23 mai 2006

Mes 9 plus grands bonheurs en Bleu

L'avant Coupe du Monde, propice aux espoirs les plus fous, est également le temps du souvenir. Et si la vie de supporter peut être aussi belle, c'est d'abord et avant tout parce que l'on sait oublier les épreuves pour ne garder que le meilleur.
Voici donc, en 9 dates et 9 matches (presque tous) historiques, l'anthologie de ma vie en Bleu-Blanc-Rouge.
NB : sachez que, contrairement à Domenech, qui n'a que le "9 juillet" à la bouche (les astres seraient-ils favorables?), je ne suis pas un obsédé des dates. J'ai donc dû passer par des recherches fastidieuses sur l'ignoble site de la fff (allez y jeter un oeil et posez-vous la question: que font-ils de leur pognon?) pour vous présenter ce qui va suivre.

1. France-Danemark (0-2), le 11 juin 2006, Munhak Stadium, Incheon, Corée du Sud.
Pas simplement le meilleur moment de l'histoire de l'Equipe de France, ni même de l'histoire du football: c'est au cours de ce match que ce sont déroulées les 15 meilleures minutes de l'histoire du sport mondial. Et de loin.
Pourrons-nous un jour savourer à nouveau la béatitude absolue de ce dernier quart d'heure, alors que nous savions que tout était fini, qu'enfin nous étions vengés de quatre ans d'infâmies sur le terrain, et de bien pire encore en dehors? Il faut espérer que non.
Les vieilles idoles abattues et foulées au pied. L'imposture enfin révélée. La catastrophe médiatique. Pascal Praud:"La France est la plus mauvaise équipe de cette Coupe du Monde!"
En ce 11 juin 2002, à 10h du matin, le rêve était devenu réalité.


2. France-Sénégal (0-1), le 31 mai 2002, Seoul World Cup Stadium, Séoul, Corée du Sud.
En parlant de rêve, souvenez-vous: décembre 2001 (oui, je sais, c'est un gros effort de mémoire), tirage au sort de la Coupe du Monde: "Ah c'est formidable pour nos amis sénégalais, jouer le match d'ouverture (et se prendre 3-0) contre la France, c'est vraiment le tirage de rêve!" Tu l'as dit.
Aucun effort à faire, en revanche, pour se souvenir de l'atmosphère de 2002. Les pubs, les affiches, les deux étoiles sur le maillot Adidas, les déclarations de joueur comme :"Le plus grand adversaire de la France, c'est la France." La route de la finale était grande ouverte aux Bleurks, à moins que l'Argentine, les seuls à être au niveau, ne leur pose quelques problèmes en huitièmes de finale. Le franco-argentin Trézéguet attendait ça avec impatience.
Le Sénégal? Sympa, pour une ouverture. Tous les Camara auraient droit à un autographe, promis.
L'après-midi du match, je travaillais. Honnêtement, je n'avais pas chercher à me libérer, préférant éviter le massacre et apprendre le score (combien? 3? 4?) en rentrant. Car j'avais tout un plan pour l'Equipe de France: en regarder le moins possible afin d'éviter certains désagréments comme l'ulcère duodénal, la crise de tachycardie, le fracassage de crâne contre les murs et l'infarctus du myocarde.
Seulement, j'ai voulu connaître le score à la mi-temps, ce que j'ai regretté immédiatement: comme si j'avais besoin de faux espoirs...
45 atroces minutes plus tard, avec flash info toutes les dix minutes et d'intolérables arrêts de jeu, l'arbitre siffle et c'est trop beau pour être vrai. Réellement. Car les Bleurks, évidemment, vont se reprendre...

3. France-Grèce (0-1), le 25 juin 2004, Stade Jose Alvalade, Lisbonne, Portugal.
Mais c'est qu'ils ont failli me faire peur !
Après 2 matches, les Bleurks auraient dû se retrouver avec 0 points et rentrer à la maison, mais quelques miracles dignes des pires soirées de l'Euro 2000 les ont portés en quarts de finale, où, autre miracle, ils vont affronter les grecs.
Comment ne pas se dire alors ça y est, c'est reparti...
Mais on ne peut pas gagner à chaque fois après des come-backs improbables et des toiles monumentales de l'adversaire, surtout lorsque le jeu produit est d'une telle nullité. Les grecs marquent une fois, c'est plus que suffisant, et c'est la fin (que l'on croit) de Zidane, Thuram, etc.
C'est aussi le moment de méditer ce que disait le grand Charles Biétry avant le match d'ouverture, Portugal-Grèce: "Vous savez que j'ai pu suivre le dernier entraînement de l'Equipe de France, et je peux vous dire que ce que j'ai vu était ab-so-lu-ment ex-tra-or-di-nai-re. Il ne m'étonnerait vraiment pas que cette équipe aille très très loin dans cet Euro. Les grecs, je les ai vu aussi, c'était pas tout à fait pareil, mais eux on sait déjà qu'ils n'iront pas très loin..."
Tu nous manques, Charles.

4. France-Danemark (1-2), le 17 juin 1992, Malmö Stadium, Malmö, Suède.
Vous l'avez compris, j'aime le Danemark.
Et pas seulement parce que c'est le pays qui a donné naissance à Lars Ulrich.
Les Bleurks de l'époque étant à 90% marseillais ou ex-marseillais, il auraient tout aussi bien pu se présenter sur le terrain avec un maillot ciel et blanc.
Pas besoin d'en rajouter, en pleine période Tapie, pour détester cette équipe, qui de plus vient de livrer l'un des matches les plus fermé, violent et mauvais que j'aie pu voir, contre l'Angleterre (0-0).
En route vers la qualification pour les demis-finales grâce au troisième nul consécutif qui se profile, les Bleurks sont débordés sur l'aile droite et encaissent un but par Elstrup (78ème, vive les danois). Ils ne reviendront plus.
Je peux exulter.
Marseille est éliminé.

5. France-RFA (0-2), le 25 juin 1986, Stade Jalisco, Guadalajara, Mexique.
Ils avaient éliminé mes chouchous (le Brésil), j'avais 12 ans et la rancune tenace.
Tandis que les media réclament la revanche tant attendue, 4 ans après Séville, je deviens supporter de Rudi Völler et de sa moustache, la France rate totalement son match, Platini ne sera jamais champion du monde.
Il faudra attendre six ans avant de s'exciter pour un match des Bleurks.
Parenthèse: êtes-vous récemment tombés sur des images du fameux quart de finale contre le Brésil, célébré à l'époque comme "un des plus grands matches de l'histoire"? Et bien, ça vaut le coup. On croirait voir un autre sport: le jeu va à 2 à l'heure, les joueurs se font des passes en marchant, il n'y a aucun pressing, et chaque accélération est si rare qu'elle déstabilise toute la défense. Moralité, je crains que si on organisait, au hasard, un En-Avant Guingamp 2006/Brésil 1986, ce serait un massacre. Socrates ne toucherait même pas la balle.

6. Islande-France (1-1), le 5 septembre 1998, Laugardalsvöllur, Reykjavik, Islande.
Celui-là, tout le monde l'a oublié, mais comprenez-moi: après l'été que nous venions de vivre, voir les Sauveurs De La France, Modèles De L'Intégration, Rassembleurs De Tout Un Peuple, p... de "Champions Du Monde!" tenu en échec par une pitoyable équipe islandaise, c'était pour moi l'instant le plus proche du bonheur depuis bien longtemps.
On se console comme on peut.

7. France-Belgique (1-2), le 18 mai 2002, Stade de France, St Denis.
C'était le soir où la France devait dire au revoir à ses "Champions Du Monde!", et leur souhaiter, des larmes dans les yeux, bonne chance.
L'avion qui allait les emmener en Corée, eux et les espoirs de tout un pays, décollait le lendemain.
Une belle cérémonie était prévue à la fin du match, avec des enfants par centaines sur la pelouse, formant un grand coeur rouge symbolisant l'amour de tout un peuple pour ses héros, et une remise du drapeau national au Capitaine par un jeune footballeur tremblant d'admiration.
C'était le sort de la Patrie, mes chers compatriotes, qui allait se jouer en Orient.
Manque de chance, après une partie minable de plus, Marc Wilmots expédie dans les arrêts de jeu une frappe en lucarne que n'aurait pas reniée Kostadinov.
La fête est gâchée, et Desailly, véxé, refuse d'assister à la cérémonie d'après-match.
C'est donc finalement à Leboeuf (!) que seront remis drapeau et fierté nationale.
Cette Coupe du Monde partait bien.

8. Corée du Sud-France (2-3), le 26 mai 2002, Suwon, Corée du Sud.
Elle partait tellement bien que, une semaine plus tard, les Bleurks se sentent obligés de livrer une féroce bataille face à des coréens déchaînés, et ce à 5 jours (5!) du début de leur second parcours victorieux consécutif en Coupe du Monde.
Résultat, Zidane se blesse, la France est à genoux et les media paniquent.
Quelque part dans ma tête, encore bien caché, un fol espoir commence à naître.

9. France-Azerbaïdjan (10-0), le 6 septembre 1995, Stade Abbé-Deschamps, Auxerre.
Je ne suis pas qu'un connard aigri. Je peut me réjouir d'autre chose que du malheur des autres.
En l'occurence d'une soirée copieusement arrosée à regarder Leboeuf marquer des reprises de volées en talonnade, voir un entraîneur remplacer son gardien parce qu'il a pris 3 buts en une demie-heure, uniquement pour que l'autre puisse en prendre 7. Franchement, ce soir-là, c'était "Allez les Bleus!".
Vous voyez bien que je suis un type normal.

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