29 mai 2006

Vous vous foutez de moi? n°2

Mes rendez-vous manqués du week-end:

1er épisode: Samedi soir, 30ème minute de France-Mexique, Zidane vient de perdre, sous les ovations du public, son énième ballon. C'est l'instant que choisit Gilardi pour se demander tout haut: "Est-ce que l'émotion ne serait pas en train de jouer des tours à Zinedine?"
Je l'admets, j'ai éclaté de rire.
A la mi-temps, par contre, j'ai dû abandonner ma télé, sentant que j'allais échouer si je devais passer une fois de plus le test de maîtrise de soi proposé à la fin de mon post spécial Gilardi.
C'est une décision que j'ai regrettée, car elle m'a privé des sifflets en direct du Stade de France et de la réaction du duo Larqué-Gilardi (non, ce n'est pas de l'acharnement).
Les Bleurks, soi-disant scandalisés, ont ensuite joué les pleureuses un peu partout dans les media, j'ai presque eu honte pour eux.
Mais qu'on ne s'y trompe pas. A travers Dhorasoo et Barthez, c'est avant tout Domenech que le public siffle. Raymond a finalement de bonnes raisons d'être à ce point obsédé par le 9 juillet. Car seule la présence de l'Equipe de France en finale pourrait désormais l'empêcher d'entrer dans l'histoire comme le sélectionneur le plus méprisé par le public et la presse. Ce qui ne serait qu'un juste retour des choses.

2ème épisode: Occupé à je ne sais quoi, je rate le deuxième Téléfoot historique en 15 jours. Après l'annonce de la liste et le pétage de plomb de Domenech, il se serait produit hier matin une altercation verbale entre Gilardi et Raymond au sujet d'un reportage peu flatteur (?!?!?!) sur le stage des Bleurks à Tignes. Téléfoot qui critique l'Equipe de France? TF1 fâché après Domenech? Gilardi aux prises avec un invité?
Et je rate ça?
Vous vous foutez de moi.

L'usure du pneu avant-gauche

Idéal pour la sieste du dimanche après-midi: le Grand Prix de Formule 1!
Selon les sources, TF1 paierait 25M d'euros par an pour la F1, soit beaucoup plus cher que pour une intégrale de Derrick, dont les vertus soporifiques ne sont plus à démontrer, et qui offrirait à peu près autant de suspense que vingt voitures tournant pendant deux heures sur un circuit.
Les audiences sont bonnes, nous dit-on. Peut-être, mais c'est parce qu'après avoir suivi le départ de la course dans l'espoir qu'une voiture s'empale dans une autre, la plupart des téléspectateurs s'endorment profondément sans avoir eu le temps d'atteindre la télécommande. Les conséquences sont minimes: au réveil, la course est finie, et si l'on se demande ce que l'on a manqué, la réponse est simple: rien. 99 fois sur 100, la voiture en tête au premier virage l'est aussi à l'arrivée.
Pourtant, pendant la sieste, pas moins de quatre commentateurs tentent de faire vibrer les foules au spectacle de bolides dont on change les roues. Et quatre, c'est effectivement le minimum quand il faut trouver quelque chose à dire entre chaque passage au stand.
Et cela donne à peu près ceci:
"Alonso a repris trois centièmes à Raikonnen dans le premier secteur! - Il faut savoir que les prises d'air sur la Ferrari ont été modifiées après les essais. - Encore un tour, peut-être deux avant le ravitaillement pour Schumacher. - Les pneus Michelin sont un peu plus durs que les Bridgestone. - Les ingénieurs de chez Honda ont beaucoup travaillé sur la puissance du moteur cette semaine. - Regardez comme le pneu avant-gauche de Montoya est usé! - Alonso a demandé au stand que l'on modifie l'inclinaison de son aileron avant de quelques millimètres. - C'est toujours délicat de dépasser les attardés. - A 5 tours de l'arrivée, Alonso a course gagnée!"
Au fond, ils ont beaucoup de mérite. Quand l'immense majorité du public ne rêve que de dépassements à répétition et SURTOUT d'accidents spectaculaires, il faut le tenir en haleine avec des centièmes de secondes et des pneus qui s'usent plus vite que d'autres.
Ne reste donc que la vieille ficelle: réveiller les ardeurs patriotiques, faire marcher à fond le bon vieux chauvinisme.
Hélas, là encore, faute de pilote français digne de ce nom, il faut se rabattre sur Renault (ou pire encore: Michelin. Allez les pneus?), et louer à longueur de Grand Prix le "formidable travail des ingénieurs Renault", la "fiabilité du moteur Renault" ou la "capacité de Renault à réaliser les ajustements nécessaires".
Mais, s'il y a de quoi rester pantois face à la célébration ininterrompue d'une marque de bagnole par les commentateurs, ce sont ces énigmes encore irrésolues qui font peur : Existe-t-il des supporters de Renault? Des fans de Renault? Peut-on imaginer des amoureux de la "marque au losange" regardant le Grand Prix avec une écharpe jaune et bleue autour du cou? Au lendemain d'une victoire, ces types-là sont-ils fiers d'aller au boulot en Mégane ou de conduire les enfants à l'école en Scenic?
Je préfère rester dans l'ignorance.

25 mai 2006

Virez-le ! n°1

Thierry Gilardi (pas de photo en lien dans ce post: je n'ai pas pu en trouver une seule où il ne souriait pas) est un héros du "journalisme" sportif français.
Il est au sommet de la pyramide du commentaire: c'est lui qui fait vibrer le pays lors des matches de L'Equipe de France (le fond du gouffre en ce domaine pourrait bien être commenter un seizième de finale de la coupe de la Ligue sur France 3, à Guingamp, un 18 novembre).
Et si Gilardi est le mieux payé de toute la confrérie, c'est tout simplement parce qu'il est le meilleur.
Notez que je dis cela sans ironie aucune.
Gilardi sait comme personne s'enthousiasmer pour un contrôle de Zidane ou un crochet d'Henry. Il sait également prononcer le nom de chaque joueur, même du plus insignifiant (écoutez-le s'enflammer à chaque touche de balle d'"Abidal!"), avec une jubilation qui se communique à tous les téléspectateurs. Il voit toujours le bon côté des choses, a l'éclat de rire facile et entraînant, et son bon sens n'est jamais pris en défaut.
Ajoutez à cela un chauvinisme de bon aloi (dans le respect de l'adversaire, c'est entendu) et vous avez là un homme maîtrisant son art à la perfection, un rêve de président de chaîne, une machine à s'écrier, au cas où, on ne sait jamais : "But pour L'Equipe de France ! Quel but de Thierry Henry ! Ex-cep-tio-nnel!"

Et vous vous demandez encore pourquoi je ne le supporte plus?
A ses débuts sur Canal, Gilardi formait avec Charles Biétry - juste un mot pour regretter une fois de plus la retraite du grand Charles, dont la connaissance interne du jeu et les intuitions psychologiques fulgurantes ne seront jamais remplacées - un duo infernal, inégalé à ce jour, l'alliance du feu et de la glace, de l'exubérance et de l'analyse technique. Il fallait les entendre commenter un match du Marseille de la "grande" époque, les entendre se prosterner aux pieds de Tapie et de ses hommes... Mon Dieu, c'était à se tirer une balle.
C'est là que Gilardi est devenu, par opposition à Thierry Roland le beauf, le prototype du commentateur sympa, bon esprit et volubile.
Postillonnant à tout va, que ce soit dans un stade ou sur le plateau de Téléfoot, intarissable dès qu'il s'agit de donner du "président" à un Tapie, un Aulas ou même un Simonet, déférent en interview au point que même les "Champions Du Monde!" (il n'aura jamais manqué UNE SEULE occasion de le rappeler) au sommet de leur gloire ont dû se dire qu'il en faisait trop, Gilardi a fait de la flatterie à l'égard des puissants une pratique jouissive et quotidienne. Il ne sert pas la soupe à ses invités, il la verse directement dans leur bouche avec un entonnoir.
Pourtant ce n'est pas le pire.
Car Gilardi a fait école.
S'il n'était qu'un cas isolé, il suffirait de couper le son pendant ses matches à lui.
Mais aujourd'hui ce sont TOUS les matches qui sont pollués par le gilardisme.
Les ravages causés chez Canal+ par cette maladie sont indescriptibles. Tant de jeunes commentateurs ont appris leur métier en suivant LE modèle de la chaîne, tous ces Margotton, Balbir, Guy, Berger et les autres qui sont devenus les parfaits clones de Gilardi, chacun désormais parfaitement capable de pourrir à lui tout seul un Lille-Nice (Pardon? Pas besoin de commentateur pour pourrir un Lille-Nice? Qu'est-ce que vous voulez dire?...)
Je préférerais aussi oublier le Christophe Josse de la "formidable aventure messine" (Metz avait atteint les 8èmes de la coupe UEFA), qui a ensuite quitté Canal pour contaminer successivement TF1, France 2 et 3, et désormais M6.
Quant à Christian Jeanpierre, le malheureux n'avait sans doute besoin de personne pour lécher des bottes.
Voilà où nous en sommes. Aujourd'hui si vous voulez regarder du foot à la télé, vous êtes coincé. Quelle que soit la chaîne, un petit Gilardi baveux vous attend.
Thierry Roland NE PEUT PAS prendre sa retraite.

PS: un bon moyen pour tester sa maîtrise de soi: écouter Gilardi jubiler en prononçant "Zinedine Zidane!" et tenter de réprimer une envie de meurtre.

23 mai 2006

Mes 9 plus grands bonheurs en Bleu

L'avant Coupe du Monde, propice aux espoirs les plus fous, est également le temps du souvenir. Et si la vie de supporter peut être aussi belle, c'est d'abord et avant tout parce que l'on sait oublier les épreuves pour ne garder que le meilleur.
Voici donc, en 9 dates et 9 matches (presque tous) historiques, l'anthologie de ma vie en Bleu-Blanc-Rouge.
NB : sachez que, contrairement à Domenech, qui n'a que le "9 juillet" à la bouche (les astres seraient-ils favorables?), je ne suis pas un obsédé des dates. J'ai donc dû passer par des recherches fastidieuses sur l'ignoble site de la fff (allez y jeter un oeil et posez-vous la question: que font-ils de leur pognon?) pour vous présenter ce qui va suivre.

1. France-Danemark (0-2), le 11 juin 2006, Munhak Stadium, Incheon, Corée du Sud.
Pas simplement le meilleur moment de l'histoire de l'Equipe de France, ni même de l'histoire du football: c'est au cours de ce match que ce sont déroulées les 15 meilleures minutes de l'histoire du sport mondial. Et de loin.
Pourrons-nous un jour savourer à nouveau la béatitude absolue de ce dernier quart d'heure, alors que nous savions que tout était fini, qu'enfin nous étions vengés de quatre ans d'infâmies sur le terrain, et de bien pire encore en dehors? Il faut espérer que non.
Les vieilles idoles abattues et foulées au pied. L'imposture enfin révélée. La catastrophe médiatique. Pascal Praud:"La France est la plus mauvaise équipe de cette Coupe du Monde!"
En ce 11 juin 2002, à 10h du matin, le rêve était devenu réalité.


2. France-Sénégal (0-1), le 31 mai 2002, Seoul World Cup Stadium, Séoul, Corée du Sud.
En parlant de rêve, souvenez-vous: décembre 2001 (oui, je sais, c'est un gros effort de mémoire), tirage au sort de la Coupe du Monde: "Ah c'est formidable pour nos amis sénégalais, jouer le match d'ouverture (et se prendre 3-0) contre la France, c'est vraiment le tirage de rêve!" Tu l'as dit.
Aucun effort à faire, en revanche, pour se souvenir de l'atmosphère de 2002. Les pubs, les affiches, les deux étoiles sur le maillot Adidas, les déclarations de joueur comme :"Le plus grand adversaire de la France, c'est la France." La route de la finale était grande ouverte aux Bleurks, à moins que l'Argentine, les seuls à être au niveau, ne leur pose quelques problèmes en huitièmes de finale. Le franco-argentin Trézéguet attendait ça avec impatience.
Le Sénégal? Sympa, pour une ouverture. Tous les Camara auraient droit à un autographe, promis.
L'après-midi du match, je travaillais. Honnêtement, je n'avais pas chercher à me libérer, préférant éviter le massacre et apprendre le score (combien? 3? 4?) en rentrant. Car j'avais tout un plan pour l'Equipe de France: en regarder le moins possible afin d'éviter certains désagréments comme l'ulcère duodénal, la crise de tachycardie, le fracassage de crâne contre les murs et l'infarctus du myocarde.
Seulement, j'ai voulu connaître le score à la mi-temps, ce que j'ai regretté immédiatement: comme si j'avais besoin de faux espoirs...
45 atroces minutes plus tard, avec flash info toutes les dix minutes et d'intolérables arrêts de jeu, l'arbitre siffle et c'est trop beau pour être vrai. Réellement. Car les Bleurks, évidemment, vont se reprendre...

3. France-Grèce (0-1), le 25 juin 2004, Stade Jose Alvalade, Lisbonne, Portugal.
Mais c'est qu'ils ont failli me faire peur !
Après 2 matches, les Bleurks auraient dû se retrouver avec 0 points et rentrer à la maison, mais quelques miracles dignes des pires soirées de l'Euro 2000 les ont portés en quarts de finale, où, autre miracle, ils vont affronter les grecs.
Comment ne pas se dire alors ça y est, c'est reparti...
Mais on ne peut pas gagner à chaque fois après des come-backs improbables et des toiles monumentales de l'adversaire, surtout lorsque le jeu produit est d'une telle nullité. Les grecs marquent une fois, c'est plus que suffisant, et c'est la fin (que l'on croit) de Zidane, Thuram, etc.
C'est aussi le moment de méditer ce que disait le grand Charles Biétry avant le match d'ouverture, Portugal-Grèce: "Vous savez que j'ai pu suivre le dernier entraînement de l'Equipe de France, et je peux vous dire que ce que j'ai vu était ab-so-lu-ment ex-tra-or-di-nai-re. Il ne m'étonnerait vraiment pas que cette équipe aille très très loin dans cet Euro. Les grecs, je les ai vu aussi, c'était pas tout à fait pareil, mais eux on sait déjà qu'ils n'iront pas très loin..."
Tu nous manques, Charles.

4. France-Danemark (1-2), le 17 juin 1992, Malmö Stadium, Malmö, Suède.
Vous l'avez compris, j'aime le Danemark.
Et pas seulement parce que c'est le pays qui a donné naissance à Lars Ulrich.
Les Bleurks de l'époque étant à 90% marseillais ou ex-marseillais, il auraient tout aussi bien pu se présenter sur le terrain avec un maillot ciel et blanc.
Pas besoin d'en rajouter, en pleine période Tapie, pour détester cette équipe, qui de plus vient de livrer l'un des matches les plus fermé, violent et mauvais que j'aie pu voir, contre l'Angleterre (0-0).
En route vers la qualification pour les demis-finales grâce au troisième nul consécutif qui se profile, les Bleurks sont débordés sur l'aile droite et encaissent un but par Elstrup (78ème, vive les danois). Ils ne reviendront plus.
Je peux exulter.
Marseille est éliminé.

5. France-RFA (0-2), le 25 juin 1986, Stade Jalisco, Guadalajara, Mexique.
Ils avaient éliminé mes chouchous (le Brésil), j'avais 12 ans et la rancune tenace.
Tandis que les media réclament la revanche tant attendue, 4 ans après Séville, je deviens supporter de Rudi Völler et de sa moustache, la France rate totalement son match, Platini ne sera jamais champion du monde.
Il faudra attendre six ans avant de s'exciter pour un match des Bleurks.
Parenthèse: êtes-vous récemment tombés sur des images du fameux quart de finale contre le Brésil, célébré à l'époque comme "un des plus grands matches de l'histoire"? Et bien, ça vaut le coup. On croirait voir un autre sport: le jeu va à 2 à l'heure, les joueurs se font des passes en marchant, il n'y a aucun pressing, et chaque accélération est si rare qu'elle déstabilise toute la défense. Moralité, je crains que si on organisait, au hasard, un En-Avant Guingamp 2006/Brésil 1986, ce serait un massacre. Socrates ne toucherait même pas la balle.

6. Islande-France (1-1), le 5 septembre 1998, Laugardalsvöllur, Reykjavik, Islande.
Celui-là, tout le monde l'a oublié, mais comprenez-moi: après l'été que nous venions de vivre, voir les Sauveurs De La France, Modèles De L'Intégration, Rassembleurs De Tout Un Peuple, p... de "Champions Du Monde!" tenu en échec par une pitoyable équipe islandaise, c'était pour moi l'instant le plus proche du bonheur depuis bien longtemps.
On se console comme on peut.

7. France-Belgique (1-2), le 18 mai 2002, Stade de France, St Denis.
C'était le soir où la France devait dire au revoir à ses "Champions Du Monde!", et leur souhaiter, des larmes dans les yeux, bonne chance.
L'avion qui allait les emmener en Corée, eux et les espoirs de tout un pays, décollait le lendemain.
Une belle cérémonie était prévue à la fin du match, avec des enfants par centaines sur la pelouse, formant un grand coeur rouge symbolisant l'amour de tout un peuple pour ses héros, et une remise du drapeau national au Capitaine par un jeune footballeur tremblant d'admiration.
C'était le sort de la Patrie, mes chers compatriotes, qui allait se jouer en Orient.
Manque de chance, après une partie minable de plus, Marc Wilmots expédie dans les arrêts de jeu une frappe en lucarne que n'aurait pas reniée Kostadinov.
La fête est gâchée, et Desailly, véxé, refuse d'assister à la cérémonie d'après-match.
C'est donc finalement à Leboeuf (!) que seront remis drapeau et fierté nationale.
Cette Coupe du Monde partait bien.

8. Corée du Sud-France (2-3), le 26 mai 2002, Suwon, Corée du Sud.
Elle partait tellement bien que, une semaine plus tard, les Bleurks se sentent obligés de livrer une féroce bataille face à des coréens déchaînés, et ce à 5 jours (5!) du début de leur second parcours victorieux consécutif en Coupe du Monde.
Résultat, Zidane se blesse, la France est à genoux et les media paniquent.
Quelque part dans ma tête, encore bien caché, un fol espoir commence à naître.

9. France-Azerbaïdjan (10-0), le 6 septembre 1995, Stade Abbé-Deschamps, Auxerre.
Je ne suis pas qu'un connard aigri. Je peut me réjouir d'autre chose que du malheur des autres.
En l'occurence d'une soirée copieusement arrosée à regarder Leboeuf marquer des reprises de volées en talonnade, voir un entraîneur remplacer son gardien parce qu'il a pris 3 buts en une demie-heure, uniquement pour que l'autre puisse en prendre 7. Franchement, ce soir-là, c'était "Allez les Bleus!".
Vous voyez bien que je suis un type normal.

17 mai 2006

Tony P. est dans la place

Ce sont des chaussures qui ont importé la NBA en France.
Au début des années 90, Nike vend des millions de "Air Jordan", et soudain les français se mettent à se demander: "Mais qui c'est ce Jordan?" Un basketteur. Un bon? Plutôt pas mal.
Oh, bien sûr, ça n'est pas précisément un raz-de-marée, mais entre Canal+ et les magazines spécialisés, la NBA devient à cette époque enfin accessible pour les amateurs d'un sport vraiment professionnel, parfaitement organisé, spectaculaire et plein de stars aux noms qui sonnent bien, comme Kevin Johnson.
C'est alors que vint la Dream Team, balayant tout sur son passage aux J.O. de 92 et révélant au monde que le basket pouvait être marrant à regarder.
L'apprentissage n'en reste pas moins difficile, temoin Bernard Père(RIP) qui, chargé on ne sait trop pourquoi par France 2 de commenter la plus grande attraction des jeux (ils devaient croire que c'était le fleuret féminin par équipe), appelera Clyde Drexler "Dexter" et Charles Barkley "Bradley" pendant toute une partie. Ses fiches "canoë bi-place" étaient sans doute plus à jour.
La vogue du "basket américain" culminera ensuite avec la première retraite de Jordan en 93 (journal de 20h sur TF1), pour s'arrêter presque aussitôt après (rien ou presque sur son retour triomphal en 95).
C'est que, voyez-vous, l'Amérique c'est loin, et puis, où étaient les français? Pas de héros tricolore à célébrer, pas de "basket américain". Abonnez-vous à Canal+ (déjà fait).
Et le premier français est arrivé. Le 11 novembre 97.
Tony P. ? Pas du tout.
C'est l'apostat Olivier Saint-Jean, alias Tariq Abdul-Wahad, qui ce jour-là est devenu avec les Kings de Sacramento le premier français à jamais fouler un parquet de NBA.
Las, un sale caractère, des transferts multiples, un jeu peu attractif, un contrat inique qui le rendra riche mais aussi intransférable, une blessure interminable et des déclarations aussi intelligentes que celles qu'il fera en faveur du port du voile à l'école (ah, ces convertis...) auront rapidement raison du tout petit début d'engouement pour ce joueur. (pour info, Olivier/Tariq n'a pas joué un match de basket depuis 3 ans. Il a 31 ans.)
Pendant ce temps, en France, l'interêt pour la NBA n'en finit plus de chuter, Jordan est parti pour de bon(enfin, c'est ce qu'on croyait), la saison 99 est pourrie par le lock-out et le nouveau maître de la ligue s'appelle Shaq (très marrant, sauf quand il joue.)
Canal a-t-il douté? Je parie que oui. Jordan leur a sauvé la mise en revenant une fois de plus (je crois me souvenir que Washington était programmé toutes les semaines, à l'époque), mais ils avaient vraiment besoin de renouveller leur public.
Et qui aurait misé sur Tony P. ?
Quand San Antonio le drafte en 2001 (28ème, un coup de génie) à seulement 19 ans, tout le monde croie qu'il va végéter encore un an ou deux en France pour "mûrir", avant d'éventuellement franchir l'Atlantique.
Mais Tony va exploser tout de suite, devenir "le plus jeune joueur à avoir jamais" dans d'innombrables catégories statistiques, gagner deux titres de champion, signer un énorme contrat (66 millions $ sur 6 ans), aller au All-Star Game, sortir un album de rap (je ne suis pas assez connaisseur pour juger de la qualité de son flow), et surtout larguer sa vieille copine moche pour s'afficher au bras d'une des actrices les plus chaudes de la télé américaine. Le tout en cinq saisons.
Et vous connaissez le plus beau?
Malgré son patronyme, son père américain, sa mère hollandaise et sa naissance en Belgique, Tony P. est français!
Les media ne mettront pas trop de temps à s'en rendre compte, Canal en premier, bien sûr, mais aussi la radio, les journaux, et même Stade 2 (il faut entendre Gérard Holtz prononcer "San Antonio Spurs").
Soudain, on redécouvre la NBA, mais avec un plaisir infiniment supérieur à celui que l'on pouvait prendre du temps où Jordan enchaînait les actions de légende : le plaisir d'être chauvin.
Quel bonheur de pouvoir annoncer que ce sont les "Spurs de Tony Parker" qui sont champions ! (entre nous, avoir été drafté par les Spurs est une des raisons majeures pour lesquelles la vie de Tony P. est si belle : drafté par Toronto ou Golden State, qui sait s'il n'aurait pas fini comme un vulgaire Jérôme Moïso ? Non, peut-être pas quand même.)
Ne rien connaître au "basket américain" ne sera évidemment pas un obstacle pour tous les journalistes qui vont se jeter sur le phénomène. Les quoi? Les "demi-finales de Conférence Ouest"? Au quoi ? "Au meilleur des sept matches"? Et Tony Parker, il a gagné?
Amis lecteurs, vous qui avez lu mes posts sur le foot, vous subodorez sans doute la suite: il n'a écrit tout ça que pour dire qu'il le déteste.
Je ne vais pas vous mentir. J'ai été tenté.
Pendant les dernières finales, par exemple, j'avais clairement choisi mon camp: Detroit plutôt que San Antonio. En partie à cause de Tony P.
C'est qu'il était à deux doigts pour moi d'atteindre le "statut Thierry Henry", le stade où un sportif trop doué et trop victorieux devient à ce point adulé par la presse que je me mets à le détester de tout mon coeur (quand le joueur adulé n'est même pas talentueux, il atteint le "statut Didier Deschamps").
Mais je n'ai pas pu. Même si on en fait trop à son sujet, et George Eddy lui-même l'a reconnu (ah, George, si au jour du Jugement Dernier j'ai le droit de sauver un journaliste, ce sera toi), Tony P. est trop cool. Avec mes antécédents, je devrais le détester, mais je n'y arrive pas.
Et si je ne serai jamais un fan, au moins je continuerai à apprécier ses paniers en pénétration (parce que pour ce qui est des shoots à mi-distance et de la défense, c'est pas pour critiquer, mais y a du boulot, Tony), et à aimer l'entendre frimer en interview. Tu vois?

NB: il était temps pour moi d'écrire ce post parce que les Spurs sont en grand danger de perdre leur titre dès cette nuit. D'ailleurs, allez Dallas.

15 mai 2006

La Liste

Bon, je sais ce que vous vous dites: il va encore dire du mal.
Peut-être, mais il y a au moins deux raisons à cela. D'abord, c'est ce que je fais le mieux, et ensuite, QUI n'a pas un avis sur cette foutue liste?
Domenech, lui en a sans doute un, même s'il n'a pas daigné en faire part à la France lors d'une conférence de presse, comment dirais-je, hallucinante - au sens non galvaudé du mot - tant elle fut inutile. J'ai d'abord cru mourir pendant son petit speech justificatif, interminable et pleurnichard (si vous saviez comme ça a été dur, il a fallu voyager dans toute l'Europe pour voir des matches...), tout ça pour n'avoir droit qu'à quatre diapos furtives (une pensée pour le pauvre assistant qui avait dû passer la nuit entière à chercher une photo de Chimbonda), dépourvues de toute explication, et surtout hors de portée des caméras de TF1. Plutôt gênant vu que Raymond n'avait pas pris la peine de donner les 23 noms de vive voix !
Au final, c'est un Gilardi à peine moins baveux qu'à l'accoutumée qui a rrrrrécapitulé en catastrophe une liste qui consistait alors en un tas de photos floues.
Merci Raymond, merci la technique, merci aux 25 pelés (grand maximum) présents dans la salle et pour les blaireaux qui écoutaient la radio: f... you.
A présent quelques mots sur mes futurs chouchous du mois de juin.


Gardiens: Le poste ne pouvait échapper à Barthez, malgré ou à cause de sa connerie, et tous ceux qui croyaient que Coupet avait une chance doivent vivre sur une autre planète. Le jour où Fabien B. crachera sur le sélectionneur, sa cote diminuera peut-être un peu, mais en attendant, le crétin chauve a son poste assuré.
Quant au troisième gardien, alors là... Landreau, Cassard ou le petit neveu de Bruno Martini... Vous êtes-vous déjà posé la question: à quoi sert le 3ème gardien? (et ne me répondez pas, ben, il est là en cas de blessure, on ne sait jamais. Non. S'il en faut 3 parce qu'on a peur des blessures, alors il en faudrait peut-être aussi 4, voire 5, parce que c'est vrai, on ne sait jamais, des fois que les trois gardiens glissent en sortant de la baignoire ou se coincent un doigt dans une porte...) La réponse à cette question est: à RIEN. Et notez également que c'est le poste le plus tranquille de tout le sport mondial, avec en prime la perspective de se faire appeler "Champion Du Monde!" sur tous les plateaux de télé jusqu'à la fin de ses jours sans en avoir branlé une pendant un mois. Demandez à Lionel Charbonnier.

Défenseurs: Thuram, trop vieux; Boumsong, trop nul; Abidal, largement surestimé; Gallas, bon seulement avec Chelsea; Givet, par pitié... Chimbonda, sélectionné uniquement pour faire le malin(cf. Mavuba, Jurietti, Clerc...) et cirer le banc. Restent Sagnol, pas mauvais mais susceptible de se faire expulser à tout moment, et Sylvestre, plutôt sous-estimé mais qui ne jouera sans doute pas.
Quoiqu'il en soit, cette défense pue. A Frei et Robert Malm d'en profiter.

Milieux: Où est passée la grande époque Jacquet quand les milieux défensifs faisaient la loi à douze par sélection? Aujourd'hui, c'est la misère, avec des joueurs qui, plutôt que d'être à la Coupe du Monde, devraient être comme Vieira plus proche de l'hôpital, comme Makélélé plus proche de la retraite et comme Diarra beaucoup, mais vraiment beaucoup, plus proche de Lens. Dhorasoo n'étant pas un défensif, ni un offensif d'ailleurs, et pour tout dire étant assez éloigné d'un véritable joueur de football, Domenech a dû oublié de compter ses milieux et préféré prendre plus de défenseurs sur le banc. Malouda, lui, a toujours été constant avec les Bleurks, c'est à dire fantômatique.
Quant au Messie/Sauveur/Dieu vivant/Vendeur d'eau minérale (non bénie), de bagnoles et d'assurances, il a choisi de revenir pour peut-être connaître le bonheur d'un jubilé contre le Togo. Ma seule crainte: qu'il nous sorte un de ses coup-francs.


Attaquants: Ribéry n'est pas un attaquant, Raymond, n'essaie pas de nous arnaquer, ça va se voir, à force. En tous cas, je lui souhaite de belles vacances teutonnes. Ainsi qu'à Saha.
Mais fini de rire, à présent. La trouille me gagne.
Cissé peut toujours mettre un but de raccroc avec contrôle du mollet, 3 contres favorables et une frappe du pointu déviée.
Trézéguet marque plus facilement avec la Juve dans des matches truqués, mais je ne suis pas prêt d'oublier l'Euro 2000.
Henry. Son seul nom suffit. Je hais ce type. Si un togolais pouvait lui péter un genou ou deux...
Wiltord, enfin. A mon humble avis, le meilleur joueur de l'équipe après Henry. Le plus terrifiant avec lui, c'est qu'il ne rate jamais une occasion. Là encore, si un togolais m'écoute...


En résumé, si les Bleurks ont une chance, et une seule, ce sera à cause de leur attaque. Henry blessé, et ils peuvent rentrer à la maison.
C'est tout le mal que je leur souhaite.

07 mai 2006

A quand un poste chez ESPN ?

En toute modestie, je viens de pronostiquer sans erreur (8 sur 8) le premier tour des playoffs NBA. Je vous fais donc de nouveau l'honneur de distiller ma science de la prédiction:

Spurs(1) vs Mavericks(4) ou "ça devrait être la finale de l'ouest!" : les Mavs ont le couteau entre les dents et les Spurs n'ont plus grand chose à prouver. Mavs en 6 matches

Suns(2) vs Clippers(6) ou "tant pis pour la bataille de Los Angeles" : les Clippers vont appuyer là où ça fait mal (à l'intérieur) avec bien plus de talent que les Lakers. Clippers en 6m.

Pistons(1) vs Cavaliers(4) ou "Fab Five vs LBJ": LeBron a tout fait contre Washington, contre Detroit il faudrait faire 2 fois plus. Pistons en 5m.

Heat(2) vs Nets(3) ou "qui veut se faire bouffer par Detroit au prochain tour?" : très ouvert, j'hésite, mais j'opte pour Shaq et l'avantage du terrain. Heat en 7m.

05 mai 2006

Ces expressions qui ne devraient pas exister n°1

Popularisée par Laurent Blanc en 98 au cours d'une certaine Coupe du Monde, je suis une expression de quatre lettres qui s'est ensuite répandue dans la "syntaxe" d'innombrables personnalités du sport, de la politique et du spectacle, leur permettant de relier des phrases n'ayant aucun rapport entre elles, dans une tentative désepérée de montrer au peuple qu'elles avaient du vocabulaire en plus d'un discours argumenté. Mon succès est tel qu'on me retrouve désormais dans le parler de tous les jours de gens anonymes qui ne répondront jamais à une interview de leur vie. Prochainement mise au programme de l'Education Nationale dès le CP afin de permettre à toute une classe d'âge de passer à la télé en s'exprimant aussi bien qu'un footballeur de Ligue 1, je suis, je suis, vous avez deviné : "A partir de là..."
Vous aviez peut-être oublié l'époque où toute déclaration d'un "Champion du Monde!" devenait automatiquement parole d'Evangile et se propageait comme la rage dans la bouche baveuse des journalistes qui, comme il se doit, infectaient alors à une vitesse terrifiante les masses subjuguées par leurs nouveaux héros (Zizou !!!!!!).
Ces mêmes masses ayant aujourd'hui retrouvé leur lucidité (DANGER! DANGER! La Coupe du Monde est dans un mois! DANGER! DANGER!), dès qu'un type auquel on a tendu un micro dégaine son "à partir de là...", elles devraient savoir que :
  1. le type ment.
  2. ou alors il essaie de mentir.
  3. il ne sait pas ce qu'il dit.
  4. il aimerait bien savoir ce que signifie la question.
  5. le journaliste qui fait "oui, oui" de la tête est un con.
  6. le type sait que le journaliste est un con.
  7. il pense aussi que le public est au niveau du journaliste.
  8. l'intérêt de l'interview est égal à zéro.

Alors sachez-le, chaque "à partir de là..." est un pas de plus vers le rien, vers le gouffre insondable de la "communication". Et si quelqu'un, une personne normale, emploie ces mots devant vous, la solution est simple: arrêtez de l'écouter.

Pour toujours.

02 mai 2006

Freaky American Names

Pourquoi j'aime le football américain ?
A cause du côté américain, à cause de George Eddy, à cause du côté "je connais les règles et pas vous", à cause de l'organisation incroyable de la NFL, à cause du jeu en lui-même, à cause des stats...
Et à cause des noms. Ceux des équipes, mais surtout ceux des joueurs.
Ras-le-bol de Stéphane Pichot, Mathieu Chalmé, Didier Zokora et autres Grégory Coupet?
Découvrez la NFL et son monde merveilleux rempli de noms incroyables. Un simple coup d'oeil sur la Draft de ce week-end (rappel pour les béotiens : la draft est le système de sélection des joueurs universitaires par les pros, organisé de façon à raprocher le niveau des différentes équipes. Ainsi cette année, la plus mauvaise équipe - Houston - choisissait en premier, tandis que le champion - Pittsburgh - choisissait en dernier) et c'est le bonheur assuré.
Comment ne pas saliver à l'idée de voir jouer A.J. Hawk, Donte Whitner, Kamerion Wimbley, Santonio Holmes, John McCargo, DeAngelo Williams, D'Qwell Jackson ou Rocky McIntosh?
Je le jure, je n'invente rien.
Mon préféré chez les petits nouveaux? Cliquez ici.
Je suis sûr que vous vous sentez mieux maintenant que vous savez que ce type-là existe.

Bienvenue au club

Je ne vais pas être capable de le cacher très longtemps encore, ce blog n'étant que franchise et grandes révélations.
Après Marseille, je déclare donc ici solennellement:
Je HAIS l'équipe de France, je dégueule sur Zidane, Barthez, Thuram, Henry et les autres. Et, malgré ce que je viens d'écrire deux lignes plus haut, je préfère taire ce que je ferais à Domenech.
Voilà.
Et c'est pourquoi je lance aujourd'hui un appel à tous ceux qui se cachent, à tous les résistants de la première heure, comme à ceux de 98 ou de 2000, à tous ceux qui vont de nouveau trembler toute la Coupe du monde, je leur dis: réjouissez-vous.
A toi qui a hurlé de dépit quand Laurent Blanc a battu Chilavert.
A toi qui a balancé ta bière de rage au milieu du bar quand Di Biagio a frappé sur la transversale.
A toi qui a pensé à quitter le pays après le doublé de Thuram.
A toi qui a suffoqué de haine au soir du 12 juillet.
Je suis avec toi. Je sais à quel point ça peut faire mal.
A toi aussi, qui peut-être a dû faire semblant, et qui malgré toi a participé à l'hystérie tout en ruminant la mort violente de tous les abrutis qui t'entouraient.
Je ne peux même pas t'exprimer à quel point je compatis. Je taperais probablement ceci du fond de ma cellule si j'étais sorti dans la rue ce soir-là.
A toi qui a vécu en ermite tout un été, sans télé ni journaux, sans amis non plus.
Moi aussi je sais ce que ça veut dire d'être seul et abandonné.
Moi non plus je ne m'éloignerai jamais de ma télécommande: une rediffusion de certains corners repris par un chauve, une image furtive de Didier Deschamps brandissant un truc doré sont toujours à craindre.
A toi qui a cru que le cauchemar était terminé et qui a subi l'euro 2000.
Faut-il que je continue, que je parle de Raul et d'Abel Xavier, de Del Piero, de Wiltord et de Trézéguet ?
Est-il vraiment possible qu'un tel enchaînement de matches ait eu lieu?
J'imagine que non. Et pourtant.
A vous tous, donc, les isolés, les révoltés, les bouffeurs de coq, je rends hommage et affirme bien haut: Vous n'êtes pas seuls !

Et à présent, pour comprendre, l'histoire de ma vie.
La dernière fois que j'ai supporté l'équipe de France, j'avais 10 ans. C'était en 84 et j'avais sauté en l'air et crié "On a gagné!" après la demi-finale contre le Portugal. Ah, l'innocence des petits enfants... Je ne me souviens même pas de la finale, mais on avait encore gagné!
Deux ans après, mon équipe était le Brésil, et j'avais fort peu apprécié que la France batte mes favoris aux pénos dans ce match devenu célèbre. Après, forcément, je voulais voir les français perdre en demis, et comme à l'époque on pouvait encore compter sur les allemands (ach, Andreas, ich liebe dich !...), j'étais ravi de voir Platini et Fernandez battus. Plus que ravi, même.
Ensuite plus rien jusqu'en 92 et le lamentable Euro suédois, avec une équipe de France composée de tant de marseillais que c'en était ridicule. A votre avis, j'étais triste de les voir perdre?
Quand Kostadinov crucifie Lama, honnêtement, je me marre. Pas trop fort parce que j'ai l'impression que tout le monde se foutait plus ou moins de l'équipe, qui, de toute façon, était minable. Non, vraiment, cliquez ici et marrez-vous. Roche, Sauzee, Deschamps, Le Guen, Guérin, Petit, Pedros... Je parie que vous aviez oublié tous ces nazes. Quand je pense que Houillier (sale m...) avait montré du doigt Ginola. Normal, avec Canto, c'était le seul footballeur de l'équipe !
96, et le début des ennuis. Oh, l'équipe est soporifique à souhait, mais passe aux pénos face aux hollandais et le pays commence à s'exciter sur Zidane et ce que cette fabuleuse équipe va pouvoir donner à la Coupe du Monde. Heureusement, après 2 interminables heures de pseudo-football (Jacquet refusant de remplacer un Zidane CARBONISE et faisant rentrer Roche...), Pedros manque son tir au but, élimine l'équipe de France et met ainsi un terme, à 24 ans, à sa carrière. Ouf! Une finale et j'aurais pu vraiment m'énerver.
Mais la machine infernale est lancée. 6 mois avant la Coupe, je déteste déjà profondément l'équipe (merci aux médias serviles et idolâtres) et je me prépare au pire, sans toutefois vraiment le craindre vu le niveau des prestations des hommes de Jacquet. Et puis la Coupe démarre, très bien grâce au tirage au sort (Afrique du Sud puis Arabie Saoudite, le hasard avait bien fait les choses...) et de serviles les médias deviennent les plus infâmes lèche-bottes que la Terre ait porté, entraînant le pays dans le culte de la personnalité. Qu'y a-t-il de pire que tous ces gens n'ayant jamais porté le moindre intérêt au foot se découvrant soudain une passion pour "Zizou" et Laurent Blanc? Les femmes s'y mettent, elles aiment Petit et ses longs cheveux et trouvent Barthez "sexy". Brrr, ça fait froid dans le dos. (D'ailleurs, "femmes" et "football" sont deux termes qui ne devraient jamais se retrouver réunis dans une même phrase. Et je vous expliquerai un jour pourquoi le "football féminin" est un crime contre-nature.)
Vous connaissez la suite. Comment étais-je censé réagir? Vous avez deviné. Foutrement mal.
Le calvaire durera 4 p... d'années, durant lesquelles les laquais de la télé vont se prosterner jour après jour aux pieds d'une nouvelle race de demi-dieux: "Les Champions Du Monde!"
Anecdote stupide: un mois après le 12 juillet, Equipe du dimanche, reprise de la Bundesliga, un Gilardi (peut-être le pire de tous) aux anges commence son émission en nous annonçant, avec force postillons, que Lizarazu a marqué un but avec le Bayern. C'est l'évènement du jour. Seulement, au vu des images, il y a comme un problème, et Gilardi finit par confesser qu'en fait "Liza" était hors-jeu et que le but a été refusé. Comme si les "Champions Du Monde!" devaient encore se plier aux stupides lois du jeu... Vraiment pas juste.
Je pourrais continuer sans fin, sans même évoquer l'euro 2000, ma pire expérience de téléspectateur (comment ma télé a-t-elle survécu à ça?), mais j'ai rouvert assez de vieilles plaies.
Après la haine, l'incompréhension et le désespoir, je veux parler un peu du bonheur.
Car un jour est venue la lumière.
Si je deviens riche, je m'envolerai en pélerinage vers la Corée, le pays du matin calme et des humiliations planétaires. Séoul, Busan puis Incheon, je foulerai ces pelouses mythiques en versant des larmes de joie à mesure que défileront dans ma tête ces souvenirs merveilleux, la cuisse de Zidane, Trézéguet sur le poteau, Bouba Diop (c'est toi le plus grand, Bouba), l'hôtel Sheraton, le rouge pour Henry, "Tous Ensemble" avec Jean-Pierre Pernaut et Flavie Flament, Rommedahl et Tomasson (Danemark forever), la foule dépitée devant les écrans géants, et la tronche de tous ces p... d'enf... de m... de journalistes.
Si comme moi, vous croyez que le football peut aussi être magnifique, alors je le répète, réjouissez-vous: vous n'êtes plus seuls.