Thierry Gilardi (pas de photo en lien dans ce post: je n'ai pas pu en trouver une seule où il ne souriait pas) est un héros du "journalisme" sportif français.
Il est au sommet de la pyramide du commentaire: c'est lui qui fait vibrer le pays lors des matches de L'Equipe de France (le fond du gouffre en ce domaine pourrait bien être commenter un seizième de finale de la coupe de la Ligue sur France 3, à Guingamp, un 18 novembre).
Et si Gilardi est le mieux payé de toute la confrérie, c'est tout simplement parce qu'il est le meilleur.
Notez que je dis cela sans ironie aucune.
Gilardi sait comme personne s'enthousiasmer pour un contrôle de Zidane ou un crochet d'Henry. Il sait également prononcer le nom de chaque joueur, même du plus insignifiant (écoutez-le s'enflammer à chaque touche de balle d'"Abidal!"), avec une jubilation qui se communique à tous les téléspectateurs. Il voit toujours le bon côté des choses, a l'éclat de rire facile et entraînant, et son bon sens n'est jamais pris en défaut.
Ajoutez à cela un chauvinisme de bon aloi (dans le respect de l'adversaire, c'est entendu) et vous avez là un homme maîtrisant son art à la perfection, un rêve de président de chaîne, une machine à s'écrier, au cas où, on ne sait jamais : "But pour L'Equipe de France ! Quel but de Thierry Henry ! Ex-cep-tio-nnel!"
Et vous vous demandez encore pourquoi je ne le supporte plus?
A ses débuts sur Canal, Gilardi formait avec Charles Biétry - juste un mot pour regretter une fois de plus la retraite du grand Charles, dont la connaissance interne du jeu et les intuitions psychologiques fulgurantes ne seront jamais remplacées - un duo infernal, inégalé à ce jour, l'alliance du feu et de la glace, de l'exubérance et de l'analyse technique. Il fallait les entendre commenter un match du Marseille de la "grande" époque, les entendre se prosterner aux pieds de Tapie et de ses hommes... Mon Dieu, c'était à se tirer une balle.
C'est là que Gilardi est devenu, par opposition à Thierry Roland le beauf, le prototype du commentateur sympa, bon esprit et volubile.
Postillonnant à tout va, que ce soit dans un stade ou sur le plateau de Téléfoot, intarissable dès qu'il s'agit de donner du "président" à un Tapie, un Aulas ou même un Simonet, déférent en interview au point que même les "Champions Du Monde!" (il n'aura jamais manqué UNE SEULE occasion de le rappeler) au sommet de leur gloire ont dû se dire qu'il en faisait trop, Gilardi a fait de la flatterie à l'égard des puissants une pratique jouissive et quotidienne. Il ne sert pas la soupe à ses invités, il la verse directement dans leur bouche avec un entonnoir.
Pourtant ce n'est pas le pire.
Car Gilardi a fait école.
S'il n'était qu'un cas isolé, il suffirait de couper le son pendant ses matches à lui.
Mais aujourd'hui ce sont TOUS les matches qui sont pollués par le gilardisme.
Les ravages causés chez Canal+ par cette maladie sont indescriptibles. Tant de jeunes commentateurs ont appris leur métier en suivant LE modèle de la chaîne, tous ces Margotton, Balbir, Guy, Berger et les autres qui sont devenus les parfaits clones de Gilardi, chacun désormais parfaitement capable de pourrir à lui tout seul un Lille-Nice (Pardon? Pas besoin de commentateur pour pourrir un Lille-Nice? Qu'est-ce que vous voulez dire?...)
Je préférerais aussi oublier le Christophe Josse de la "formidable aventure messine" (Metz avait atteint les 8èmes de la coupe UEFA), qui a ensuite quitté Canal pour contaminer successivement TF1, France 2 et 3, et désormais M6.
Quant à Christian Jeanpierre, le malheureux n'avait sans doute besoin de personne pour lécher des bottes.
Voilà où nous en sommes. Aujourd'hui si vous voulez regarder du foot à la télé, vous êtes coincé. Quelle que soit la chaîne, un petit Gilardi baveux vous attend.
Thierry Roland NE PEUT PAS prendre sa retraite.
PS: un bon moyen pour tester sa maîtrise de soi: écouter Gilardi jubiler en prononçant "Zinedine Zidane!" et tenter de réprimer une envie de meurtre.
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