Ne me dérangez pas, je lis un livre. Ou plutôt, j'essaye. Et j'ai du mal à me concentrer.
C'est peut-être parce que j'ai sous les yeux ma pile de bouquins (dans une poussée autistique, je me suis récemment amusé à les compter. Résultat: 638. A part ça, je me sens tout à fait normal) et que je me dis: « Regarde tout ce que tu as lu, et vois où ça t'a mené... » Pas une grande technique de motivation. Encore une fois, je ne suis pas expert en la matière.
Quoiqu'il en soit, c'est vraiment dommage parce que le livre que je tiens en ce moment dans les mains est excellent. Disons-le tout net, on dirait qu'il a été écrit pour moi.
Car dans « Fargo Rock City » (en anglais, à commander sur amazon), Chuck Klosterman se pose cette question essentielle: quel est l'héritage culturel des groupes de « hair-metal » des années 80? Un début de réponse: malgré le mépris des critiques, il est colossal.
Pourquoi est-ce que ça m'intéresse? Parce qu'il est très facile pour moi de m'identifier à Klosterman (en dehors du fait qu'il vienne du Dakota-du-Nord et moi du Finistère-du-Nord). Nous avons grandi en écoutant la même musique et en collant les mêmes posters sur les murs de nos chambres. Nos âmes d'adolescents timides ont été marquées à jamais par « Shout at the Devil » de Mötley Crüe. Nous pensons tous les deux qu' « Appetite for Destruction » de Guns N' Roses est le meilleur album des années 80, haut la main. Nous accordons beaucoup trop d'importance à la musique, au sport et à la « pop culture » en général. Nous vouons une haine farouche à l'équipe de Marseille et nous nous sentons inadaptés socialement.
OK, oubliez cette dernière phrase : Chuck a l'air complètement épanoui et à aucun moment il ne mentionne le soccer dans son ouvrage. Dommage, mais la similitude aurait alors été presque effrayante.
Toujours est-il que la lecture (non achevée) de « Fargo Rock City » m'aura fait faire deux choses: d'abord ressortir de vieux cartons pour en extirper des cassettes poussiéreuses estampillées « Février 89 ». Mais je doute que vous soyez intéressés par ce qui traîne dans mes placards. Quoique.
Ensuite, et c'est là que ça devient drôle, me précipiter sur Internet (encore...) et enfin voir de mes propres yeux les vidéo clips historiques décrits par Klosterman chapitre après chapitre. Il y a 18 ans j'aurais fait n'importe quoi pour regarder ces chefs d'oeuvre en boucle. Aujourd'hui, ils sont tous à portée de click, et je peux vous dire que ça valait le coup d'attendre.
Saint YouTube, priez pour nous.
- démarrons avec les vétérans masqués de KISS. De leur période dorée dans les années 70 avec le line-up originel et le maquillage, on ne retiendra ici que « Detroit Rock City » (1976), l'hymne qui a inspiré de titre du livre de Klosterman. Mais ça n'est pas vraiment un clip, ni du « hair metal » au sens propre. Il est encore trop tôt. En 83, par contre, c'est une tout autre histoire. KISS a décidé de laisser tomber le maquillage pour donner un second souffle à sa carrière, et nous offre le clip essentiel de « Lick it up »: dans un paysage post-apocalyptique, des amazones scrutent intensément l'arrivée de mystérieux personnages. Tandis qu'ils s'approchent, on ne discerne que leurs jambes (et leurs bottes...), mais après quelques mesures de suspense insoutenable et un bon coup de gratte, les voilà : enfin on sait à quoi ressemblent « au naturel » Paul Stanley et Gene Simmons! Ça peut faire peur. Simmons (le grand qui fait la gueule) est absolument hilarant, si vous voulez mon avis, et l'orgie de bouffe avec les amazones est vraiment cool, mais malheureusement, à la moitié du clip, elles disparaissent. Dommage. Au moins « Lick it up » se fredonne-t-elle toujours agréablement, ce qui est loin d'être le cas de « Heaven's on fire » (84), d'après Chuck le meilleur titre des années sans maquillage. Il faut dire que la vue des quatre KISS partouzant gaiement dans une chambre d'hôtel peut être traumatisante. Regardez quand même et méditez cet extrait du bouquin (je n'ose pas traduire): In real life, Simmons has slept with literally thousands of women and consumed vaginas like they were Pop-Tarts. Gloups.
- Van Halen est un autre groupe décisif. Pour simplifier, ils ont révélé avec leurs deux premiers albums (sortis en 78 et 79) ce fait capital: le « hard-rock » peut être fun. Ce qui a ouvert les portes a approximativement 2364 autres groupes. Les deux atouts principaux de VH étaient l'exubérance de David Lee Roth et bien entendu le jeu de guitare révolutionnaire d'Eddie Van Halen (à propos, comment ces imbéciles de RollingStone peuvent-ils classer Eddie seulement 70ème parmi les 100 greatest guitarists of All Time? C'est n'importe quoi. Rien que pour le nombre de gamins qu'il a influencé et les riffs de « Dance The Night Away » et d' « Ain't Talkin' 'Bout Love », il a sa place dans le top 5. Mais je sors du sujet). Moins connu par contre était leur bassiste Michael Anthony. Et c'est sans doute injuste. Regardez le clip incroyablement cheap du mega-hit de 84 « Jump » (n'essayez pas de me faire croire que vous ne connaissez pas) : Eddie est défoncé, Roth fait le grand écart, mais c'est Anthony qui assure le spectacle dans sa salopette rouge. Sur l'échelle « Je suis trop content d'être là, j'arrive pas à y croire! » (également connue sous le nom de « Hé, regardez, je suis pote avec ces mecs! » qui va de 1 à 10, le bassiste jovial en est probablement à un bon 22,5. Je l'imagine bien, de nos jours, ramenant chez lui une nana qu'il veut emballer et finir par lui montrer ce clip: « T'as vu, je t'avais bien dit que j'étais dans Van Halen... »
- dans ce nouveau millénaire, il existe d'après Chuck encore un endroit dans lequel on peut être sûr d'entendre du « hair metal »: les clubs de strip-tease. Je jure sur la tête de ma future épouse que je ne fréquente pas ce genre d'établissements, mais je suis prêt à croire cette affirmation sur parole. Car voilà bien une situation dans laquelle la musique colle parfaitement au propos. Prenez « Girls, Girls, Girls » (87) de Mötley Crüe, par exemple. Ce n'est pas seulement une chanson pour les boîtes de strip-tease, c'est une chanson sur les boîtes de strip-tease! Il n'ont pas dû se demander trop longtemps où ils allaient tourner la vidéo. Personnellement, j'aurais tendance à tout pardonner au Crüe de l'époque, et c'est toujours avec plaisir que j'écoute les bruits de Harley et le riff si particulier qui propulsent ce titre. Ce qui n'est pas le cas quand je repense à « Pour Some Sugar On Me » (87) de Def Leppard, l'autre classique absolu des effeuilleuses. Honnêtement, ce truc est devenu inécoutable avec le temps: le riff idiot, la production abominable, et des paroles (You got the peaches / I got the cream)... Et ça ne s'est pas arrangé en découvrant le clip, 20 ans après. Joe Elliott ressemble à l'idiot du village, un des guitaristes a les cheveux courts (sacrilège!) et on ne montre pas assez le batteur manchot à mon goût. Le coup de grâce est venu de cet extrait de Chuck (encore une fois, je refuse de traduire): beneath the mammoth stage used in this video was a harem of totally naked women waiting to get fucked. Enfoirés de Def Leppard.
- la meilleure preuve de l'immense popularité du genre dans les années 80 est que même les groupes les plus mauvais vendaient des tas de disques. Coïncidence ou pas, ce sont aussi ces groupes qui sortaient aussi les pires vidéos. Regardez les Warrant faire leur petite chorégraphie au début de « Down Boys » (89). Comme ils sont mignons. Et si vous n'avez pas peur de vous ruiner les yeux et les oreilles, je vous propose en prime le clip de « Cherry Pie » (90), dans lequel Warrant associe avec finesse les tartes à la cerise et les blondes à forte poitrine. Je n'y aurais jamais pensé tout seul.
- oui, tous ces groupes chantaient des textes terriblement sexistes, bien que depuis largement surpassés par 2 ou 3 trillions de rappeurs. Parfois, ils allaient même plus loin en clamant leur amour pour les très (trop) jeunes filles. Appréciez cet extrait d' « All in the name of... » de Mötley Crüe (hélas, pas de vidéo): She's only fifteen/She's the reason – the reason that I can't sleep/You say illegal?/I say, legal's never been my scene!/Oh yeah! Limite, non? Mais au moins on peut toujours considérer, comme c'est mon cas, que Nikki Sixx était suffisamment malin pour que ses textes soient juste de bonnes grosses blagues... Là où ça peut devenir franchement discutable, c'est dans le cas d'un groupe comme Winger et de leur tube « Seventeen » (88). J'ai plus de mal à déceler l'ironie dans cette vidéo aux tons mauves, où une jeune fille à la robe légère se prélasse dans l'ombre sur un canapé. Et pourtant Winger savait faire montre d'ironie (inconsciente?): quand ils essaient de se la jouer romantique dans « Headed for a Heartbreak » (88), le résultat ferait plutôt penser à tout autre chose. Je cite de nouveau Klosterman: if they hadn't included a few extraneous shots of some unknown woman's cleavage, [it] would resemble the opening sequence for a gay porn flick. Ouais, j'imagine très bien le tableau.
- Je déclare solennellement n'avoir jamais écouté Stryper de ma vie. Mais dans l'unique but de vous divertir je souhaitais vous offrir la vidéo d ' « Always there for you » (88). Elle se passe de commentaires.
- Impossible de se lancer dans une pseudo-rétrospective du « hair-metal » sans évoquer Poison. Indiscutablement, si l'on me demande de décrire à quoi ressemblait le « glam-metal », il sont les premiers qui me viennent à l'esprit. Du fun, de la pyrotechnie, des guitares multicolores, et de la laque, beaucoup de laque. Le message de « Nothin' but a good time » (88) est basique: vous avez une vie de merde? Ecoutez donc Poison, et tout ira mieux! (NdA: il faut absolument que je remette la main sur ces cassettes) Mais le synopsis de « Fallen Angel » (88) me touche déjà moins. Une jolie blonde décide de quitter sa campagne et de tenter sa chance à L.A. (quand elle descend du bus, on croit vraiment revoir Axl dans l'intro de « Welcome to the jungle »...) Mais le rêve tourne au cauchemar, et c'est finalement Bret Michaels qui vient sauver la pauvrette en l'embarquant sur sa moto. Je ne sais pas pourquoi, mais je doute que ce soit la solution à mes problèmes.
- Whitesnake n'était pas glam. David Coverdale se prenait trop au sérieux pour ça. Non, son truc c'était plutôt de hurler comme un goret, de prendre un air concerné en fixant la caméra, et de demander à sa copine de l'époque, Tawny Kitaen, de déployer ses jambes interminables dans les clips. En dehors d'assurer le succès du groupe, ce plan-média innovant nous aura légué quelques vidéos mémorables. S'il est presque impossible de ne pas éclater de rire pendant le long break de « Still of the Night », « Here I Go Again » (87) est encore meilleur. Coverdale et les autres sont absolument parfaits dans le ridicule, le plan fugitif diffusé à 0:29 redéfinit à lui seul le terme d' « hair metal », mais ne nous voilons pas la face: c'est le spectacle hypnotisant de Tawny dansant lascivement sur des capots de Jaguar qui rend ce clip inoubliable.
- Passage obligé pour les groupes de l'époque: la ballade, plus communément appelée « power-ballad » pour ne pas sonner trop chochotte. Les maîtres absolus du genre étaient les sous-estimés Cinderella. Leurs titres « rock » tiennent toujours la distance (osez me dire que « Gipsy Road » n'est pas une bonne chanson), mais ce sont leurs ballades qui sont restées, pour la bonne et simple raison qu'elles sont parfaites. Seul problème, les vidéos. « Coming home » (88) suit les pérégrinations d'un beau gosse qui rentre chez lui retrouver sa dulcinée et franchement, même si on est content pour lui, on s'en fout un peu. Et « Don't know what you got (til it's gone) », tournée près d'un lac, ressemble à une pub pour un tour-opérateur. Reste donc le clip d' « Heartbreak Station » (90), la plus parfaite du lot, pour nous confirmer ce dont on se doutait déjà: Tom Keifer était vraiment une très belle femme.
- En vrac et pour terminer, ces liens vers quelques-unes des vidéos qui consistaient à inclure des images du groupe tournées sur scène et en coulisse pendant de vrais concerts. Ce principe se révéla si efficace et populaire que tous les groupes finirent par l'adopter:
C'est peut-être parce que j'ai sous les yeux ma pile de bouquins (dans une poussée autistique, je me suis récemment amusé à les compter. Résultat: 638. A part ça, je me sens tout à fait normal) et que je me dis: « Regarde tout ce que tu as lu, et vois où ça t'a mené... » Pas une grande technique de motivation. Encore une fois, je ne suis pas expert en la matière.
Quoiqu'il en soit, c'est vraiment dommage parce que le livre que je tiens en ce moment dans les mains est excellent. Disons-le tout net, on dirait qu'il a été écrit pour moi.
Car dans « Fargo Rock City » (en anglais, à commander sur amazon), Chuck Klosterman se pose cette question essentielle: quel est l'héritage culturel des groupes de « hair-metal » des années 80? Un début de réponse: malgré le mépris des critiques, il est colossal.
Pourquoi est-ce que ça m'intéresse? Parce qu'il est très facile pour moi de m'identifier à Klosterman (en dehors du fait qu'il vienne du Dakota-du-Nord et moi du Finistère-du-Nord). Nous avons grandi en écoutant la même musique et en collant les mêmes posters sur les murs de nos chambres. Nos âmes d'adolescents timides ont été marquées à jamais par « Shout at the Devil » de Mötley Crüe. Nous pensons tous les deux qu' « Appetite for Destruction » de Guns N' Roses est le meilleur album des années 80, haut la main. Nous accordons beaucoup trop d'importance à la musique, au sport et à la « pop culture » en général. Nous vouons une haine farouche à l'équipe de Marseille et nous nous sentons inadaptés socialement.
OK, oubliez cette dernière phrase : Chuck a l'air complètement épanoui et à aucun moment il ne mentionne le soccer dans son ouvrage. Dommage, mais la similitude aurait alors été presque effrayante.
Toujours est-il que la lecture (non achevée) de « Fargo Rock City » m'aura fait faire deux choses: d'abord ressortir de vieux cartons pour en extirper des cassettes poussiéreuses estampillées « Février 89 ». Mais je doute que vous soyez intéressés par ce qui traîne dans mes placards. Quoique.
Ensuite, et c'est là que ça devient drôle, me précipiter sur Internet (encore...) et enfin voir de mes propres yeux les vidéo clips historiques décrits par Klosterman chapitre après chapitre. Il y a 18 ans j'aurais fait n'importe quoi pour regarder ces chefs d'oeuvre en boucle. Aujourd'hui, ils sont tous à portée de click, et je peux vous dire que ça valait le coup d'attendre.
Saint YouTube, priez pour nous.
- démarrons avec les vétérans masqués de KISS. De leur période dorée dans les années 70 avec le line-up originel et le maquillage, on ne retiendra ici que « Detroit Rock City » (1976), l'hymne qui a inspiré de titre du livre de Klosterman. Mais ça n'est pas vraiment un clip, ni du « hair metal » au sens propre. Il est encore trop tôt. En 83, par contre, c'est une tout autre histoire. KISS a décidé de laisser tomber le maquillage pour donner un second souffle à sa carrière, et nous offre le clip essentiel de « Lick it up »: dans un paysage post-apocalyptique, des amazones scrutent intensément l'arrivée de mystérieux personnages. Tandis qu'ils s'approchent, on ne discerne que leurs jambes (et leurs bottes...), mais après quelques mesures de suspense insoutenable et un bon coup de gratte, les voilà : enfin on sait à quoi ressemblent « au naturel » Paul Stanley et Gene Simmons! Ça peut faire peur. Simmons (le grand qui fait la gueule) est absolument hilarant, si vous voulez mon avis, et l'orgie de bouffe avec les amazones est vraiment cool, mais malheureusement, à la moitié du clip, elles disparaissent. Dommage. Au moins « Lick it up » se fredonne-t-elle toujours agréablement, ce qui est loin d'être le cas de « Heaven's on fire » (84), d'après Chuck le meilleur titre des années sans maquillage. Il faut dire que la vue des quatre KISS partouzant gaiement dans une chambre d'hôtel peut être traumatisante. Regardez quand même et méditez cet extrait du bouquin (je n'ose pas traduire): In real life, Simmons has slept with literally thousands of women and consumed vaginas like they were Pop-Tarts. Gloups.
- Van Halen est un autre groupe décisif. Pour simplifier, ils ont révélé avec leurs deux premiers albums (sortis en 78 et 79) ce fait capital: le « hard-rock » peut être fun. Ce qui a ouvert les portes a approximativement 2364 autres groupes. Les deux atouts principaux de VH étaient l'exubérance de David Lee Roth et bien entendu le jeu de guitare révolutionnaire d'Eddie Van Halen (à propos, comment ces imbéciles de RollingStone peuvent-ils classer Eddie seulement 70ème parmi les 100 greatest guitarists of All Time? C'est n'importe quoi. Rien que pour le nombre de gamins qu'il a influencé et les riffs de « Dance The Night Away » et d' « Ain't Talkin' 'Bout Love », il a sa place dans le top 5. Mais je sors du sujet). Moins connu par contre était leur bassiste Michael Anthony. Et c'est sans doute injuste. Regardez le clip incroyablement cheap du mega-hit de 84 « Jump » (n'essayez pas de me faire croire que vous ne connaissez pas) : Eddie est défoncé, Roth fait le grand écart, mais c'est Anthony qui assure le spectacle dans sa salopette rouge. Sur l'échelle « Je suis trop content d'être là, j'arrive pas à y croire! » (également connue sous le nom de « Hé, regardez, je suis pote avec ces mecs! » qui va de 1 à 10, le bassiste jovial en est probablement à un bon 22,5. Je l'imagine bien, de nos jours, ramenant chez lui une nana qu'il veut emballer et finir par lui montrer ce clip: « T'as vu, je t'avais bien dit que j'étais dans Van Halen... »
- dans ce nouveau millénaire, il existe d'après Chuck encore un endroit dans lequel on peut être sûr d'entendre du « hair metal »: les clubs de strip-tease. Je jure sur la tête de ma future épouse que je ne fréquente pas ce genre d'établissements, mais je suis prêt à croire cette affirmation sur parole. Car voilà bien une situation dans laquelle la musique colle parfaitement au propos. Prenez « Girls, Girls, Girls » (87) de Mötley Crüe, par exemple. Ce n'est pas seulement une chanson pour les boîtes de strip-tease, c'est une chanson sur les boîtes de strip-tease! Il n'ont pas dû se demander trop longtemps où ils allaient tourner la vidéo. Personnellement, j'aurais tendance à tout pardonner au Crüe de l'époque, et c'est toujours avec plaisir que j'écoute les bruits de Harley et le riff si particulier qui propulsent ce titre. Ce qui n'est pas le cas quand je repense à « Pour Some Sugar On Me » (87) de Def Leppard, l'autre classique absolu des effeuilleuses. Honnêtement, ce truc est devenu inécoutable avec le temps: le riff idiot, la production abominable, et des paroles (You got the peaches / I got the cream)... Et ça ne s'est pas arrangé en découvrant le clip, 20 ans après. Joe Elliott ressemble à l'idiot du village, un des guitaristes a les cheveux courts (sacrilège!) et on ne montre pas assez le batteur manchot à mon goût. Le coup de grâce est venu de cet extrait de Chuck (encore une fois, je refuse de traduire): beneath the mammoth stage used in this video was a harem of totally naked women waiting to get fucked. Enfoirés de Def Leppard.
- la meilleure preuve de l'immense popularité du genre dans les années 80 est que même les groupes les plus mauvais vendaient des tas de disques. Coïncidence ou pas, ce sont aussi ces groupes qui sortaient aussi les pires vidéos. Regardez les Warrant faire leur petite chorégraphie au début de « Down Boys » (89). Comme ils sont mignons. Et si vous n'avez pas peur de vous ruiner les yeux et les oreilles, je vous propose en prime le clip de « Cherry Pie » (90), dans lequel Warrant associe avec finesse les tartes à la cerise et les blondes à forte poitrine. Je n'y aurais jamais pensé tout seul.
- oui, tous ces groupes chantaient des textes terriblement sexistes, bien que depuis largement surpassés par 2 ou 3 trillions de rappeurs. Parfois, ils allaient même plus loin en clamant leur amour pour les très (trop) jeunes filles. Appréciez cet extrait d' « All in the name of... » de Mötley Crüe (hélas, pas de vidéo): She's only fifteen/She's the reason – the reason that I can't sleep/You say illegal?/I say, legal's never been my scene!/Oh yeah! Limite, non? Mais au moins on peut toujours considérer, comme c'est mon cas, que Nikki Sixx était suffisamment malin pour que ses textes soient juste de bonnes grosses blagues... Là où ça peut devenir franchement discutable, c'est dans le cas d'un groupe comme Winger et de leur tube « Seventeen » (88). J'ai plus de mal à déceler l'ironie dans cette vidéo aux tons mauves, où une jeune fille à la robe légère se prélasse dans l'ombre sur un canapé. Et pourtant Winger savait faire montre d'ironie (inconsciente?): quand ils essaient de se la jouer romantique dans « Headed for a Heartbreak » (88), le résultat ferait plutôt penser à tout autre chose. Je cite de nouveau Klosterman: if they hadn't included a few extraneous shots of some unknown woman's cleavage, [it] would resemble the opening sequence for a gay porn flick. Ouais, j'imagine très bien le tableau.
- Je déclare solennellement n'avoir jamais écouté Stryper de ma vie. Mais dans l'unique but de vous divertir je souhaitais vous offrir la vidéo d ' « Always there for you » (88). Elle se passe de commentaires.
- Impossible de se lancer dans une pseudo-rétrospective du « hair-metal » sans évoquer Poison. Indiscutablement, si l'on me demande de décrire à quoi ressemblait le « glam-metal », il sont les premiers qui me viennent à l'esprit. Du fun, de la pyrotechnie, des guitares multicolores, et de la laque, beaucoup de laque. Le message de « Nothin' but a good time » (88) est basique: vous avez une vie de merde? Ecoutez donc Poison, et tout ira mieux! (NdA: il faut absolument que je remette la main sur ces cassettes) Mais le synopsis de « Fallen Angel » (88) me touche déjà moins. Une jolie blonde décide de quitter sa campagne et de tenter sa chance à L.A. (quand elle descend du bus, on croit vraiment revoir Axl dans l'intro de « Welcome to the jungle »...) Mais le rêve tourne au cauchemar, et c'est finalement Bret Michaels qui vient sauver la pauvrette en l'embarquant sur sa moto. Je ne sais pas pourquoi, mais je doute que ce soit la solution à mes problèmes.
- Whitesnake n'était pas glam. David Coverdale se prenait trop au sérieux pour ça. Non, son truc c'était plutôt de hurler comme un goret, de prendre un air concerné en fixant la caméra, et de demander à sa copine de l'époque, Tawny Kitaen, de déployer ses jambes interminables dans les clips. En dehors d'assurer le succès du groupe, ce plan-média innovant nous aura légué quelques vidéos mémorables. S'il est presque impossible de ne pas éclater de rire pendant le long break de « Still of the Night », « Here I Go Again » (87) est encore meilleur. Coverdale et les autres sont absolument parfaits dans le ridicule, le plan fugitif diffusé à 0:29 redéfinit à lui seul le terme d' « hair metal », mais ne nous voilons pas la face: c'est le spectacle hypnotisant de Tawny dansant lascivement sur des capots de Jaguar qui rend ce clip inoubliable.
- Passage obligé pour les groupes de l'époque: la ballade, plus communément appelée « power-ballad » pour ne pas sonner trop chochotte. Les maîtres absolus du genre étaient les sous-estimés Cinderella. Leurs titres « rock » tiennent toujours la distance (osez me dire que « Gipsy Road » n'est pas une bonne chanson), mais ce sont leurs ballades qui sont restées, pour la bonne et simple raison qu'elles sont parfaites. Seul problème, les vidéos. « Coming home » (88) suit les pérégrinations d'un beau gosse qui rentre chez lui retrouver sa dulcinée et franchement, même si on est content pour lui, on s'en fout un peu. Et « Don't know what you got (til it's gone) », tournée près d'un lac, ressemble à une pub pour un tour-opérateur. Reste donc le clip d' « Heartbreak Station » (90), la plus parfaite du lot, pour nous confirmer ce dont on se doutait déjà: Tom Keifer était vraiment une très belle femme.
- En vrac et pour terminer, ces liens vers quelques-unes des vidéos qui consistaient à inclure des images du groupe tournées sur scène et en coulisse pendant de vrais concerts. Ce principe se révéla si efficace et populaire que tous les groupes finirent par l'adopter:
- appréciez tout d'abord la stupidité intégrale du clip de « Panama » (84) par Van Halen.
- puis les belles images au ralenti de Mötley Crüe dans « Home Sweet Home » (85)
- compatissez aux problèmes d'alcoolisme des membres de Poison exposés sans fausse pudeur dans « Every Rose Has Its Thorn » (88)
- ainsi que devant les beaux yeux fatigués de Jon Bon Jovi dans « Wanted Dead Or Alive » (86, de loin leur meilleur titre)
- et enfin prosternez-vous devant la puissance des Guns N' Roses dans « Paradise City » (88). Comme le dit si bien Klosterman, « Appetite for Destruction » is the singular answer to the question, « Why did hair metal need to exist? » Amen.
N'oubliez pas, ces clips ne représentent que la partie visible de l'iceberg. Faites-vous plaisir et usez-vous les yeux sur YouTube.
N'oubliez pas, ces clips ne représentent que la partie visible de l'iceberg. Faites-vous plaisir et usez-vous les yeux sur YouTube.
4 commentaires:
Welcome to the jungle en live...
Jamais à l'époque j'aurais pensé voir ça à la TV.
Merci U tube....
Stryper, c'est une reprise des Inconnus?
Très bon! Mais vaut mieux couper le son!
Une idée que je te soumets : A qd un power ranking Groland? J'verrai bien michel sardouille bien placé! Ciao.
ps:Rassure moi, les posters se sont arrachés à la foire st mich!!!
hou la la va me falloir un peu de temps pour voir tout ça mais les commentaires viendront!
Pfiouuu j'aime tellement ce monde du glam rock 80's... Même si les looks ou les danses paraissent légèrement décalées mais merde jmen fou je fais pareil hehe ^^
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