Je ne vais pas être capable de le cacher très longtemps encore, ce blog n'étant que franchise et grandes révélations.
Après Marseille, je déclare donc ici solennellement:
Je HAIS l'équipe de France, je dégueule sur Zidane, Barthez, Thuram, Henry et les autres. Et, malgré ce que je viens d'écrire deux lignes plus haut, je préfère taire ce que je ferais à Domenech.
Voilà.
Et c'est pourquoi je lance aujourd'hui un appel à tous ceux qui se cachent, à tous les résistants de la première heure, comme à ceux de 98 ou de 2000, à tous ceux qui vont de nouveau trembler toute la Coupe du monde, je leur dis: réjouissez-vous.
A toi qui a hurlé de dépit quand Laurent Blanc a battu Chilavert.
A toi qui a balancé ta bière de rage au milieu du bar quand Di Biagio a frappé sur la transversale.
A toi qui a pensé à quitter le pays après le doublé de Thuram.
A toi qui a suffoqué de haine au soir du 12 juillet.
Je suis avec toi. Je sais à quel point ça peut faire mal.
A toi aussi, qui peut-être a dû faire semblant, et qui malgré toi a participé à l'hystérie tout en ruminant la mort violente de tous les abrutis qui t'entouraient.
Je ne peux même pas t'exprimer à quel point je compatis. Je taperais probablement ceci du fond de ma cellule si j'étais sorti dans la rue ce soir-là.
A toi qui a vécu en ermite tout un été, sans télé ni journaux, sans amis non plus.
Moi aussi je sais ce que ça veut dire d'être seul et abandonné.
Moi non plus je ne m'éloignerai jamais de ma télécommande: une rediffusion de certains corners repris par un chauve, une image furtive de Didier Deschamps brandissant un truc doré sont toujours à craindre.
A toi qui a cru que le cauchemar était terminé et qui a subi l'euro 2000.
Faut-il que je continue, que je parle de Raul et d'Abel Xavier, de Del Piero, de Wiltord et de Trézéguet ?
Est-il vraiment possible qu'un tel enchaînement de matches ait eu lieu?
J'imagine que non. Et pourtant.
A vous tous, donc, les isolés, les révoltés, les bouffeurs de coq, je rends hommage et affirme bien haut: Vous n'êtes pas seuls !
Et à présent, pour comprendre, l'histoire de ma vie.
La dernière fois que j'ai supporté l'équipe de France, j'avais 10 ans. C'était en 84 et j'avais sauté en l'air et crié "On a gagné!" après la demi-finale contre le Portugal. Ah, l'innocence des petits enfants... Je ne me souviens même pas de la finale, mais on avait encore gagné!
Deux ans après, mon équipe était le Brésil, et j'avais fort peu apprécié que la France batte mes favoris aux pénos dans ce match devenu célèbre. Après, forcément, je voulais voir les français perdre en demis, et comme à l'époque on pouvait encore compter sur les allemands (ach, Andreas, ich liebe dich !...), j'étais ravi de voir Platini et Fernandez battus. Plus que ravi, même.
Ensuite plus rien jusqu'en 92 et le lamentable Euro suédois, avec une équipe de France composée de tant de marseillais que c'en était ridicule. A votre avis, j'étais triste de les voir perdre?
Quand Kostadinov crucifie Lama, honnêtement, je me marre. Pas trop fort parce que j'ai l'impression que tout le monde se foutait plus ou moins de l'équipe, qui, de toute façon, était minable. Non, vraiment, cliquez ici et marrez-vous. Roche, Sauzee, Deschamps, Le Guen, Guérin, Petit, Pedros... Je parie que vous aviez oublié tous ces nazes. Quand je pense que Houillier (sale m...) avait montré du doigt Ginola. Normal, avec Canto, c'était le seul footballeur de l'équipe !
96, et le début des ennuis. Oh, l'équipe est soporifique à souhait, mais passe aux pénos face aux hollandais et le pays commence à s'exciter sur Zidane et ce que cette fabuleuse équipe va pouvoir donner à la Coupe du Monde. Heureusement, après 2 interminables heures de pseudo-football (Jacquet refusant de remplacer un Zidane CARBONISE et faisant rentrer Roche...), Pedros manque son tir au but, élimine l'équipe de France et met ainsi un terme, à 24 ans, à sa carrière. Ouf! Une finale et j'aurais pu vraiment m'énerver.
Mais la machine infernale est lancée. 6 mois avant la Coupe, je déteste déjà profondément l'équipe (merci aux médias serviles et idolâtres) et je me prépare au pire, sans toutefois vraiment le craindre vu le niveau des prestations des hommes de Jacquet. Et puis la Coupe démarre, très bien grâce au tirage au sort (Afrique du Sud puis Arabie Saoudite, le hasard avait bien fait les choses...) et de serviles les médias deviennent les plus infâmes lèche-bottes que la Terre ait porté, entraînant le pays dans le culte de la personnalité. Qu'y a-t-il de pire que tous ces gens n'ayant jamais porté le moindre intérêt au foot se découvrant soudain une passion pour "Zizou" et Laurent Blanc? Les femmes s'y mettent, elles aiment Petit et ses longs cheveux et trouvent Barthez "sexy". Brrr, ça fait froid dans le dos. (D'ailleurs, "femmes" et "football" sont deux termes qui ne devraient jamais se retrouver réunis dans une même phrase. Et je vous expliquerai un jour pourquoi le "football féminin" est un crime contre-nature.)
Vous connaissez la suite. Comment étais-je censé réagir? Vous avez deviné. Foutrement mal.
Le calvaire durera 4 p... d'années, durant lesquelles les laquais de la télé vont se prosterner jour après jour aux pieds d'une nouvelle race de demi-dieux: "Les Champions Du Monde!"
Anecdote stupide: un mois après le 12 juillet, Equipe du dimanche, reprise de la Bundesliga, un Gilardi (peut-être le pire de tous) aux anges commence son émission en nous annonçant, avec force postillons, que Lizarazu a marqué un but avec le Bayern. C'est l'évènement du jour. Seulement, au vu des images, il y a comme un problème, et Gilardi finit par confesser qu'en fait "Liza" était hors-jeu et que le but a été refusé. Comme si les "Champions Du Monde!" devaient encore se plier aux stupides lois du jeu... Vraiment pas juste.
Je pourrais continuer sans fin, sans même évoquer l'euro 2000, ma pire expérience de téléspectateur (comment ma télé a-t-elle survécu à ça?), mais j'ai rouvert assez de vieilles plaies.
Après la haine, l'incompréhension et le désespoir, je veux parler un peu du bonheur.
Car un jour est venue la lumière.
Si je deviens riche, je m'envolerai en pélerinage vers la Corée, le pays du matin calme et des humiliations planétaires. Séoul, Busan puis Incheon, je foulerai ces pelouses mythiques en versant des larmes de joie à mesure que défileront dans ma tête ces souvenirs merveilleux, la cuisse de Zidane, Trézéguet sur le poteau, Bouba Diop (c'est toi le plus grand, Bouba), l'hôtel Sheraton, le rouge pour Henry, "Tous Ensemble" avec Jean-Pierre Pernaut et Flavie Flament, Rommedahl et Tomasson (Danemark forever), la foule dépitée devant les écrans géants, et la tronche de tous ces p... d'enf... de m... de journalistes.
Si comme moi, vous croyez que le football peut aussi être magnifique, alors je le répète, réjouissez-vous: vous n'êtes plus seuls.
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