Je sais que vous en vouliez encore plus, mais ce sont bel et bien mes dernières heures rennaises que je vous narre ici, avec au programme des concerts minables, de la bière, et une discussion avec une copine qui justifie le voyage. Vivement les Trans 2007...
SAMEDI 09
Je pourrais prétendre que ce sont les échos de la rave qui me réveillent, mais je ne voudrais pas non plus accuser ces abrutis de tous les maux. Disons simplement que c’est un drôle de bruit de fond pour démarrer la journée, spécialement quand on a besoin de se remettre les idées en place. A propos, qu’est-ce que je vais faire de mon après-midi ?
Je me décide rapidement pour une promenade (on sous-estime l’importance de l’oxygénation au cours des week-ends difficiles) qui très vite se résume à un jeu perdu d’avance : « Comment éviter les rues et les trottoirs surchargés de piétons ? » Juste une question : y a-t-il une loi qui oblige toute la population rennaise à faire ses courses de Noël en centre-ville le samedi 15 jours avant la date fatidique ? Sérieusement ?
Mon ratio sandwich par repas est à présent de 4/4, série en cours, mais il me faut encore satisfaire un autre besoin vital : Internet. Dès mon retour de marche je me connecte sans raison particulière, zéro message, la routine, et soudain l’illumination : le Stade Brestois jouait hier soir ! Après un léger cafouillage, sans doute causé par la panique, le résultat s’affiche, implacable : Brest-Tours 1-1. Et vous vous demandez pourquoi j’ai éprouvé ce week-end le besoin de m’évader du climat pesant qui règne sur ma ville natale.
Encore sous le choc, j’ai ensuite la mauvaise idée de rédiger un court article pour ce site, qui s’avérera, sans surprise, être le pire de ma carrière de blogueur, avec en point d’orgue des pronostics tellement mauvais qu’ils me donneront envie de remonter le temps pour, ô scandale, les modifier après coup. Comme quoi ma clairvoyance habituelle est tout sauf due au hasard.
Je dois maintenant patienter jusqu’à l’apéro, l’occasion pour moi de faire le bilan de la soirée : de la bière, de la foule, et pas mal de concerts. Je reprends le programme officiel. Qu’est-ce que c’est que ce truc, Cold War Kids, de 1h00 à 1h50 dans le hall 3 ? Est-ce que je les ai vus ? Même pour 5 minutes ? Impossible de me souvenir, ça commence à m’inquiéter, je n’ai pas abusé à ce point de la Heineken, non ? Dommage en tout cas, ils avaient le nom le plus cool de tout le festival.
Et The Long Blondes, à 3h00 ? Des filles. Elles, c’est sûr, je les ai ratées, ce n’est pas mon genre d’oublier les filles qui se trémoussent sur scène.
Hé, vous saviez que The Books avait réalisé l’habillage sonore des ascenseurs du Ministère de la Culture, à Paris ? Moi non plus. Mais imaginez ce que cela implique :
- un, si j’avais su ça hier soir, je me serais muni de projectiles divers pour aller leur balancer dessus.
- deux, je me demande quelle musique est diffusée dans les ascenseurs de nos différents ministères ? A l’Intérieur, Doc Gynéco (facile, celui-là), sans doute Cheb Mami aux Affaires Etrangères et John Lennon à la Défense, et pourquoi pas Gary Glitter à la Protection de l’Enfance ? Si vous avez des infos, n’hésitez pas à me faire signe.
Petite devinette : lorsque vous êtes un jeune trentenaire, à quoi ressemble un apéro avec de vieilles copines de fac ?
A une visite à la crèche.
Je passerai mon brevet de puéricultrice une autre fois, le bus m’attend pour m’emmener au Parc des Expos. Ce coup-ci j’ai eu le temps d’étudier le programme : il faudra éviter à tout prix DAM, le premier groupe de rap palestinien. Il paraît qu’ils jettent des cailloux sur le public.
Comme il se doit, la navette est bondée, bruyante, et saoule. Des lycéens euphoriques boivent du pinard à tour de rôle directement à la poche d’un cubi dont ils ont viré le carton. J’admire leur ingéniosité et je m’en veux de ne pas avoir prévu une ou deux bières dans mes poches pour trinquer avec toute la compagnie et faire passer le trajet jusqu’aux hangars.
A l’entrée, on nous distribue les mêmes tracts qu’hier, on nous « fouille » de nouveau de fond en comble, et le rituel, désormais bien intégré, se poursuit avec le passage obligé au stand des tickets de boisson. La queue est impressionnante, c’est l’heure de pointe. Au moins ça me laisse le temps d’évaluer avec précision mes besoins pour la soirée : repartir de là avec des tickets non utilisés pourrait me laisser un goût amer.
J’avais des doutes sur la programmation du hall 9, je suis servi avec Aufgang, trio luxembourgeois à la prétention risible et à la nullité affligeante, deux pianos qui se font face surmontés d’un sampler pour un groupe qui « redouble d’audace dans des compositions improvisées » (sic). Du pur foutage de gueule.
Mieux vaut vite fait retourner à la buvette du hall 4 où plein d’amis m’attendent, essentiellement des survivants de la nuit dernière. « Hé, où est passée ta casquette ? » Oui, il y a aussi des gros lourds parmi mes nouveaux potes.
Quand je demande à d’autres comment ça va, ces types que j’ai rencontrés pour la première fois hier rajoutent à l’inévitable « Bien, et toi ? » un « Dis donc, t’étais pas un peu fatigué, toi , hier soir ? », avec un sourire entendu.
Merde. Moi qui pensais que ça ne c’était pas vu.
Direction le petit hall 3 pour le concert le plus attendu du soir : CSS, cinq brésiliennes et un moustachu dont le disco-punk bénéficie d’un certaine hype chez les branchés. Verdict : un désastre. Pour paraphraser La Fontaine, je dirai que leur ramage se rapporte à leur plumage : tape-à-l’œil, vulgaire, et informe. Les coupes de cheveux évoquent clairement les Mötley Crüe version 87 après 15 jours de débauche au Japon sur le Girls Girls Girls Tour, mais ça rend très mal sur ces demoiselles qui parviennent à ruiner ma théorie sur les filles de moins de 25 ans en cinq minutes de concert. J’en ai le souffle coupé.
Pour être tout à fait honnête, je dois dire qu’on a tout de même vécu un bon moment avant l’arrivée de ces pouffiasses, quand le DJ de service a enchaîné 3 classiques imparables. Allez, je suis sympa, si vous avez prévu d’organiser une surprise-party pendant les fêtes, voilà de quoi faire danser les filles à tous les coups : « Rocks » de Primal Scream, « Girls and Boys » de Blur et « Lust for Life » d’Iggy Pop (voire le plagiat « Are you gonna be my girl ? » de Jet, ça marche aussi). Vous me remercierez plus tard.
J’en discute justement avec une vieille copine de fac (encore une, vous allez finir par croire que j’ai fait une école de secrétariat : mais non) qui a l’air tellement heureuse de me voir. Sans doute un peu ivre, donc. Elle me demande pourquoi je ne suis pas accompagné d’une fiancée, je lui explique la situation, et elle s’offusque : « Arrête, tu vas pas me dire qu’avec ta belle gueule tu peux pas en trouver une quand tu veux ! » Youpi, mon ticket d’entrée vient d’être rentabilisé.
Pas de concert dans le hall 9, seulement un DJ, quelques lumières, de la techno et des gens qui dansent. Je commence à saisir le concept de cette soirée du samedi : une rave payante, sans boue et avec un peu moins de drogues. Deux visions de la soirée dansante entre amis s’affrontent donc à quelques kilomètres de distance. D’un côté les toxicos dans leur champ de bataille détrempé, de l’autre les bourgeois dans leurs hangars. Il faut choisir son camp. Quasiment un sujet de thèse.
On finit par en avoir assez et on file au concert de Kaiser Chiefs, dont le seul fait marquant se produit lorsque le chanteur salue la foule d’un « Bonsoir Paris ! » Huées générales et bien méritées. Pour le reste, ces garçons sont très bruyants, très remuants, mais où veulent-ils en venir avec ces chansons qui n’en finissent pas ? Je cherche encore.
Dès lors, il faut bien le dire, la soirée va se poursuivre quelque peu en roue libre. Entre slalom parmi la foule, discussions stériles près des buvettes, longue attente pour un hot-dog (petit exercice : sachant que la préposée aux saucisses criait très exactement toutes les 5 minutes « Pour information, je ne fais que les hot-dogs ! Les galettes c’est à côté ! » et que je l’ai entendu crier 4 fois, calculez le temps que j’ai passé dans la queue), détour potentiellement traumatisant par la prestation de Justice (techno hardcore à base de bpm élevés avec une croix lumineuse et emphatique en guise de décor de messe noire. J’aurais dû aller écouter les versions reggae de Radiohead par Easy Star All-Stars), nombreuses collisions, taux de jolies filles en chute libre par rapport à vendredi, et enfin bières renversées parce que j’ai voulu être (trop) serviable. Epuisant.
Ma décision est prise, je rentre.
En guise d’adieu à Rennes et à son festival, je balance mon gobelet à moitié plein à la poubelle, juste avant de sortir.
Tout un symbole.
Je pourrais prétendre que ce sont les échos de la rave qui me réveillent, mais je ne voudrais pas non plus accuser ces abrutis de tous les maux. Disons simplement que c’est un drôle de bruit de fond pour démarrer la journée, spécialement quand on a besoin de se remettre les idées en place. A propos, qu’est-ce que je vais faire de mon après-midi ?
Je me décide rapidement pour une promenade (on sous-estime l’importance de l’oxygénation au cours des week-ends difficiles) qui très vite se résume à un jeu perdu d’avance : « Comment éviter les rues et les trottoirs surchargés de piétons ? » Juste une question : y a-t-il une loi qui oblige toute la population rennaise à faire ses courses de Noël en centre-ville le samedi 15 jours avant la date fatidique ? Sérieusement ?
Mon ratio sandwich par repas est à présent de 4/4, série en cours, mais il me faut encore satisfaire un autre besoin vital : Internet. Dès mon retour de marche je me connecte sans raison particulière, zéro message, la routine, et soudain l’illumination : le Stade Brestois jouait hier soir ! Après un léger cafouillage, sans doute causé par la panique, le résultat s’affiche, implacable : Brest-Tours 1-1. Et vous vous demandez pourquoi j’ai éprouvé ce week-end le besoin de m’évader du climat pesant qui règne sur ma ville natale.
Encore sous le choc, j’ai ensuite la mauvaise idée de rédiger un court article pour ce site, qui s’avérera, sans surprise, être le pire de ma carrière de blogueur, avec en point d’orgue des pronostics tellement mauvais qu’ils me donneront envie de remonter le temps pour, ô scandale, les modifier après coup. Comme quoi ma clairvoyance habituelle est tout sauf due au hasard.
Je dois maintenant patienter jusqu’à l’apéro, l’occasion pour moi de faire le bilan de la soirée : de la bière, de la foule, et pas mal de concerts. Je reprends le programme officiel. Qu’est-ce que c’est que ce truc, Cold War Kids, de 1h00 à 1h50 dans le hall 3 ? Est-ce que je les ai vus ? Même pour 5 minutes ? Impossible de me souvenir, ça commence à m’inquiéter, je n’ai pas abusé à ce point de la Heineken, non ? Dommage en tout cas, ils avaient le nom le plus cool de tout le festival.
Et The Long Blondes, à 3h00 ? Des filles. Elles, c’est sûr, je les ai ratées, ce n’est pas mon genre d’oublier les filles qui se trémoussent sur scène.
Hé, vous saviez que The Books avait réalisé l’habillage sonore des ascenseurs du Ministère de la Culture, à Paris ? Moi non plus. Mais imaginez ce que cela implique :
- un, si j’avais su ça hier soir, je me serais muni de projectiles divers pour aller leur balancer dessus.
- deux, je me demande quelle musique est diffusée dans les ascenseurs de nos différents ministères ? A l’Intérieur, Doc Gynéco (facile, celui-là), sans doute Cheb Mami aux Affaires Etrangères et John Lennon à la Défense, et pourquoi pas Gary Glitter à la Protection de l’Enfance ? Si vous avez des infos, n’hésitez pas à me faire signe.
Petite devinette : lorsque vous êtes un jeune trentenaire, à quoi ressemble un apéro avec de vieilles copines de fac ?
A une visite à la crèche.
Je passerai mon brevet de puéricultrice une autre fois, le bus m’attend pour m’emmener au Parc des Expos. Ce coup-ci j’ai eu le temps d’étudier le programme : il faudra éviter à tout prix DAM, le premier groupe de rap palestinien. Il paraît qu’ils jettent des cailloux sur le public.
Comme il se doit, la navette est bondée, bruyante, et saoule. Des lycéens euphoriques boivent du pinard à tour de rôle directement à la poche d’un cubi dont ils ont viré le carton. J’admire leur ingéniosité et je m’en veux de ne pas avoir prévu une ou deux bières dans mes poches pour trinquer avec toute la compagnie et faire passer le trajet jusqu’aux hangars.
A l’entrée, on nous distribue les mêmes tracts qu’hier, on nous « fouille » de nouveau de fond en comble, et le rituel, désormais bien intégré, se poursuit avec le passage obligé au stand des tickets de boisson. La queue est impressionnante, c’est l’heure de pointe. Au moins ça me laisse le temps d’évaluer avec précision mes besoins pour la soirée : repartir de là avec des tickets non utilisés pourrait me laisser un goût amer.
J’avais des doutes sur la programmation du hall 9, je suis servi avec Aufgang, trio luxembourgeois à la prétention risible et à la nullité affligeante, deux pianos qui se font face surmontés d’un sampler pour un groupe qui « redouble d’audace dans des compositions improvisées » (sic). Du pur foutage de gueule.
Mieux vaut vite fait retourner à la buvette du hall 4 où plein d’amis m’attendent, essentiellement des survivants de la nuit dernière. « Hé, où est passée ta casquette ? » Oui, il y a aussi des gros lourds parmi mes nouveaux potes.
Quand je demande à d’autres comment ça va, ces types que j’ai rencontrés pour la première fois hier rajoutent à l’inévitable « Bien, et toi ? » un « Dis donc, t’étais pas un peu fatigué, toi , hier soir ? », avec un sourire entendu.
Merde. Moi qui pensais que ça ne c’était pas vu.
Direction le petit hall 3 pour le concert le plus attendu du soir : CSS, cinq brésiliennes et un moustachu dont le disco-punk bénéficie d’un certaine hype chez les branchés. Verdict : un désastre. Pour paraphraser La Fontaine, je dirai que leur ramage se rapporte à leur plumage : tape-à-l’œil, vulgaire, et informe. Les coupes de cheveux évoquent clairement les Mötley Crüe version 87 après 15 jours de débauche au Japon sur le Girls Girls Girls Tour, mais ça rend très mal sur ces demoiselles qui parviennent à ruiner ma théorie sur les filles de moins de 25 ans en cinq minutes de concert. J’en ai le souffle coupé.
Pour être tout à fait honnête, je dois dire qu’on a tout de même vécu un bon moment avant l’arrivée de ces pouffiasses, quand le DJ de service a enchaîné 3 classiques imparables. Allez, je suis sympa, si vous avez prévu d’organiser une surprise-party pendant les fêtes, voilà de quoi faire danser les filles à tous les coups : « Rocks » de Primal Scream, « Girls and Boys » de Blur et « Lust for Life » d’Iggy Pop (voire le plagiat « Are you gonna be my girl ? » de Jet, ça marche aussi). Vous me remercierez plus tard.
J’en discute justement avec une vieille copine de fac (encore une, vous allez finir par croire que j’ai fait une école de secrétariat : mais non) qui a l’air tellement heureuse de me voir. Sans doute un peu ivre, donc. Elle me demande pourquoi je ne suis pas accompagné d’une fiancée, je lui explique la situation, et elle s’offusque : « Arrête, tu vas pas me dire qu’avec ta belle gueule tu peux pas en trouver une quand tu veux ! » Youpi, mon ticket d’entrée vient d’être rentabilisé.
Pas de concert dans le hall 9, seulement un DJ, quelques lumières, de la techno et des gens qui dansent. Je commence à saisir le concept de cette soirée du samedi : une rave payante, sans boue et avec un peu moins de drogues. Deux visions de la soirée dansante entre amis s’affrontent donc à quelques kilomètres de distance. D’un côté les toxicos dans leur champ de bataille détrempé, de l’autre les bourgeois dans leurs hangars. Il faut choisir son camp. Quasiment un sujet de thèse.
On finit par en avoir assez et on file au concert de Kaiser Chiefs, dont le seul fait marquant se produit lorsque le chanteur salue la foule d’un « Bonsoir Paris ! » Huées générales et bien méritées. Pour le reste, ces garçons sont très bruyants, très remuants, mais où veulent-ils en venir avec ces chansons qui n’en finissent pas ? Je cherche encore.
Dès lors, il faut bien le dire, la soirée va se poursuivre quelque peu en roue libre. Entre slalom parmi la foule, discussions stériles près des buvettes, longue attente pour un hot-dog (petit exercice : sachant que la préposée aux saucisses criait très exactement toutes les 5 minutes « Pour information, je ne fais que les hot-dogs ! Les galettes c’est à côté ! » et que je l’ai entendu crier 4 fois, calculez le temps que j’ai passé dans la queue), détour potentiellement traumatisant par la prestation de Justice (techno hardcore à base de bpm élevés avec une croix lumineuse et emphatique en guise de décor de messe noire. J’aurais dû aller écouter les versions reggae de Radiohead par Easy Star All-Stars), nombreuses collisions, taux de jolies filles en chute libre par rapport à vendredi, et enfin bières renversées parce que j’ai voulu être (trop) serviable. Epuisant.
Ma décision est prise, je rentre.
En guise d’adieu à Rennes et à son festival, je balance mon gobelet à moitié plein à la poubelle, juste avant de sortir.
Tout un symbole.
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