'automne quand le weekend a été pourri et que la semaine à venir le sera plus encore. Mais surtout, vous savez quoi? Ils ont l'arbitrage vidéo! Des putains de génies, ces Américains. Laissez-moi vous expliquer comment ça marche.
Le coach de chaque équipe dispose d'une sorte de mouchoir rouge enroulé autour d'un caillou ("the challenge flag"), qu'il doit jeter sur le terrain pour réclamer que telle ou telle action soit revue à la vidéo ("to challenge the call"). Dans ce cas, l'arbitre principal se dirige vers lui, lui demande ce qui lui déplaît, généralement un franchissement de ligne ou une perte de possession, et l'arbitre se déplace jusqu'à un écran vidéo mis à sa disposition sur la touche. 2 à 3 minutes plus tard, le temps d'observer tous les ralentis, l'arbitre annonce sa décision à tout le stade (via micro HF). Et là les règles sont claires: "To overturn the ruling on the field, the referee must have UNDISPUTABLE EVIDENCE". En gros, au moindre doute, la décision initiale sera confirmée. Et c'est bien ce qui se produit la plupart du temps. Les coachs n'ayant droit qu'à deux challenges par match, ils ne balancent pas leur mouchoir à la légère, attendant souvent qu'un de leurs assistants qui regarde la vidéo en tribune lui indique s'il a une chance que l'arbitre lui donne raison. Cette capacité à utiliser ces challenges à bon escient fait d'ailleurs partie de ce qui distingue les grands entraîneurs de ceux qui se laissent dépasser par les évènements. Mais je m'éloigne du sujet.
La vraie question, bien sûr, est de savoir si le système de replay US pourrait s'appliquer à notre bon vieux football qui se joue avec les pieds. Quelques arguments.
POUR:
la technologie existe.
les règles sont simples (le ballon a-t-il franchi la ligne, oui ou non?)
CONTRE:
Le football américain est fondamentalement hâché. Le foot doit rester fluide.
Les entraîneurs sont intellectuellement limités.
Les vieux chnoques de la FIFA préfèrent l'injustice. Et le pognon.
Les Anglais se sont donc faits enfler, mais personne ne les regrettera. Ceux qui comme moi ont tenté de s'arracher les yeux après leur match face à l'Algérie ne le contesteront pas. Lents et dépassés (Terry, Cole, Barry), cramés (Gerrard, Rooney) ou tout simplement pas au niveau (Johnson, Milner, Heskey, peu importe le gardien titularisé), les Anglais sont restés fidèles à leurs habitudes, à la fois surévalués, bruyants et chiants à mourir. Good riddance.
De l'autre côté, la légende de la Nationalmannschaft continue de grossir de Coupe du Monde en Coupe du Monde. Privés de l'édition 1950 parce qu'ils étaient encore les sales boches génocidaires qui avaient mis l'Europe à feu et à sang, les Allemands se sont rattrapés depuis avec une série sans équivalent dans les annales du sport. QUINZE quarts de finales d'affilée. QUINZE. Je le tape une troisième fois ou vous en croyez vos yeux? Allez, juste pour en être bien convaincu: QUINZE PUTAIN DE QUARTS DE FINALES CONSECUTIFS. Quand il rentre sur le terrain, un Allemand est persuadé qu'il va gagner. On ne peut pas lui en vouloir.
PS: Mention spéciale à Thomas Müller, homme du match mais aussi porteur du nom le plus allemand que l'on puisse imaginer. Blanc devrait penser à sélectionner un Pierre Martin ou deux.
Quant aux Argentins, leur prestation d'hier est digne d'être soulignée: un but non valable contre le cours du jeu, une énorme toile mexicaine, et une belle frappe de Tevez. En dehors de ça, le néant. La volonté de casser le jeu a pris le pas sur tout le reste, entre simulations, accrochages et trois minutes pour jouer le moindre coup-franc. A vomir. Les Argentins ont même réussi à gâcher totalement leur tenue classique avec des shorts bleus (!?) immondes. Je sais qui je vais supporter en quarts de finale.
PS: quelqu'un pourrait-il se décider à casser le genou de cette vieille salope de Gaby Heinze? Merci.
Que va-t-il se passer aujourd'hui?
Pays-Bas-Slovaquie: 2-0. Encore un peu tôt pour se déchirer, les Hollandais...
Brésil-Chili: 3-1. Googlez "Brésil-Chili 89" ou bien "Le coup du Condor" pour une histoire pas croyable.
Bonus! Merci quand même aux Anglais d'avoir inventé le heavy-metal
