Ou peut-être pas. En fait, je ne suis pas sûr d’avoir une opinion tranchée à ce propos. Le fait est que, tandis que ces derniers mois j’ai vraiment eu du mal à me concentrer sur la lecture, j’ai dévoré ses bouquins. J’avais même adoré «
Fargo Rock City » au point d’en faire la promo ici. J’espère que ça a marché. Quant à «
Sex, Drugs, and Cocoa Puffs », c’est une autre histoire... Klosterman est le genre de mec qui a un avis sur tout, et forcément, comme c’est également mon cas (dans une certaine mesure), nous ne sommes pas d’accord. Presque jamais. Enfin si, ça arrive quand même de temps en temps. (Alright, I gotta tell you something : I have a real big problem here. It was due to happen, and I can’t deny it any longer : I’m starting to think in English all the time. Blame it on those books and websites, blame it on those stupid fantasy football podcasts – thank God, the season is over – blame it on the « Seinfeld » DVDs, but it appears that the English language has finally seized control of my brain. And that it won’t go away. Seriously, I now find myself having trouble simply putting together some words in French in order to write a coherent sentence for this blog ! I swear this is not a pose. This is happening to me right now. To use an old cliché, I will probably feel like a stranger in my own land in the very near future. Great. Like my mind needed to be more fucked up. Anyway, back to French now. Let’s see if I can make it through this paragraph.) Prenons donc quelques exemples de théories exposées dans cet ouvrage. Klosterman est-il vraiment un abruti ? A vous de décider.
- Réponse évidente : oui. Page 135, le benêt avoue candidement qu’il regrette l’époque des cassettes audio pour la bonne raison qu’il ne peut plus confectionner amoureusement de jolies « mixed tapes » destinées à ses petites copines. Le niais va même plus loin : (c’est moi qui traduis) « comme la plupart des intellectuels sans imagination, presque toutes mes relations passées ont été basées sur ma capacité à créer des compilations incroyablement émouvantes ; même si je ne peux pas le prouver, je dirais que les cassettes audio enregistrées ont directement influencé 66% de ma vie sexuelle. » Quel pauvre nase. Des compils, vraiment ? Et ça marchait ? Au fond, le plus perturbant dans cette histoire, ça n’est pas que Chuck déplore l’avènement des disques enregistrables qui, même s’il continue à envoyer des morceaux choisis sur CD aux femmes qui l’intéressent, ont ruiné une grande partie de l’intérêt des compils si on les compare aux cassettes qu’il fallait écouter de bout en bout (et dans l’ordre). Ça n’est pas non plus que Chuck considère que « la plupart des intellectuels sans imagination » ont envoyé, envoient, ou enverront des compilations supposément révélatrices à leurs bien-aimées pour exprimer leurs sentiments (bien que j’aime à croire que je fais partie du groupe des « cérébraux à la créativité limitée » je n’ai jamais, jamais, jamais eu idée de faire ce genre de choses. Les esprits moqueurs rétorqueront que c’est peut-être parce que je n’ai pas eu assez de petites copines, à ceux-là je répondrai que ça n’est pas le sujet. Bref.) Non, le pire dans tout ça, c’est que, selon Chuck, les filles aiment ces compils, qu’elles sont ravies d’écouter un disque entier de chansons plus au moins inspirées avec « Love », « Heart » ou « Girlfriend » dans le titre, et qu’ensuite elles vous rappellent en vous disant : « Merci pour le CD, c’était gentil de ta part… Et, au fait, je suis d’accord pour coucher avec toi. » Non, sérieusement ? Je ne comprendrai jamais rien aux femmes. J’aurais plutôt tendance à penser qu’elles appuieraient dédaigneusement sur « Play »avant de se moquer en passant d’un titre à l’autre. Et qu’elles ne donneraient plus jamais de nouvelles.
- Klosterman n’est pas seulement un nerd qui espère conclure avec des femmes en leur envoyant des cassettes comprenant des chansons de Billy Joel. Il peut aussi vous ennuyer à mourir avec des chapitres longuets et faussement élaborés comparant Marilyn Monroe à Pamela Anderson. Mais peu importe. Car si l’on veut bien passer sur les développements inutilement sophistiqués de ce chapitre précis, Chuck a raison : Pam est (était ?) la Marilyn des temps modernes. Dites ce que vous voulez, mais elles sont interchangeables : deux salopes arrivistes crées de toutes pièces par la chirurgie et les cosmétiques qui ont fait fantasmer la planète. La première est devenue un mythe parce qu’elle a eu la bonne idée de crever jeune, l’autre restera à jamais comme celle qui fait des cochonneries avec Tommy Lee sur Internet (je le jure, je n’ai jamais regardé la vidéo, probablement par respect pour Tommy. Je veux dire, c’est le batteur de Mötley Crüe, quand même, ça fait mal de voir ses idoles de jeunesse traînées dans la boue de la sorte). Mais ne croyez pas que Marilyn n’aurait pas fini elle aussi en fâcheuse posture sur le web si elle en avait eu l’occasion (genre, si elle était née 40 ans plus tard). Elle et Pamela sont en gros la même fille. Et vous savez quoi ? Je ne me suis jamais senti attiré ni par l’une, ni par l’autre. (d’accord, j’ai regardé plusieurs épisodes d’«Alerte à Malibu », mais ça ne compte pas, non ?) Elles seraient à ma disposition que je ne les toucherais même pas. Est-ce que ça fait de moi un anormal ? Peut-être. Mais je m’en fous.
- Je n’ai pas spécialement d’avis sur les conventions de rock-critics, les serial-killers, la puissance évocatrice des paroles dans la musique country, sur la série débile « Sauvés Par Le Gong » ni sur le show « Real World » jamais diffusé en France, ou encore sur ce qui se cache dans et sur les paquets de céréales du petit déjeuner. Chuck en a un. Non, franchement, il FAUT que vous lisiez ce bouquin.
- Simple constat (c’est Chuck qui parle): 99,9% des sites pornos sur Internet sont destinés aux mâles hétérosexuels. Question (encore Chuck) : pourquoi les femmes n’ont-elles pas besoin de ces saloperies ? Réponse (à mon tour de m’exprimer) : parce qu’elles ne sont pas comme nous, mec.
- Les journalistes sportifs détestent le sport plus que tout au monde. Ne criez pas au paradoxe, c’est argumenté de façon très convaincante dans le livre, et j’adhère totalement à la théorie. Au contact des sportifs, l’amour du sport qui a poussé les journalistes à faire ce métier se transforme rapidement en aigreur et, le temps d’une interview de trop, en pure haine. Mais là où Klosterman a vraiment tout compris, c’est quand il prend en exemple le génial Jim Rome et affirme ceci : « The single-best part about loving sports is hating sports. » Ce n’est sûrement pas moi qui vais discuter. Parcourez-donc un moment les archives de ce blog.
- Peu importe le sujet, choisir son camp revient avant tout à essayer de définir sa propre identité. C’est ce qui compte réellement quand vous répondez à la question « Stones ou Beatles », par exemple : quel genre de personne croyez-vous être? Bien sûr, on peut chercher éternellement la solution à l’énigme « Qui suis-je » et perdre son temps à se décider à propos de choses insignifiantes, mais il existe selon Klosterman un moyen radical de s’épargner bien des névroses et de répondre à toutes les questions en une. Années 80. Magic Johnson. Larry Bird. Lakers contre Celtics. Qui supportez-vous ? D’accord, ça peut paraître dingue, et j’admets que j’avais mes doutes au départ sur la validité d’une telle théorie. Cependant Chuck sait choisir ses arguments et ses exemples, et à la fin du chapitre j’étais convaincu : oui, on peut savoir qui l’on est et comment agir dans sa vie selon le côté dans lequel on se trouve dans ce qui fut pendant 10 ans la plus grande rivalité du sport professionnel américain. Seul petit problème : à l’époque, j’ignorais tout de l’existence des Lakers et des Celtics et je n’aurais su dire qui de Magic ou de Bird était le blond à frisettes. Ce qui veut dire que cette méthode est inutilisable, et que je suis condamné à errer dans le brouillard pendant encore un moment. Flûte.
- Une petite minute, et si j’utilisais l’analogie suivante : au lieu de « êtes-vous un Laker ou un Celtic ? », pourquoi ne pas demander « êtes-vous pro ou anti-marseillais ? » Toute personne prétendant s’intéresser un minimum au football se doit d’avoir un avis bien tranché sur la question, et ce depuis les années Tapie. Selon leur réponse, il ne doit pas être bien difficile de qualifier avec précision chacun de ces individus, non ? Voyez plutôt. Les pro-marseillais sont des raclures cupides aux mœurs douteuses, les anti-marseillais sont des types bien aux goûts très sûrs, dotés d’un grand sens moral. Tout comme moi. On progresse.
- quelle merveilleuse transition vers cette autre lubie de Klosterman : il déteste le foot. (mais permettez-moi d’utiliser le terme « soccer » ici, rapport au contexte US. Merci.) L’article qu’il consacre au sport numéro 1 dans le monde peut en effet se résumer en deux mots : pure haine. Au point que dans sa conclusion Chuck prétend même qu’il aimerait autant avoir un gosse dealer de dope que jouant au soccer. En tant qu’ancien gamin ayant passé 75% de mon temps libre (comprenez : en dehors de l’école) à taper dans un ballon avec mes pieds, je m’insurge. Je proteste. Le foot a été la seule et unique passion de ma jeunesse (maintenant que je suis vieux, seuls comptent l’amertume et le sarcasme) et je devrais laisser ce trouduc venu du fin fond du Midwest m’expliquer que j’aurais mieux fait de vendre du « crystal meth » à mes petits camarades pour occuper mes tendres années ? Quel connard. Si au moins il avait la moindre idée de ce dont il parle. De toute évidence, Klosterman n’a jamais joué au soccer de sa vie et peut-être accumulé dans le même temps une petite demi-heure en tant que spectateur. Et c’est son principal argument anti-soccer qui va nous révéler sa complète ignorance du sujet. Suivons pas à pas son raisonnement : 1) Le soccer est le sport le plus pratiqué aux Etats-Unis chez les enfants d’âge scolaire. Mais 2) ça n’est pas parce que les enfants aiment le soccer, c’est parce que 3) ils ont horreur des autres sports qui dévoilent au grand jour leurs inaptitudes (incapacité à frapper la balle de baseball, à shooter des lancers-francs ou à survivre sur un terrain de football) tandis que 4) le soccer est le sport idéal pour passer inaperçu et cacher ses déficiences physiques, ce qui fait que 5) le soccer est en réalité le sport des parias, des exclus, des inadaptés sociaux (« outcast » dans le texte) et qu’il cesse immédiatement d’être pratiqué passé 15 ans et l’obligation de faire du sport. Sur le papier, c’est si brillamment pensé que c’en serait presque convaincant. Et bien que je n’aie jamais assisté à une lutte pour la possession du ballon dans le rond central entre Américains pré-pubères, je suis tout prêt à admettre qu’il y a une part de vérité là-dedans. Ce que je conteste absolument, par contre, c’est que l’on puisse écrire des énormités telles que : « N’importe quel gamin de 11 ans peut jouer une saison complète sans jamais toucher la balle et personne ne le remarquera » ? ? ? Qu’est-ce que tu en sais, Chuck, bordel ? Qu’est-ce que tu en sais ? Et celle-là, la plus grosse de toute : « Soccer is the only sport where you can’t fuck up. » Vraiment ? Déjà raté un contrôle, passé la balle à l’adversaire et causé la défaite de ton équipe, Chuck ? Déjà tiré un pénalty au-dessus de la transversale ? Impossible de ressentir de la honte ou de subir une humiliation sur un terrain de soccer, hein, vu que « nothingness is expected » ? Je me souviens d’un match, quand j’avais 10 ans, et qu’avec mon équipe de « poussins » nous avions affronté 7 autres gamins en short qui semblaient complètement perdus sur le terrain. J’avais marqué 5 buts et, le score ayant rapidement atteint 20 à zéro (!), l’arbitre, dans un geste de pitié un peu tardif, avait décrété la fin du match. Tu crois vraiment que ces gosses sont rentrés tout fiers chez eux après ça pour annoncer à papa et maman qu’ils avaient perdu 20 à 0 ? Franchement ? Si j’avais été du mauvais côté de ce massacre, je sais ce que j’aurais fait, moi : j’aurais quitté le terrain en pleurant toutes les larmes de mon corps, et aujourd’hui encore je ressentirai cette humiliation au fond de mes tripes. « Soccer is the only sport where you can’t fuck up »… Tu es un imbécile, Klosterman.
- Cela dit, je dois l’admettre, tu peux aussi te montrer clairvoyant. « This is Emo », le chapitre qui ouvre le bouquin, est probablement ce que j’ai lu de plus fascinant depuis que j’en ai terminé avec les intégrales de Dostoïevski, Nietzsche et Bret Easton Ellis. Loin de moi l’idée que l’acuité psychologique de Klosterman puisse se comparer à celle des auteurs précités (des deux premiers, c’est limite blasphématoire, j’ai rajouté Ellis juste pour faire le malin. Mais si vous n’avez pas lu « American Psycho », faites-le.) Simplement, il a compris quelque chose d’essentiel dont je craignais d’être le seul à avoir conscience, et c’est donc avec soulagement que j’ai lu et relu ces dix premières pages : enfin quelqu’un ose dire la vérité. Enfin quelqu’un ose exprimer ce que je sais, ce dont je suis intimement persuadé depuis toujours. En fait, si je n’étais pas si occupé et tellement pris par les obligations de ma vie sociale envahissante, j’aurais pu l’écrire moi-même, ce chapitre. OK, fin du suspense, je vais vous dire ce dont il s’agit. Mais je vous préviens, après ça, vous n’envisagerez plus jamais votre vie de la même façon. Alors voilà. Vous êtes-vous déjà demandé pourquoi vous n’êtes jamais entièrement satisfait par une relation sentimentale, aussi intense soit-elle ? C’est parce que cet « amour » auquel vous aspirez tant n’existe pas dans la réalité. C’est une invention. Une escroquerie, pour employer un terme plus approprié. C’est du toc. L’ « amour » dont nous rêvons tous est une fiction crée par les romans, le cinéma et les paroles débiles de chansons plus débiles encore. Du vent. Voilà ce qu’est l’amour en toc. Vous pouvez toujours courir après, vous ne l’attraperez jamais. Oh, il n’est pas bien difficile de comprendre pour quoi l’Occident tout entier s’épuise à sa poursuite. L’amour n’est pas un sentiment clairement défini, ça n’est pas comme la faim ou le sommeil, on ne sait pas vraiment ce qu’on est censé faire ou ressentir. Voilà pourquoi les gens cherchent des modèles, des exemples. Et c’est là où les problèmes commencent pour de bon : « Oh, est-ce que je l’aime vraiment ? Mais pourquoi alors est-ce que je ne suis pas comme – Actrice X – avec – Acteur Y – dans – Film W ? » Voyez où ça peut mener : on entend Lara Fabian hurler « Je t’aaaaime ! » ou ce crétin lobotomisé de Sting chanter « Every breath you take » et on s’imagine qui si l’on ne se met pas dans un état pareil, c’est qu’on n’aime pas réellement l’autre. La leçon de Chuck (et la mienne) est donc la suivante : vu qu’on ne sait pas ce qu’est l’amour, on pense que c’est comme à la télé, donc on veut de toutes ses forces cet amour en toc, mais comme par définition on ne peut pas l’avoir puisqu’il n’existe qu’à la télé, on restera éternellement insatisfait. Pigé ? Désolé d’avoir ruiné votre vie de couple.
- Pardon de revenir sur le sujet, mais est-ce que vous réalisez à quel point cette culture de l’amour en toc peut briser la vie de millions de malheureux à travers le monde ? Pensez à tous ces gens qui sont plus ou moins secrètement amoureux d’une personne hors de portée, mais qui continueront à y croire contre toute évidence parce qu’ils ont vu tant d’histoires comme la leur se terminer en happy end sur un putain d’écran à 2 dimensions. Chuck pense que l’amour en toc du cinéma et de la télé que l’on nous inflige à longueur d’antenne est bien plus dangereux et destructeur que la violence, la pornographie ou la Star Academy. Et je suis d’accord. J'affirme que c’est quasi-criminel.
- A propos, ça me fait penser : j’ai posté récemment un extrait de la série US « The Office » en vous disant que c’était peut-être la meilleure série de l’histoire et que j’avais passé un merveilleux réveillon du 31 à boire une bière en regardant les DVD. Je suis finalement arrivé au bout de la saison 2 l’autre jour, et je confirme tout le bien que j’en pensais depuis le début. « The Office » est hilarant, parfois touchant, c’est toujours bien vu, les dialogues sont parfaits et les acteurs sont géniaux, MAIS : il y a un gros problème. « The Office » est un redoutable vecteur de l’amour en toc. Le pire, c’est que c’est tellement bien fait que cette série a le potentiel pour ruiner l’existence de centaines de milliers d’innocents. Pour résumer, la série décrit les relations entre patron et employés chez Dunder Mifflin (c’est le nom de la boîte). Jim et Pam, la réceptionniste, sont de bons copains, ils s’entendent très bien, et il est évident dès le départ que Jim en pince grave pour Pam. Qui a un fiancé. Mais qui aime quand même beaucoup Jim comme ami. Bref, c’est une situation banale au possible, et bien que ça ne soit pas l’intérêt principal de la série (ça serait plutôt : qu’est-ce que Michael (le patron) va encore pouvoir inventer comme connerie ?), c’est une intrigue gentillette dont on suit l’évolution épisode par épisode. Le fait que les auteurs soient excellents et l’interprétation parfaite ne gâche rien, au contraire : tout sonne parfaitement juste, et des millions de gens peuvent s’identifier aux personnages. On se dit : « Ouais, c’est exactement comme ça que ça se passe dans la vie. » Et c’est sans doute le cas. Sauf que…Vous me voyez venir avec mes gros sabots ? Non ? OK : dernier épisode de la saison, il faut qu’il se passe un truc, rien qu’un petit truc entre Jim et Pam pour tenir le téléspectateur en haleine jusqu’à la reprise de la série. La grande question étant : « Est-ce que Pam va enfin se marier avec son fiancé ? » L’épisode se déroule normalement, on sent bien que les deux personnages vont avoir une conversation importante, et c’est effectivement le cas, tout à la fin. La scène, quoique qu’un peu lacrymale à mon goût, reste parfaitement juste et plausible, et quand Jim et Pam se séparent, on se dit « vivement la prochaine saison ». Enfin c’est ce que je me disais, abruti que je suis. Parce que l’épisode n’était pas réellement terminé. Il y avait une ultime scène. Une dernière image. Qui ruine la série. Je veux dire, quand j’ai vu ça, j’ai immédiatement lancé un tas d’obscénités à mon écran. Je ne sais pas à qui je parlais, aux acteurs, aux producteurs, plus probablement aux scénaristes : « Oh non, putain, mais pourquoi vous avez fait ça ? Pourquoi ? C’est vraiment n’importe quoi ! Où on est là, chez « Grey’s Anatomy » ? Oh putain, c’était tellement parfait jusque là, pourquoi terminer là-dessus ? C’est quoi ces conneries ? etc, etc. » Je l’avoue, ça m’a vraiment énervé. Ça ne pouvait pas se finir comme ça, ça ne faisait plus « vrai », on avait fait du tort à ma nouvelle série préférée. Mais surtout, j’ai aussitôt pensé à Klosterman et à sa théorie : combien de « Jim » et de « Pam » (surtout de « Jim », soyons honnêtes) de la vraie vie cette dernière scène a-t-elle intoxiqué ? Combien de putains de faux espoirs entretenus à cause de putains de personnages de la télé ? Des trucs pareils n’arrivent jamais dans la vraie vie. Mais en permanence à la télé. Putain d’amour en toc.
- C’est bien beau d’être exceptionnellement lucide au début de son livre, mais le souci avec Klosterman, c’est qu’il ne tient pas la distance et devient au bout du compte très difficile à prendre au sérieux. Par exemple quand il s’amuse à faire le compte de ses amis et prétend avoir 43 « amis proches », 196 « bons amis » et 2200 « connaissances amicales ». Ridicule. Soyons clairs, ces chiffres sont totalement délirants. Mais ce qui est intéressant, c’est la méthode employée par Chuck pour dénombrer ses amis et les classer en 3 catégories bien distinctes. Les « amis proches » sont les gens qu’il appellerait immédiatement si on lui diagnostiquait un cancer du poumon. Les « bons amis » sont ceux dont la mort par cancer du poumon le rendrait profondément triste. Et les « connaissances amicales » sont enfin ceux dont il souhaiterait qu’ils puissent guérir d’un cancer du poumon. N’en ayant pas vraiment d’autres à ma disposition, j’ai utilisé les critères morbides de Chuck pour faire mes propres comptes. Un papier, un crayon, quelques minutes de réflexion, et voilà le résultat (attention, on a dit qu’on ne comptait pas la famille) : Zéro/17/Autant que vous voudrez, je suis quelqu’un de bienveillant.
- Un copier-coller pour terminer, et uniquement parce que c’est à mon avis le passage le plus drôle du livre, et que je veux terminer sur un bonne note. Klosterman a élaboré un test de personnalité de son cru avec 23 questions à poser à toutes les personnes qu’il rencontre afin de décider s’il les aime ou non. Parmi elles, ce dilemme (désolé, c’est intraduisible) : Genetics engineers at Johns Hopkins University announce that they have developed a so-called « super-gorilla ». Though the animal cannot speak, it has a sign language lexicon of over a thousand words, an I.Q. of almost 85, and – most notably – a vague sense of self-awareness. Oddly, the creature (who weighs seven hundred pounds) becomes fascinated by football. The gorilla aspires to play the game at its highest level and quickly develops the rudimentary skills of a defensive end. ESPN analyst Tom Jackson speculates that this gorilla would be “borderline unblockable” and would likely average six sacks a game (although Jackson concedes the beast might be susceptible to counters and misdirection plays). Meanwhile, the gorilla has made it clear he would never intentionally injure any opponent. You are the commissioner of the NFL: Would you allow this gorilla to sign with the Oakland Raiders? Réponse facile : Yes. Les Raiders ont salement besoin d’un coup de main en defense.
PS: le bouquin est apparemment sorti en français. Mais si le reste de la traduction du texte est aussi foirée que celle du titre ("Sexe, drogues et pop-corn"???), mieux vaut sans doute passer son chemin.