15 février 2008

In Bloom

Impossible de me remémorer ma période grunge sans ressentir une profonde nostalgie. Car pour autant que je m’en souvienne, j’ai été vraiment grunge. Pendant au moins deux ans. Et c'était la belle vie. De toute évidence, aucun mouvement musical ne me correspondrait jamais à ce point : j’étais jeune, stupide, oisif (traduction : étudiant), et déjà fondamentalement désabusé. C’était presque trop facile. Quant aux codes vestimentaires et comportementaux du grunge, ils étaient taillés sur mesure. J’avais toujours rêvé de laisser pousser mes cheveux, d’ « oublier » de prendre des douches et de porter mes jeans jusqu’à ce que l’on puisse voir à travers. Je n’étais pas spécialement fou des chemises de bûcheron, mais après tout, pourquoi pas, du moment que je pouvais les laisser pendre sur mes hanches 15 jours d’affilée. Pour le reste, il s’agissait de demeurer apathique en toute circonstance (hormis pendant les matches de foot, on ne se refait pas) et de se bourrer la gueule au moindre prétexte. Pas bien compliqué. Un soir que l’on buvait une bière chez un pote et que je m’apprêtais à rentrer dignement, sa copine débarqua à l’appartement avec des amies à elles. Soit elles étaient très moches, soit elles avaient apporté des bouteilles, mais la seule chose dont je me souviens après c’est de descendre les escaliers quatre à quatre pour aller dégobiller dans le caniveau. Le lendemain, j’eus droit à ce récit édifiant : « Oh, putain, t’étais défoncé hier soir, t’étais vautré dans le canapé, on te secouait, tu réagissais plus… Y a une des gonzesses qui a sorti que t’étais le Kurt Cobain de la fac !… » Je ne me souvenais de rien, mais j’étais flatté. Il ne me restait plus qu'à claquer le reste de mon fric dans une dose d’héroïne et un fusil de chasse, histoire de coller complètement au personnage. Mon seul regret, c’est que bizarrement aucune de ces filles n’ait ensuite cherché à me revoir. Allez savoir pourquoi.

Quoiqu'il en soit, si j'ai choisi « In Bloom » pour illustrer mon propos, c'est pour deux raisons:
- de tout le répertoire de Nirvana, c'est probablement mon titre favori. Un bon petit morceau à la base, mais la batterie de Dave Grohl le propulse littéralement dans une autre dimension.
- Cobain essaie de sourire dans la vidéo. Il paraît que ça n'arrivait pas tous les jours.

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