31 juillet 2006

Dope, dope, dope

Un véritable tsunami vient de frapper le monde du sport. Semant la stupeur et la consternation parmi les athlètes, les media et les spectateurs. Sans que rien ne puisse la laisser présager, ses capacités de dévastation multipliées par l’absence de préparation du public, la terrible nouvelle a tout emporté sur son passage.

Il y a du dopage dans le sport.

Quel choc.
On nous aurait donc menti, à nous tous, les amoureux du sport, nous qui croyons aux exploits et aux héros, nous qui payons nos places dans les stades et nos abonnements aux chaînes spécialisées…
Certains de ceux que nous applaudissons, peut-être même tous (mais oh mon Dieu non, je ne veux pas y croire, ce serait trop horrible…), seraient donc des drogués ? La devise des sportifs n’est-elle pas (je ne vous ferai pas l’injure de traduire) Mens sana in corpore sano ?

Et bien, non.
Ce serait plutôt : Gagner (une course, un titre, de l’argent) à tout prix.
Et personnellement, ça me va tout à fait.

Je n’ai aucune intention de joindre ma voix au chœur des vierges effarouchées qui font semblant de découvrir le vrai visage de la performance. Il faut vraiment s’appeler Laurent Jalabert pour parler de « cas isolé », France Télévisions pour dénoncer « les tricheurs qui pénalisent l’immense majorité de coureurs propres », ou la direction du Tour de France pour célébrer « le Tour du renouveau ». Allons, messieurs, s’il vous plaît, un peu de décence !
Nous savons tous que TOUS les vainqueurs du Tour ont été, sont et seront dopés à mort. C’est une loi immuable, presque une loi de la physique, comme « l’eau bout à 100°C ». Et s’il n’était question que des vainqueurs… Ce serait tellement plus simple de n’accuser que celui qui franchit le premier la ligne d’arrivée. Car le dopage n’est pas seulement nécessaire pour gagner la course, mais avant tout pour pouvoir suivre les autres.
Voilà pourquoi le peloton que le peuple acclame sur le bord des routes est aussi chargé qu’un groupe de teufeurs titubants à deux mètres d’un mur d’enceintes à 7h du matin.

Je n’ai pas non plus envie de défendre Landis et Gatlin, pour plusieurs raisons évidentes.
D’abord parce qu’ils sont incroyablement stupides de s’être fait prendre. On parle d’analyses d’urine positives, comme si les athlètes faisaient encore du pipi fluorescent. Ces analyses sont tout juste bonnes à détecter l’albumine avec une bandelette de couleur ! A ce niveau de bêtise, ce n’est plus Floyd et Justin, mais Dumb and Dumber.
Ensuite parce que prendre de la testostérone, c’est sous-entendre que vos organes n’en produisent pas suffisamment. Ce qui risque d’attirer rapidement sur vous et votre virilité des commentaires désobligeants. (si vous ignorez par quels organes la testostérone est secrétée, je ne sais que vous dire. Ouvrez donc un bouquin de physiologie.)
Et enfin parce que leurs contrôles positifs donnent l’occasion aux media de nous infliger à nouveau la sempiternelle leçon de morale sur les méfaits du dopage, ainsi que le traditionnel et hypocrite « Que faire pour éradiquer ce fléau ? » Le jour où les journalistes arrêteront d’avoir l’air de tomber des nues à chaque nouvelle affaire de ce genre, il faudra fêter ça à grands coups d’injections de stéroïdes.
Un malheur n’arrivant jamais seul, la nationalité des deux accusés leur offre également une splendide opportunité pour cracher leur haine de l’Amérique.
Un champion américain dopé ? Un trop bel os à ronger pour France 2, Canal+ et compagnie.
Mais deux Américains ? C’est la fête au village. Encore un et ils vont pouvoir se lâcher comme au bon vieux temps de Bush = Terroriste.

Ce que j’ai réellement envie de dire sur le dopage, ma conviction profonde, si vous préférez, tient en deux mots : Allez-y.
Dopez-vous, mais faites-le bien. Faites-le à fond.
Vous êtes des sportifs professionnels. Vous n’avez qu’un seul objectif : gagner. Vous devez mettre toutes les chances de votre côté. Aucune source de motivation, aucune méthode d’entraînement, aucun produit pharmaceutique n’est à négliger.
Les contrôles ? Bannissons-les.
Les risques pour la santé ? Et alors ? Vous êtes payés pour courir, sauter ou jouer à la baballe. Payés des sommes colossales. Ne me dites pas que le jeu n’en vaut pas la chandelle. Et un dopage plus efficace, c’est plus de sous sur votre compte, ne l’oubliez pas.

Pour en finir avec l’hypocrisie et les scandales, la dépénalisation du dopage est la seule solution.
Il nous faut une compétition débridée.

Je ne veux pas d’Agence Mondiale Antidopage pour jouer les gendarmes. Je ne veux pas de loi Antidopage écrite par Marie-George Buffet. Je ne veux pas de laboratoire d’analyse qui bidouille dans son coin. Je ne veux pas de professeur émérite pontifiant sur les dangers de l’EPO. Je ne veux pas de numéro vert SOS Dopage. Je ne veux pas des télés qui font la morale. Je ne veux pas des entraîneurs français qui se réjouissent quand les autres se font prendre. Je ne veux pas que Stéphane Diagana vienne me faire la leçon. Et par-dessus tout je ne veux pas des pleurnicheurs qui restent à la traîne et qui accusent les autres de tricher.

Ce que je veux ?
J’en veux pour mon pognon.
Je veux des forçats de la route qui pédalent à 60 à l’heure pendant 200 kilomètres. Je veux des haltérophiles herculéens qui soulèvent 500 kilos. Je veux des fusées qui descendent sous les 9 secondes au 100 mètres (osez me dire que ce n’était pas génial de voir Ben Johnson gagner la médaille d’or à Séoul avec deux mètres d’avance tout en pointant le doigt vers le ciel. A moins que Carl Lewis n’ait été votre idole de jeunesse ? Dans ce cas je vous déconseille fortement de cliquez ici. Faites-moi confiance, vous n’avez pas envie de voir ça. Non, vraiment, il ne faut pas). Je veux des javelots qui se plantent dans le parking de l’autre côté du stade. Je veux des tight-ends de 2,10m et 130kg qui courent les 40 yards en 4 secondes et qui se font plaquer par des linebackers larges comme des frigos industriels. Je veux des boxeurs qui se tapent dessus pendant 30 rounds. Je veux des ailiers qui décollent de la ligne à trois-points pour aller écraser un dunk sur des pivots de 2,30m. Je veux des stars vieillissantes du football qui sont au bout du rouleau mais qui se réveillent subitement pour les matches décisifs de la Coupe du Monde et qui arrivent en finale tellement à bloc qu’ils finissent par envoyer un coup de boule monumental dans la poitrine d’un adversaire.

Je suis un type ordinaire.
Je veux du pain et des jeux.

28 juillet 2006

Le Panthéon, enfin

Voilà. Nous y sommes. Après des jours et des jours de débats houleux, de prises de bec internes, de choix douloureux, d’omissions volontaires et de décisions surprises, j’y suis finalement arrivé.
Le Panthéon est constitué.
J’espère que ça n’aura pas été trop dur d’attendre, mais vous allez voir que ça valait le coup.
Un mot, simplement, sur les critères de sélection. Ils sont purement arbitraires, comme il se doit, mais la plupart des candidatures retenues remplissaient l’une ou l’autre des qualités suivantes :
- avoir fait du mal à l’Equipe de France.
- avoir joué à Brest.
- avoir rendu fous de rage les journalistes.
- avoir été un basketteur américain.
- m’avoir fait pleurer.
Je crois que nous pouvons commencer.

Et d’abord, ceux qui n’ont pas passé le cut :
Sitôt envisagés, sitôt éliminés : Patrick Chaslerie, Ronan Salaün, Maurice Bouquet, François Yvinec, Charly Chaker ou tout autre personnage impliqué dans l’aventure du Brest Armorique. Mais il y a une exception.
J’ai hésité un peu : Ronaldo, Ronaldinho, Danemark 1992, République Tchèque 1996, Horst Hrubesch, Andreas Brehme, Uruguay 2002, Jacques Glassmann, Israël 1993, Scottie Pippen.
Ils y étaient presque : Etoile Rouge de Belgrade 1991, Dream Team 1992, David Ginola, Pascal Feindouno, Cyrille Pouget.

Mais laissons les losers là où ils sont, et découvrons ensemble les élus.

Les tueurs de Bleurks

Emil Kostadinov (passé à la postérité le 17/11/1993)
Je dois vous avouer que j’ai failli le laisser de côté. Mais vous connaissant, vous auriez hurlé au scandale, et vous auriez eu raison. Car, en plus d’arborer une splendide coupe de cheveux, Kostadinov répond sans problème à deux des critères définis plus haut. En effet il restera à jamais l’homme qui, à la dernière minute, a empêché la France d’aller à la Coupe du Monde aux Etats-Unis.
Il y a quelques semaines encore il était LE joueur maudit par tous les supporters des Bleurks. Et je suis sûr qu’il donne toujours des cauchemars à Gérard Houllier.
Pourquoi si peu d’enthousiasme, alors ? Ne suis-je pas censé détester les Bleurks comme personne ? N’ai-je pas passé une Coupe du Monde entière à essayer de vous le prouver ? Bien sûr que oui. Mais 93, c’était il y a très longtemps. Si je peux me permettre de jouer les vieux cons, c’était une autre époque. La popularité de l’Equipe de France était quasi-nulle. De même pour son niveau de jeu. Amusez-vous à retrouver l’effectif de cette nuit de novembre. Vous n’allez pas en croire vos yeux. Pour autant que je sache, le pays ne se sentait pas vraiment concerné par cette équipe. Et moi non plus. Oh, j’avais regardé ce match, c’est entendu, et sans aucun doute ricané (pas de vidéo pour le prouver, hélas) en voyant la détresse de Papin, Deschamps et compagnie. Mais, aussi étrange que cela puisse paraître aujourd’hui, ce n’était que l’Equipe de France. Rien à voir avec Marseille, sur laquelle toute ma haine se déversait à l’époque. Sur le moment, la France éliminée, ce n’était qu’une péripétie. Plaisante, certes, mais sans qu’il y ait à sauter au plafond.
C’est rétrospectivement que l’exploit (c’en était réellement un. Vérifiez par vous-même) de Kostadinov prend finalement toute sa valeur. Je n’ai pas d’autre exemple d’une équipe privée de Coupe du Monde à la dernière seconde. Encore moins quand un match nul lui suffisait sur les deux derniers matches (à domicile contre Israël et Bulgarie). Et puis, sans Emil, l’Equipe de France serait allé aux USA et, sans vouloir se faire peur, elle aurait peut-être trouvé le moyen de gagner la Coupe du Monde ! Le cauchemar en bleurk aurait commencé quatre ans plus tôt !
C’est pourquoi je ne pouvais me résoudre à abandonner Kostadinov aux portes de mon Panthéon. Pour tout ce qu’il nous a évité.

Papa Bouba Diop (passé à la postérité le 31/05/2002)
Avec le Sénégalais, nous célébrons l’apparition d’une autre catégorie de joueurs. Ceux qui ont tué les « Champions du Monde ! » J’ai déjà parlé de ce match d’ouverture historique (anciennement n°2 sur la liste de « Mes 9 plus grands bonheurs en bleu »), de mon dégoût avant cette Coupe du Monde dont les Bleurks étaient archi-favoris et de ma joie inoubliable d’après match. Que dire maintenant à propos de Bouba Diop le buteur ? Pas grand-chose. Je sais qu’il jouait à Lens et qu’il est parti en Angleterre après la Corée. Je sais aussi que je n’en ai plus entendu parler depuis. Je ne suis pas sûr de vouloir. Je n’ai pas envie de googler « Bouba Diop » et de trouver quelque chose d’embarrassant. Cet homme est un héros. Point à la ligne.

Dennis Rommedahl et Jon Dahl Tomasson (passés à la postérité le 11/06/2002)
Ils ont mérité mille fois leur place ici pour avoir planté les deux derniers clous dans le cercueil coréen des Bleurks. Il est facile aujourd’hui d’évoquer le fiasco de 2002 en disant que l’Equipe de France était nulle, fatiguée, et qu’elle ne « méritait pas de passer le premier tour ». Peut-être. Mais si vous faites un léger effort de mémoire pour vous ramener quelques semaines en arrière, vous serez d’accord avec moi pour dire que cette année, c’était exactement la même chose. Vous vous souvenez de France-Suisse et de France-Corée ? Grands matches, non ? Hélas, après ça, les Bleurks ont battu le Togo, et voyez où ça les a menés.
En 2002, malheureusement pour eux, ils avaient dû affronter une véritable équipe de foot lors du troisième match décisif. Croyez-moi, sans Rommedahl, Tomasson et leurs petits copains danois, nous garderions tous un souvenir très différent de 2002. Encore une fois, merci.

Angelos Charisteas (passé à la postérité le 25/06/2004)
Mon Dieu, ce que ces Grecs étaient pénibles à voir jouer ! Et comme j’étais heureux quand ils ont éliminé les Bleurks ! Etant l’unique buteur de ce match, Charisteas se retrouve donc automatiquement dans ce Panthéon.
J’aimerais également souligner un fait intéressant passé inaperçu à l’époque. Après sa tête victorieuse, Charisteas, fou de joie, court vers les bancs, soulève son maillot blanc, et dévoile un T-shirt au nom de Micoud, son partenaire français du Werder de Brême, non sélectionné par Santini. Totalement fou, et pourtant absolument authentique.
Quelle idée géniale pour humilier un adversaire… Je crois que personne n’a jamais fait mieux. En toute objectivité, c’est l’enchaînement parfait : non seulement Charisteas marque le but décisif, ce qui fait déjà assez mal en soi, mais il va parachever son œuvre avec ce T-shirt, façon de dire au sélectionneur adverse « Hé, couillon, si t’avais sélectionné mon pote, t’aurais peut-être pu gagner ce match ! »
Plus j’y pense, plus j’adore ce geste. Le seul équivalent valable aurait été de voir Ronaldinho marquer contre la France (on peut toujours rêver), puis se précipiter vers Domenech pour lui mettre sous le nez un T-shirt GIULY. J’aurais tué pour voir ça.

Marco Materazzi et Fabio Grosso (passés à la postérité le 09/07/2006)
Plusieurs années sont en général nécessaires avant de pouvoir postuler pour le Panthéon. La procédure peut toutefois, dans certaines circonstances exceptionnelles, être accélérée. Je ne pense pas que le choix d’introniser ces deux joueurs aussi rapidement soit un jour contesté.
Et c’est tout ce que j’aurais à dire.
NB : les joueurs suivants se voient attribuer une mention spéciale pour leur participation à la séance de tirs au but lors de la finale de la Coupe du Monde de la FIFA 2006 au Stade Olympique de Berlin : Gianluigi Buffon, Andrea Pirlo, Daniele De Rossi, Alessandro Del Piero.

Mes amis américains

Michael Jordan
Quoi ? MJ dans le Panthéon ? Quel manque d’originalité, quel conformisme… Jordan a déjà une place dans tous les Panthéons de la Terre…
C’est entendu, tous les « experts » un peu sérieux s’accordent à dire que seuls Pelé et Ali évoluent au même niveau que Jordan et pourraient lui contester le titre de « Plus Grand Sportif de Tous Les Temps ». Exagéré, vous croyez ? Pas un seul instant. Jordan a TOUT gagné. Et radicalement transformé son sport.
Je n’ai pas envie de me lancer dans un long résumé de sa carrière. Si vous n’en connaissez pas les grandes lignes, renseignez-vous. Sachez simplement que Michael Jordan, en plus d’être un athlète exceptionnel, était surtout un compétiteur maladif. Dans tous les aspects de sa vie. Et sur un terrain de basket, cela se traduisait de cette façon : game-winning shots.
Maintenant, si vous voulez savoir pourquoi je ne pouvais laisser Jordan en dehors de mon Panthéon, laissez-moi vous raconter un histoire : « Mon premier match de NBA ! »
C’était le premier match de la finale entre Chicago et Portland, en juin 92. Je savais qui était Michael Jordan, j’étais au courant pour les chaussures, et mon attention envers le « basket américain » avait été attirée par quelques bouts de matches aperçus sur Canal. Mais je n’avais jamais vu la star. Je ne suis pas sûr qu’à l’époque je savais à quoi il ressemblait. Alors j’ai décidé que ça allait changer. Je me suis levé à 2h du matin pour regarder le match. Et, oui, beaucoup de choses ont changé pour moi cette nuit-là. Jordan a marqué 35 points durant la seule première mi-temps (record à battre) dont 6 paniers à trois points (record à battre, à nouveau), rendant absolument fous les défenseurs, la salle de Chicago, les commentateurs américains et étrangers (George Eddy, dont l’accent était alors bien plus épais qu’aujourd’hui, a failli y passer : « Unbelievable, Jordan, Jordan, Jordaaaan ! » « Ba ba ba ba ba c’est pas possiiiible ! » « Oh no, arrêtez ! »), les dizaines de millions de téléspectateurs et un pauvre type comme moi qui n’en croyait pas ses yeux. Jordan, lui-même, semblait incrédule : regardez la vidéo.
Et vous vous demandez pourquoi après ça j’ai passé des années à le regarder jouer.

Shawn Kemp
Retour en 92. Je venais de voir Jordan et ses Bulls remporter un deuxième titre consécutif, et ma décision était prise : j’allais me mettre à suivre sérieusement la NBA. Apprendre le nom des équipes, savoir reconnaître les joueurs, comprendre le système des divisions et des conférences, suivre les scores et l’évolution des classements jour après jour, etc.
J’avais donc un nouveau but dans la vie. Et n’oubliez pas que c’était AVANT Internet (les historiens du futur diront que notre civilisation était encore primitive), et qu’il fallait donc une énorme motivation pour atteindre ces objectifs. Tant bien que mal, j’y suis arrivé. Restait alors le plus important. Il me fallait une équipe. Comment se passionner pleinement pour un sport sans être un supporter ? Ma motivation risquait de s’essouffler rapidement en l’absence d’une équipe favorite. Mais laquelle choisir ? Chicago semblait être un choix trop évident, ils étaient les meilleurs et cela n’avait aucun sens de devenir leur supporter. Je ne voulais pas non plus des franchises historiques comme les Lakers, les Knicks ou les Celtics. J’avais besoin de pouvoir m’identifier un minimum avec une équipe.
Et c’est là où j’ai pensé à Seattle. La ville de Boeing, de Microsoft, du café et de la pluie. Et surtout celle du grunge. Kurt Cobain était toujours en vie, mes jeans étaient troués aux genoux et mes cheveux n’en finissaient plus de pousser. Seattle était le seul choix logique. De plus, au point de vue basket, les SuperSonics étaient une équipe jeune et pleine de promesses, je ne risquais donc pas de me retrouver avec une bande de losers.
Je n’ai pas tardé à me rendre compte à quel point mon choix était excellent. Les Sonics étaient alors emmenés par le duo le plus spectaculaire de la ligue, avec Gary Payton à la mène et Shawn Kemp à la finition.
Kemp était incroyable. Sa gueule, sa démarche, sa rage étaient inégalables. Non seulement il savait jouer au basket (six fois All-Star) mais c’était surtout un des joueurs les plus spectaculaires de l’histoire, et sans aucun doute le dunker le plus FEROCE qui ait jamais existé. Pas aussi élégant que Jordan (faites-vous plaisir ici), pas aussi haut que Vince Carter (regardez ce dunk sur Zo Mourning la saison dernière : il n’y a pas de mots pour le décrire) mais plus intense, plus méchant que n’importe qui.
Hélas, Kemp n’aura pas eu la carrière qu’il méritait. Après une finale perdue en 96 contre Jordan où il sera le meilleur joueur sur le parquet, les dirigeants de Seattle vont accumuler les décisions catastrophiques et finiront par échanger leur star, qui se retrouvera à Cleveland. Kemp y fera encore deux très bonnes saisons avant la fameuse grève de 98-99, qui lui sera fatale. Quand le championnat finit par reprendre, Kemp a doublé de volume. Il est énorme. Et désormais c’est dans la rubrique fait-divers qu’il fera le plus souvent la une : problème de poids, donc, mais aussi de coke, d’alcool, et d’enfants illégitimes. (sept, au dernier pointage)
Il terminera sa carrière en 2003 à Orlando. J’ai vu un de ses derniers matches sur Canal+. J’avais vraiment mal pour lui.
Heureusement, il me reste les souvenirs de la grande époque des Sonics, et YouTube. A la fin de cette vidéo, vous allez voir un dunk (contre Golden State, en bleu) repasser à plusieurs reprises. Une seconde de folie pure. Malgré Vince Carter, j’attends toujours que quelqu’un fasse mieux.

Lance Armstrong
A l’occasion d’un dîner en ville, amusez-vous à évoquer en termes flatteurs ce champion cycliste. Vous pouvez être sûr que les autres convives ne resteront pas indifférents à vos éloges : « Dopé ! », « Sale Ricain ! », « Texan de m… ! », « C’est un pote à Bush ! », « En plus il a insulté les Bleus ! »
Voilà précisément toutes les raisons pour lesquelles j’aime Lance, et c’est tout naturellement que je lui fais une place dans mon Panthéon. Avoir remporté sept Tour de France consécutifs est certes extraordinaire, mais cela n’aurait pas suffit sans le reste. Indurain en a gagné cinq, et je n’ai songé à lui à aucun moment pour faire partie de cette liste.
Car ce qui était génial dans les dernières victoires d’Armstrong, c’était que la France entière, journalistes en tête, voulait le voir échouer, mais que rien n’y faisait. Lance continuait à gagner des étapes en serrant le point à l’arrivée. Et les journalistes n’avaient plus qu’à se lamenter : « On voit mal qui pourrait empêcher Armstrong de gagner un nouveau Tour cette année… » Sûrement pas un français.
Quant à ses dernières déclarations sur l’Equipe de France, je ne peux les qualifier autrement que de délicieuses. C’était avant tout une mauvaise blague dans un show de remise de prix (la preuve ici. Vous avez intérêt à comprendre l’anglais) mais c’est la réaction offusquée de nos chers média qui lui a donné toute sa saveur. Bien vu, Lance.

Ils m’ont fait pleurer

Brésil 1982
J’avais 8 ans. Ils avaient une équipe géniale (Zico, Socrates, Falcao, Junior), ils jouaient le plus beau football de la Terre, j’avais leur magnifique maillot sur les épaules (je répète : j’avais 8 ans), je voulais qu’ils gagnent tous les matches et qu’ils soulèvent la Coupe. Et puis ils ont joué contre l’Italie, c’était un match incroyable, et ils ont perdu 3-2. Eliminés de la Coupe du Monde.
C’est la dernière fois que j’ai pleuré à cause d’un match de foot.
J’avais 8 ans.

Le Plus Grand Joueur de Football de L’Histoire de Brest

Roberto Cabanas
La légende vivante. Né au Paraguay en 61, acheté très jeune par le Cosmos de New York, où il joue aux côtés de Beckenbauer et devient meilleur buteur de la défunte ligue pro américaine. Cliquez ici et admirez le travail. Il passe ensuite trois saisons à l’America Cali, en Colombie, et devient la star de l’équipe, la menant à trois finales consécutives de Copa Libertadores.
Et c’est alors que Roberto va faire son apparition dans ma vie.
Saison 87-88. Brest souffre le martyre en D1. L’équipe n’est tout simplement pas assez bonne. Il lui faut un vrai joueur de foot. Ne me demandez pas comment, mais le bon président Yvinec a déniché la perle rare en Amérique du sud.
Nous sommes en novembre, et les journaux annoncent déjà la venue du sauveur. Seul problème, les Colombiens ne veulent plus le lâcher. Yvinec fait le déplacement pour trouver un arrangement, et alors qu’on croit que tout va se régler, l’affaire se complique encore. On nous dit que Cabanas veut partir, mais que les Colombiens l’ont mis sous bonne garde. De folles rumeurs circulent, on parle de « séquestration » d’Yvinec et de son interprète par les trafiquants de drogue qui dirigent le club (rappelez-vous, c’est la Colombie des années 80), tandis que les choses s’éternisent. On apprendra plus tard que l’interprète était aussi la maîtresse d’Yvinec, ce qui m’amène à m’interroger sur les conditions de la « séquestration ». Mais la bonne nouvelle finit par arriver : « Ils sont libres ! »
Après des semaines d’une affaire qui a mis en émoi tout une ville, l’avion ramenant Cabanas se pose sur l’aéroport de Brest-Guipavas. Nous sommes le samedi 19 décembre 1987. Je peux en parler, j’y étais. Je peux parler de la foule et des cris de joie. Inouï. Roberto n’a eu qu’à poser le pied en terre brestoise, et il était déjà un héros. (NB : tous les évènements rapportés à partir de maintenant figurent sur la mythique cassette VHS « La Fabuleuse Histoire du Foot à Brest », avec bien évidemment Roberto en couverture. Vous ne l’avez pas ? Dommage, car elle est totalement introuvable aujourd’hui. Et, non, je ne la vends pas.) Et comme si cette journée n’était pas déjà assez belle, le soir même, Brest bat Marseille, 2-1, avec Roberto dans les tribunes. Vous parlez d’une arrivée en fanfare.
Malheureusement, l’euphorie sera de courte durée, car la Ligue, dans sa bêtise insondable, n’autorise pas Cabanas à jouer avant le 1er juillet (je n’arrive toujours pas à croire comment cela a pu arriver. Plus de 6 mois avant d’être qualifié ! Ils nous ont privé de 6 mois de Roberto ! Mais justice a finalement été faite : Jean Sadoul pourrit en enfer depuis déjà un bon moment. J’espère qu’il y souffrira pour l’éternité) et Brest descend finalement en D2. Roberto y fait des merveilles, accompagné par Binic (futur membre de l’équipe de l’Etoile Rouge vainqueur de Marseille en finale de la Coupe d’Europe, ce qui mérite bien une mention dans le Panthéon) et porte l’équipe jusqu’aux barrages. A ce propos la Ligue devrait songer à remettre ce système insensé au goût du jour. C’étaient les matches les plus acharnés que l’on puisse imaginer, une question de vie ou de mort. Sérieusement, Canal+ devrait exiger le retour des barrages. Ne me dites pas que vous ne regarderiez pas un Caen-Ajaccio ou un Sochaux-Créteil décisif pour une place en Ligue 1.
Bon, revenons à notre sujet. Cette année-là, donc, après avoir sorti Le Havre et Nîmes, Strasbourg se dressait en dernier rempart sur la route de Brest vers la D1. Le 2-2 en Alsace était un bon résultat (je me rappelle le stress en écoutant la radio), restait à conclure à domicile. Et là, dans un stade Francis-Le-Blé plein à craquer (façon Heysel), c’est Roberto qui marque l’unique but du match et qui envoie Brest en D1… Le terrain est envahi, Roberto porté en triomphe. Enfin nous allions retrouver notre place. La folie du transfert de Cabanas était définitivement justifiée.
Sa seule et unique saison dans l’élite avec Brest (il fut ensuite transféré à Lyon) fut remplie de grands moments. La victoire contre Bordeaux, par exemple, ou ce match contre Metz où il évite le but d’un retourné acrobatique sur la ligne avant de nous donner la victoire quelques minutes plus tard. Les portes du Panthéon lui étaient d’ores et déjà grandes ouvertes, et puis est arrivé LE match.
Quand Marseille se pointe avec ses stars à Brest, le 24 mars 1990, la tension est énorme. En plus de l'évènement constitué par le mathc en lui-même, la presse s’est fait l’écho dans la semaine d’une tentative de corruption sur la personne de Roberto (des accusations sans fondement, bien sûr. L’histoire marseillaise future le prouvera amplement, s’il en était besoin). Comme si j’avais besoin de ça pour vouloir à tout prix les battre.
Ce samedi soir, le stade est rempli dans des proportions strasbourgeoises, et je me tiens debout dans ma tribune habituelle, prêt à exulter. Mais Marseille ouvre très vite le score par Bruno Germain. Catastrophe. Abattement, colère, envie de gueuler encore plus fort, l’angoisse monte d’un cran mais je ne veux toujours pas envisager le pire car non, Marseille ne peut pas venir gagner chez nous.
Oh non, ils ne peuvent pas le faire : Roberto égalise ! Castaneda s’est troué, et les Marseillais ne vont pas s’en remettre. Car Brest se met à y croire, pousse, et quelques minutes plus tard (nous sommes toujours en première mi-temps) obtient un bon coup-franc aux vingt mètres. Roberto a marqué du même endroit un mois plus tôt contre Bordeaux. Le stade entier le sait. Il va le refaire. Je ne tiens plus en place : « Allez, Roberto, mets-là, nom de D… » Et Cabanas s’élance, frappe dans le ballon…
Ai-je encore besoin de vous dire ce qui est arrivé ? Je ne crois pas avoir jamais crié plus fort ni sauté plus haut. Je n’essaierai même pas de décrire l’ambiance au moment où la balle est entrée dans la lucarne. A dire vrai, je suis en train de taper ces mots dans un brouillard de larmes. J’ai besoin d’un instant pour reprendre mes esprits.
Bien. Je vais tenter de poursuivre.
Brest tiendra ensuite toute la seconde mi-temps, Marseille perdra ses nerfs et Papin se fera même expulser dans le délire général pour un mauvais coup en fin de match. Le triomphe est total. Encore une fois, nous avons battu Marseille, et c’est Roberto qui l’a fait. Mes pieds ne vont plus toucher le sol pendant des semaines. (Notez que même les plus belles histoires ont aussi leur part d'ombre. J'ai en effet assisté à ce match historique en compagnie d'un de mes cousins alors enthousiaste mais qui, quelques années plus tard, se révèlera être un fan de Marseille. Même si je pense être capable de lui pardonner un jour, c'est le genre de trahison qui fait mal. Et toute ma vie cette question restera en suspens: était-il sincère ce soir-là?)
Je sais que je ne vivrai jamais un autre match comme celui-là. C'est le zénith absolu de ma vie de fan. Certains diront que c’est pathétique, ils parleront de titres ou de coupes, je leur répondrai juste qu’ils ne comprennent rien.
Je n’échangerais cette victoire contre aucune breloque.
Et Roberto est à jamais un héros.

25 juillet 2006

Introduction au Panthéon

Je crois que je resterai éternellement émerveillé de voir jusqu’où les divagations de l’esprit peuvent nous emmener. Une simple pensée, une vague idée vous vient à n’importe quel moment, et, avant de vous en être rendu compte, vous vous retrouvez en train d’échafauder la plus compliquée (voire délirante) des théories. Sous réserve évidemment que vous avez le temps et le loisir de penser. Ce qui est mon cas.
Bref, je me suis surpris ce dimanche, quatorzième jour de l’ère post-Coup De Boule, à songer avec mélancolie aux foules immenses et bigarrées communiant autour des héros de notre équipe nationale, à ces gens de toutes races et de tous âges vêtus de bleu et réunis pour célébrer la réussite exceptionnelle de nos footballeurs, ces symboles de la réussite de tout un pays, ces fiers représentants d’une France Blac… Oups, c’était moins une. Désolé, je me suis laissé emporter. Deux mots de plus et c’était la fin définitive de ce blog. Parce que jamais je ne me serai pardonné d’avoir écrit, enfin, vous savez bien, les trois mots qui commencent par un B… Il aurait fallu que je me pende, après. Ou au moins que je me crève les deux yeux.
Fort heureusement, mon intégrité intellectuelle ayant été préservée de justesse, je peux reprendre le fil de mes pensées. Je disais donc que les masses populaires abruties par la propagande étaient toutes vêtues de bleu. C’est qu’en effet les magasins vendant les précieuses tuniques (au prix fort : 60 euros le maillot. C’est Monsieur Adidas qui doit être content ) ont été dévalisés pendant quinze jours dans une course sans précédent au droit de se promener dans les rues avec « Zidane » inscrit en gros caractères dans son dos. Et c’est là où ma théorie prend naissance : que se passe-t-il avec les maillots ? Et que se passe-t-il dans la tête des gens ? On dirait qu’aujourd’hui tout le monde veut son maillot de foot. Et pas seulement pour taper dans le ballon au fond du jardin ou pour aller au stade supporter son équipe favorite, ce qui seraient selon moi les deux seules circonstances acceptables pouvant vous pousser à enfiler un maillot.
Non, désormais le maillot de foot est un vêtement comme un autre, on le porte avec un jean et sous une veste, et on parade dans les rues en envoyant à toutes les personnes que l’on croise le message suivant : « Ouais, j’suis un supporter de l’équipe de (___) et j’en suis vachement fier. T’as un problème avec ça ? » Je suis surtout vachement impressionné.
Avant, je me rassurais en me disant que seules quatre catégories bien précises d’individus pouvaient sans honte décider le matin de s’habiller avec le maillot de leur équipe préférée:
- les gosses.
- les supporters de Marseille (mais peut-on vraiment leur en vouloir ? Pardonne-leur, mon Dieu, car ils ne savent pas ce qu’ils font.)
- les Anglais.
- les rappeurs américains dont les clips doivent obligatoirement comprendre grosses bagnoles, bitches qui remuent leurs arrière-trains rebondis à deux centimètres de la caméra ET maillots de basket ou de football américain.

J’aimais beaucoup cette liste parce que je savais qu’en AUCUN cas je ne pourrais un jour en faire partie. Je me sentais en sécurité. Désormais je ne suis plus sûr de rien. Car plus personne ne semble à l’abri. Le maillot est en passe de faire son entrée dans toutes les garde-robes. Qui sait si je ne vais pas bientôt me retrouver à faire mes courses avec un maillot du Stade Brestois sur le dos ? Espérons que quelqu’un aura alors la bonté de m’abattre sur le parking du Leclerc.
J’en étais donc là, à regarder des types à vélo monter et descendre les Champs Elysées, l’esprit rempli de visions de mon corps gisant dans une flaque de sang près d’une file de caddies, quand un nouveau développement à ma théorie m’est logiquement apparu : est-il sain, est-il normal qu’il n’y ait plus d’âge pour avoir des idoles, plus de honte à montrer que l’on est un fan, que l’on ait 10, 25 ou 50 ans ? Quelques jours après la venue de Johnny aux Vieilles Charrues, le moment est venu de s’interroger, ce que j’ai fait pour vous.
De longues heures de réflexion m’ont permis de tirer la conclusion suivante : vous avez le droit d’avoir des idoles, et c’est une belle façon d’affirmer votre personnalité que de vous habiller comme elles (dans le cas de Zidane avec un maillot bleu, dans celui de Johnny avec un t-shirt noir orné d’une moto, d’une tête de loup ou d’un aigle. Ou des trois à la fois.) Il n’y a pas de honte à avoir une idole.
Enfin, jusqu’à la puberté. Parce qu’après…
La puberté est censée être le premier pas de ce long processus qui fera d’un enfant un adulte. D’accord, c’est un processus qui peut prendre du temps, énormément de temps, je serais le premier à le reconnaître. Sans doute faut-il avoir élevé deux ou trois gosses et avoir supporté la même femme pendant 25 ans (ou avoir divorcé trois fois, je ne saurais dire laquelle de ces deux expériences est la plus traumatisante) avant de mériter l’appellation d’adulte.
Toutefois, il existe des caps plus faciles à franchir. Cesser d’être une groupie en est un.
Prenons un exemple très simple. Vous avez 13 ou 14 ans (ça dépend de la vitesse à laquelle poussent vos poils), et jusqu’à présent le football a été toute votre vie. Et bien, il est sans doute temps de détacher petit à petit les posters de joueurs en short qui décorent votre chambre depuis vos 7 ans, même si ça signifie que vous allez les remplacer par des photos de filles semi-nues.
Autre exemple, même si là le mal est déjà fait, si vous étiez un fan des Verts de la grande époque (comprendre milieu des années 70, vous êtes donc beaucoup plus vieux que moi), vous auriez dû à l’âge bête plier soigneusement votre maillot Manu-France et le ranger au fond de votre armoire. Libre à vous par la suite de ressortir de temps en temps la relique vénérée et de vous souvenir avec émotion de votre innocence perdue. Au lieu de ça, comme des milliers de nostalgiques sans cervelle, vous vous êtes précipités sur la réédition du maillot mythique et vous n’hésitez pas à porter cette horreur verte devant votre famille affligée. Comprenez-moi bien : vous avez parfaitement de droit à 40 ans d’être un supporter de Saint-Etienne. Ce n’est pas moi qui vais vous reprocher de faire partie de ceux qui célèbrent 30 ans après la défaite en finale de la Coupe d’Europe. Si ça vous amuse, continuez. Mais cachez-moi ce maillot.
En résumé, passé 15 ans (ou est-ce plutôt 16 ? Ou bien 17 ? Je suis perplexe. A quel âge la puberté prend-elle fin ? Les scientifiques se sont-ils penchés sur la question ? Ont-ils une réponse ? J’aimerais bien la connaître, histoire de, vous savez, voir si je suis dans les temps), adieu les maillots, posters, les « quand je serai grand, je veux être comme Zidane » et les crises de larmes parce que votre équipe a perdu et que c’est pas juste.
Vous devez grandir et faire semblant d’être raisonnable. Il ne s’agit pas de passer d’un coup de la ferveur adolescente à l’objectivité à l’eau tiède, façon journaliste à L’Equipe (« je donne des notes aux joueurs »), ou à la froideur distanciée du sociologue (« j’étudie l’impact du football sur les masses populaires. ») Pas question de se priver du plaisir de gueuler dans son salon ni de ne plus vivre les affres de l’angoisse au moment de la séance de tirs au but. Mais pour la dernière fois, s'il vous plaît, gardez une certaine discrétion. Les gens dans la rue ne sont pas obligés de savoir que Zidane est votre idole.
Ce qui m’amène (enfin !) au bout de ma théorie. Si je ne risque pas de me promener en maillot de foot, c’est parce que j’ai résolu le problème des idoles : je n’en ai plus. A la place, j’ai un Panthéon.

PS: je suis désolé, mais vous allez devoir attendre un peu avant de connaître la composition de mon Panthéon. Cette introduction n'était pas censée durer si longtemps. Mille excuses. Mais je pense que vous pouvez tenir un jour ou deux.

21 juillet 2006

En attendant des jours meilleurs

Les temps sont durs. Je voudrais pouvoir fournir ce blog en articles passionnants de façon régulière (que diriez-vous d’un jour sur deux ?), mais quelque part c’est comme si je manquais de carburant. Je souffre sans aucun doute du tristement célèbre syndrome post-Coupe du Monde, qui frappe sans distinction tous les quatre ans ceux qui ont cru bon arrêter de vivre pendant 4 semaines pour s’empiffrer de foot à raison de deux matches par jour en moyenne. J’imagine que ça n’est pas une excuse, je connaissais parfaitement les risques de régression intellectuelle et de troubles de l’humeur qu’implique ce genre d’excès avant le début de l’orgie. Bon, peu importe, nous savons tous que cela s’est TRES bien terminé, je ne regrette donc absolument rien.
A la recherche d’autres prétextes valables pour justifier ces longues journées de pages blanches, je pourrais sans honte évoquer la chaleur (je pense réclamer un brumisateur auprès du ministère : les vieux ne sont pas les seuls à souffrir dans ce pays) ainsi que ma volonté d’acquérir un minimum de bronzage afin de ne plus ressembler à tous ces geeks qui confondent « World of Warcraft » avec la vie réelle. Mais en toute honnêteté, je vous avouerai plutôt que c’est mon déraisonnable marathon de dimanche qui m’a épuisé. A vous de juger si je méritais ou non un peu de repos après une telle performance.
Néanmoins, comme je ne veux pas abandonner mes lecteurs, surtout après avoir plusieurs fois déjà menacé de le faire, j’ai décidé de vous offrir ces quelques pensées brutes et non élaborées dans l’espoir de vous faire patienter jusqu’à mon éventuel regain de forme. Devinez par quoi on commence ?

1) Le monde retenait son souffle, enfin la toute-puissante FIFA a rendu son verdict dans l’affaire du Coup De Boule : 3 matches de suspension pour Zidane et 4800 euros d’amende (combien ?), 2 matches pour Materazzi et 3200 euros d’amende. Pas d’insultes racistes proférées, ce qui a dû décevoir bien des gens. Bref, je m’arrête là. L’Italie est championne du monde et Zidane est à jamais MCDB. Je rajouterai simplement un seul mot pour qualifier la « sanction » prise par la plus haute instance du football mondial : risible.

2) Le scandale du Calcio (pour la dernière fois : calcio est le mot italien pour football, et ne signifie en aucun cas ligue ou championnat, ce qui veut dire qu’une phrase aussi rabâchée que « La Juve est en tête du Calcio » n’a aucun sens) fait des heureux. D’abord les media français, qui peuvent ainsi tenter de se venger à peu de frais des Italiens. Ensuite les autres clubs (Real, Barça, Inter, etc), qui ont commencé à démembrer la Juventus et à acheter ses stars. Difficile de les blâmer, d’autant qu’ils paient un prix correct (dans le sens : au prix du marché) et que de toute façon les joueurs sont ravis de quitter le navire en perdition. A ce propos, Thuram vient officiellement de rejoindre Barcelone, mais surtout les rangs de ma prestigieuse «Hate team », dont le capitaine n’est autre que Thierry Henry. Le bon Lilian était aux portes de l’équipe depuis un bon moment, mais sa couverture des Inrocks le propulse définitivement parmi les titulaires. Il faut l’entendre donner des leçons sur les sans-papiers, la banlieue ou l’intégration (j’ai appris qu’il était membre du « Haut Conseil à l’Intégration » : quelqu’un peut-il me dire à quoi sert ce truc ?) et se poser en vieux sage défenseur des « valeurs républicaines ». Mesdames et messieurs, notre futur Ministre de la Jeunesse et des Sports ! Pour en revenir à la Juve, ça doit être dur pour les supporters d’assister au dépeçage de leur équipe, mais franchement, je suis incapable de les plaindre. Ils sont blindés de titres et d’honneurs depuis toujours, et ils ne descendent jamais qu’en Série B ! A ma petite échelle, en tant que supporter du défunt Brest Armorique, j’ai personnellement assisté à la destruction intégrale du club en 91/92 (au point qu’ils ont même dû changer de nom) avec dépôt de bilan, rétrogradation en D4 (!) et départ de tous les joueurs gratuitement pour d’autres équipes. Oh, et quel a été le meilleur classement de l’histoire du club ? Septième. Vous comprenez mieux pourquoi il est difficile de m’apitoyer sur le sort d’un club 29 fois (à la réflexion, plutôt 27, on vient de leur enlever deux titres) champion national. Ce qui par contre aurait tendance à m’énerver, c’est de voir les clubs français, et notamment Lens, par l’intermédiaire de son président Gervais Martel, réclamer les places en Ligue des Champions enlevées aux clubs italiens. A quel titre ? Et bien, parce que « Le Championnat de France est sain », ce qui reste à prouver, ou encore parce qu’il serait injuste de voir les 6ème et 7ème de la Série A italienne qualifiés en Ligue des Champions et pas le 5ème de la Ligue 1 française. Vous parlez d’un argument spécieux. Si je ne m’abuse, ce sont bel et bien les clubs italiens qui ont le plus pâti des matches arrangés, non ? Et après tout, si Lens veut tant être en Ligue des Champions, pourquoi ne pas plutôt gagner sa place sur le terrain ? Ah zut, c’est vrai, j’oubliais que la Ligue 1 est vraiment trop dure, avec toutes ces équipes tellement fortes, Troyes, Sochaux, Toulouse, Nancy et tant d’autres… Quand on est une équipe de m… comme Lens, et Gervais Martel en est bien conscient, mieux vaut essayer de se qualifier en jouant les charognards.

3) Le meilleur moment de ce Tour de France ? La stupéfaction des journalistes après l’exploit de Landis dans l’étape de jeudi. Ils étaient tellement heureux de l’avoir vu en perdition la veille, ils étaient tellement soulagés de s’être enfin débarrassé de l’Américain, après sept années de règne Armstrong, que leur bonheur s’affichait partout à la télé et dans les journaux. « Fini, l’hymne américain sur les Champs Elysées ! » entendait-on partout. Las, après une bonne bière, une nuit de sommeil et quelques piqûres, Landis refaisait le lendemain presque tout son retard sous les yeux médusés de la presse et se repositionnait pour la victoire finale. C’était trop beau pour être vrai.

17 juillet 2006

Un dimanche de canicule

Bonjour ! Nous sommes le dimanche 16 juillet 2006, la vie est belle, la France n’a toujours pas gagné une deuxième Coupe du Monde, le temps est magnifique et la chaleur est insupportable (environ 28°C : au-delà des capacités de résistance d’un finistérien pure souche). Plutôt que de cuire à la plage, pourquoi ne pas rester confiné dans la fraîcheur du salon et profiter du spectacle offert par la télévision, entre le Grand Prix de France de Formule 1 (notez la succession des majuscules) et la 14ème étape du Tour de France ? J’ai déjà fait mon choix.
Et c’est parti pour une grande après-midi de sport.

13h43 : Flavio Briatore est interviewé sur la grille de départ, son accent italien est toujours aussi inouï et il n’est question que de pneus pendant 30 secondes. Un dernier mot, Flavio ? « Je suis très confident pour la course ». Merci. La parole passe à une certaine Catherine, la Poule réglementaire d’avant Grand Prix. Mais j’arrête tout de suite de médire, car elle possède un accent américain impeccable en plus de son physique avantageux. Comme quoi TF1 est avant tout une chaîne d’information. Les interviews s’enchaînent à un rythme infernal et on retrouve Denis Brogniard (Monsieur Koh-Lanta) avec notre Ministre des Sports qui ferait bien d’en faire Jean François Lamour, pour une minute de chauvinisme de fort belle facture. Lamour : « Renault est toujours bien placé, Franck Montagny (il est tellement bon que c’est sa dernière course) est un peu plus loin mais il a envie d’en découdre. » Brogniard : « Renault va-t-il venger l’Equipe de France ? » Et le plus beau : « L’Etat français va-t-il pousser pour qu’un pilote français soit en course la saison prochaine ? » Cette seule question mériterait que je lui consacre un article spécial. Ouf, le gros Lamour disparaît de l’écran et revoilà la belle Catherine. Je me demande avec quel pilote elle va finir le week-end.

13h54 : Pub. Pour une raison inconnue la musique qui accompagne le pré-spot avec des jolies images de voitures au ralenti est « Another Brick in The Wall » part je sais plus combien de Pink Floyd. Est-ce une tentative ratée d’hommage à Syd Barrett ?

13h57 : Retour à Magny-Cours avec le duo Christophe Malbranque/Jacques Laffite. « On va voir un Grand Prix magnifique » Après le chauvinisme pour le pilote (dommage, il n’y a plus de français), l’écurie (Renault), et même les pneus (Michelin) je découvre avec stupeur qu’il en existe également un pour le circuit. Malbranque évoque à présent « la pression supplémentaire d’évoluer à domicile. » Pardon ? Alonso a la pression de courir dans la Nièvre ? Et Laffite me fait plaisir (cf « L’usure du pneu avant-gauche », archives de mai) : « Le pneu avant-gauche va beaucoup travailler. »

14h00 : Départ du tour de formation. Désolé, mais je n’ai absolument rien à dire là-dessus. J’imagine que seuls les professionnels peuvent en parler.

14h03 : Les lumières rouges s’éteignent, c’est parti ! Enorme déception, malheureusement aucun carton, pas même la moindre touchette ou passage dans le sable. Sinon, Alonso n’a pas chipé la deuxième place à Massa, au grand désespoir des commentateurs.

14h05 : Fin du premier tour. C’est sans doute le moment d’aller faire la sieste à l’ombre dans le jardin.

14h12 : Il fait définitivement trop chaud, je reviens donc me planter devant la télé, et devinez quoi ? C’est la pub. Je me vois contraint d’appuyer sur le bouton 2 de ma télécommande, et je bascule dans une toute autre dimension.

14h13 : 14ème étape du Tour de France, Montélimar-Gap, 180,5 km. Un directeur sportif espagnol nous explique pourquoi il veut gagner l’étape. 5 hommes en tête, 2 en contre-attaque. D’autres encore tentent de s’échapper. Henri Sannier est tout content, il appelle Jaja sur sa moto : « ça bouge devant, Laurent Jalabert ! » Réponse : « ça bouge, ça bouge ! » Une grande étape s’annonce.

14h15 : Retour aux voitures qui font du bruit. Schumacher en tête, 5 secondes d’avance. « On voit tout le public venu ici supporter Renault. » D’ailleurs ils sont tous venus en Mégane.

14h18 : Du jamais entendu : « Les pilotes ralentissent la cadence parce qu’il fait tellement chaud qu’ils veulent économiser leur moteur et leurs pneus. »

14h20 : Enfin quelque chose à se mettre sous la dent : une voiture s’envole. On est rassuré, le pilote n’a rien. De toute façon l’incident est aussitôt oublié car M. Koh-Lanta nous apprend qu’Alonso a dit à son stand que ses pneus étaient « OK ». Enthousiasme général dans la cabine des commentateurs.

14h41 : Oh non, voilà ce qui arrive quand on s’assoupit un quart d’heure dans une chaise longue au fond du jardin : j’ai raté le premier arrêt ravitaillement. Je ne me le pardonnerai jamais. Heureusement il y a des bonnes nouvelles : « Massa a perdu un dixième sur Alonso dans le premier secteur. »

14h47 : De l’avis général, les pilotes « cravachent ». Je croyais qu’il faisait trop chaud. Arrêt de Massa : 6’’4. Laffite : « Il va faire 4 arrêts ! » Mon Dieu, quelque chose d’extraordinaire va peut-être se produire. Je me laisse gagner par l’excitation. « Ah non, il ne fera probablement que 3 arrêts. » Je suis terriblement déçu.

14h50 : De nouveau l’ami Flavio Briatore en direct des stands. Je tente une reproduction fidèle de ses propos : « Ma, é, Ferrari il a fait 3 pit-stops, nous on va faire quelque chose. » Je vais être honnête avec vous, il en manque les trois quarts. En attendant, Malbranque et Laffite sont super contents : « 2 arrêts seulement pour Alonso, ça change tout ! »

14h52 : Sur la route de Gap, le peloton ravitaille. Encore 98 km.

14h53 : Arrêt au stand pour Schumacher : 6’’4. « Oh c’est court ! » Et Alonso passe devant. On frôle l’hystérie à TF1. « Le duel tant attendu est sous vos yeux ! »

14h54 : Quelle animation ! Les pilotes cravachent à tout va, Webber explose un pneu et part dans le décor, j’en veux encore ! Mais Laffite commence à angoisser : « J’ai vu une rainure sur le pneu arrière-gauche d’Alonso. »

14h56 : « La lutte fait rage ! » Peut-être, mais c’est l’heure de la pub.

15h00 : Saleté de pub. Le moment décisif du Grand Prix est passé à la trappe : Alonso s’est arrêté, Schumacher file en tête.

15h03 : « Wooooooooooooooooooooooooonnnnnnnn !!!!!! »

15h06 : Je me rends compte que je ne suis capable de reconnaître que 3 écuries : Ferrari (rouge), Renault (bleu ciel et jaune) et McLaren (argenté). Où sont passées les Jordan jaunes et les Jaguar vertes ? Aujourd’hui toutes les voitures sont bleues ou blanches. Les organisateurs ne devraient-ils pas imposer des couleurs différentes pour chaque écurie ? La course est suffisamment dure à suivre comme ça. Vous imaginez un France-Italie où les deux équipes joueraient en bleu ?

15h08 : Raikonnen cravache.

15h13 : Soyons francs, je n’aurais jamais cru à tant de suspense. Raikonnen revient à toute allure sur Alonso pour la troisième place ! Encore un peu et je vais me mettre à crier « Allez ! »

15h14 : Attendez… Mais qu’est-ce qu’il fait, Raikonnen ? Encore un arrêt au stand ? Bon, tant pis. C’est déjà la fin de ma passion pour la F1. Et il reste 16 tours…

15h15 : Schumacher repart avec 18 secondes d’avance après son troisième arrêt. Les derniers tours vont être longs, très longs.

15h24 : « 84 000 spectateurs présents pour encourager Renault. » Je suis sous le choc.

15h27 : Des types à vélo descendent une côte. « Attention quand’ème » prévient Jaja.

15h29 : Encore 5 tours. Je commence à perdre patience. Même les commentateurs ont visiblement abandonné : à l’antenne, 45 secondes consécutives de bruit de moteur.

15h30 : Pour la centième fois, on a compris : c’est le « Grand Prix du Centenaire ».

15h32 : Jacques Laffite ne craint pas la colère de SOS Homophobie : « Vous vous rendez compte où il serait, Ralph Schumacher, s’il n’avait pas perdu 10 secondes dans un arrêt au stand ? Il serait dans les fesses de Massa ! »

15h35 : La délivrance, enfin. 1 Schumacher, 2 Alonso, 3 Massa.

15h36 : Au moment où je zappe sur le Tour, je tombe sur de la pub pour du shampooing. Quoi ? De la pub sur le Service Public ? Et pendant l’étape ?

15h37 : 6 hommes en tête avec 5’35 d’avance sur le peloton. L’écart se stabilise. C’est juste pour que vous soyez au courant.

15h44 : « Fratelli d’Italia » !!! Je n’ai pas pu m’empêcher de retourner à Magny-Cours pour me faire un petit plaisir avec les hymnes.

15h50 : 62 km à passer avec Sannier(il ne s’est jamais vraiment remis de son interview mythique de Mitterand en 1988, quand il a dû lui demander s’il était de nouveau candidat à la présidentielle. Le vieux avait été formidable de mépris.), Fignon (après des années de Thévenet, c’est malgré tout un progrès), Jaja (« il n’y a pas de dopage dans le vélo »), Jean-Paul Olivier (avoir cette encyclopédie sur les genoux pendant trois semaines doit le fatiguer) et Thierry Adam (inoubliable partenaire de Charles Biétry lors de l’Euro 2004). Vais-je tenir jusqu’à l’arrivée ?

15h52 : Sincèrement, la vallée de la Durance a l’air d’être un coin magnifique.

15h53 : « Orpierre était un bastion du protestantisme qui a été déserté par les fidèles après la Révocation de l’Edit de Nantes. » Merci Jean-Paul. Je me coucherai moins bête ce soir.

15h56 : « C’est le pays de la pomme. »

15h59 : Encore de la pub ! Où passe ma redevance ? Ils l’auront voulu, je fais de la propagande, je note ce que je vois à l’écran. Dans l’ordre : Cochonou, Ford Mondeo, France Telecom, St Marc lessive, Jambon d’Aoste.

16h04 : J’aime quand le reportage radio de l’homme à la moto décrit exactement ce qui se déroule sous nos yeux. Même Henri Sannier se moque : « Je vous confirme qu’il n’y a qu’une équipe qui roule en tête du peloton. – Oui, oui, on l’a bien vu à l’image ! »

16h09 : Le peloton va-t-il revenir ? Décidément cette journée de sport est pleine de suspense. Mon petit cœur fragile pourra-t-il en supporter autant ?

16h19 : Chute à l’avant ! 3 hommes au tapis ! Dans un virage en devers un Espagnol a freiné trop fort et s’est retrouvé par terre tout en entraînant un Allemand par-dessus le rail de sécurité. Belle pirouette ! Mais on a raté le plus beau avec le Belge qui s’est foutu tout seul dans le fossé dix mètres plus loin : malheur, il ne remonte pas ! On le voit bouger un bras ensanglanté ! Vive le vélo !

16h25 : Kessler, l’Allemand, est reparti, mais il n’a pas l’air dans son assiette. Clavicule cassée pour l’Espagnol. Et pas de nouvelles du Belge au fond de son trou.

16h29 : Plus que 3 hommes en tête à 30 km de l’arrivée. Ils sont cuits.

16h30 : Nouvelle pub. Cette fois j’ai compris, c’est un spot toutes les demi-heures. Laissez-moi influencer vos esprits faibles : Cochonou, Panach’, Speedy, Nivea for Men, PMU.

16h35 : Thierry Adam est en pleine forme sur sa moto, il nous offre à présent une belle interview d’un directeur sportif italien. Hélas son accent n’est pas aussi bon que celui de Flavio.

16h39 : Le Belge est toujours dans son trou.

16h45 : A quand la côte d’arrivée tant promise ?

16h48 : Le Belge est parti à l’hôpital.

16h51 : « La Côte de la Sentinelle va faire très très mal ! » J’espère bien. C’est pour ça que je regarde.

16h55 : On y est enfin. Thierry Adam fait son boulot à l’arrière : « Lâché, lâché, lâché, lâché… »

16h56 : Attaque de Pierrick Fedrigo. Un Français en tête !!

16h57 : Chutes, crevaisons dans le peloton. Vraiment plus animé que la F1. Et plus que deux hommes pour résister devant. Je l’admets, je suis excité.

16h59 : « Ils ne s’entendent plus devant ! » nous apprend Jaja. Comme quoi, entre Français et Italiens…

17h02 : C’est beau de les voir en baver…

17h05 : Sommet du col : 33 secondes d’avance, c’est foutu pour le remake de la finale de la Weltmeisterschaft au sprint entre Fedrigo (Fra) et Commesso (Ita).

17h08 : A fond dans la descente. Je veux une autre chute !

17h10 : 20 secondes, à 5 km de l’arrivée. Vont-ils le faire ?

17h13 : 2 km. Ils vont y aller !

17h14 : Flamme rouge : ça va être juste.

17h16 : Vive la France ! Fedrigo l’emporte devant le sale Rital avec le peloton sur ses talons. La Patrie est vengée.

17h17 : J’éteins la télé.

Pas de podium donc, pas non plus de Vélo-Club avec Gérard Holtz pendant deux heures. J’ai suffisamment donné pour aujourd’hui.

PS : je ne vais pas vous mentir, j’ai voulu savourer un peu de Stade 2, une semaine après la Plus Grande Finale de Tous Les Temps et le Coup De Boule. Comme prévu, des pleurnicheries ininterrompues sur Zidane la victime. Victime de Materazzi, victime de la pression, victime de l’arbitrage video, victime de ses nerfs, etc. Je suis d’accord. Zidane est clairement la victime dans cette affaire. La victime de sa connerie.

12 juillet 2006

Auf wierdersehen !

Tandis que le monde entier retient son souffle en attendant les explications de Monsieur Coup De Boule (ce soir à 20h sur Canal+), il reste encore quelques marginaux, dont je fais partie, qui n'ont pas oublié que trente jours de compétition avaient précédé Le Geste.
Cette Coupe du Monde, disons-le franchement, m'a été gâchée par le parcours des Bleurks.
Les quinze derniers jours ont été terribles, j'imagine que c'était le prix à payer pour un dénouement aussi extraordinaire. Car avant cela, toutes les victoires françaises m'avaient ravagé. J'avais même un serment tout prêt, un engagement solennel qui disait que si la France était championne du monde, j'abandonnais à jamais le monde du football (en pratique, ça voulait dire rapporter le décodeur au magasin).
Heureusement, je suis prêt à enchaîner sur une nouvelle saison, après 44 matches (je viens de recompter: et sans les Bleurks j'en aurais eu 6 de plus. 6? Et oui, je peux vous l'avouer aujourd'hui, j'ai regardé France-Brésil. J'étais vraiment, vraiment au fond du trou) dans leur intégralité plus quelques petits bouts par-ci par-là, et encore assez lucide pour vous livrer aujourd'hui mon Bilan de la Coupe du Monde de la FIFA 2006 !

L'équipe : A tout seigneur, tout honneur: l'Italie. J'attendais ce moment pour vous la révéler, la voici enfin, la Loi n°1 du Football International: la meilleure équipe du monde est celle qui gagne la Coupe du Monde. Facile à retenir non? A noter tout de même que comme toutes les lois, celle-ci a connu une exception: France 98.

Le joueur : Zidane est hors-concours, cela va sans dire. Nous savons tous que MCDB n'est pas un vulgaire joueur de foot. Non, le véritable héros de ce Mondial, et personne, absolument personne n'en parle, est italien. Et il ne s'appelle pas Marco Materazzi (d'après Francis Lalanne, ça rime avec "nazi") mais Fabio Grosso. J'avoue sans honte que je n'avais jamais entendu parler de lui il y a un mois, raison de plus pour le célébrer ici. Car qui a été obtenir le pénalty à la dernière seconde du match contre l'Australie? Qui a pétrifié la nation teutonne tout entière d'une superbe frappe dans le petit filet dans la dernière minute de la prolongation en demi-finale? Qui, enfin, est l'auteur du tir au but victorieux qui a donné la Coupe du Monde à l'Italie et m'a accessoirement rendu goût à la vie? Maintenant vous le savez. Fabio Grosso.

Le match : En entrée je prendrais la première demi-heure d'Argentine-Serbie, comme plat de résistance un bon gros morceau de Ghana-R. Tchèque, avec un peu de Pays-Bas-Côte d'Ivoire en accompagnement, le dernier quart d'heure d'Allemagne-Pologne (avec le temps additionnel) parce que j'ai encore faim, la prolongation d'Allemagne-Italie fera un bon fromage et pour finir, un délicieux dessert, les tirs aux buts de la finale. J'en reprendrais bien encore, tiens. Ne pas oublier, pour épicer le tout: quelques pincées de Portugal-Pays-Bas.

Le but : Materazzi, France-Italie, pourquoi? Ah, vous voulez parler de critères esthétiques? Dans ce cas, on sera tous d'accord pour élire le but de Maxi Rodriguez contre le Mexique. Un vrai chef d'oeuvre. Mentions honorables: Joe Cole contre la Suède, Cambiasso contre la Serbie, Klose contre l'Argentine, Baky contre les Pays-Bas, Maniche contre les Pays-Bas, Zinha contre l'Iran, Lahm contre le Costa Rica, Park contre la France, Torres contre l'Ukraine, Kaka contre la Croatie... Si vous en avez d'autres, faites-moi signe.

Le geste : Oh non, par pitié...

Le tacle : Certains voudraient sans doute élire l'ATTENTAT de Materazzi sur Malouda qui entraîne le pénalty dès la 7ème minute de la finale, mais je préfère le labourage de l'intérieur de la cuisse de Cristiano Ronaldo par le Hollandais Boulharouz. Le seul véritable instant d'ultra-violence de cette Coupe du Monde (attendez une seconde...). Et c'était avant que Ronaldo ne devienne, de façon incompréhensible, le joueur le plus détesté de la planète. Ne riez pas. J'aime beaucoup ce joueur.

L'erreur d'arbitrage : Le prix ne sera pas attribué en raison du nombre trop important de candidatures. Supporters de tous les pays, unissez-vous: "Aux ch... l'arbitre!" (j'ai quand même un petit faible pour les 3 cartons jaunes au joueur croate, qui "oublie" de se dénoncer...)


Le coach : Ricardo La Volpe, sélectionneur argentin du Mexique, pour son look de Méphistophélès fatigué d'avoir fumé trop de clopes et bu trop de whisky en boîte la veille des matches, pour ses cravates bariolées, pour son coaching frénétique (jamais les mêmes joueurs, jamais aux mêmes postes) et pour être resté planqué au fond du couloir au moment des hymnes lors du huitième de finale Mexique-Argentine. J'ai peur qu'on ne le revoie plus. Vraiment trop bête.

Le maillot : Pendant que j'y pense, et même si j'ai déjà consacré un article entier à ce sujet (Fashion TV), je le redis encore une fois: le maillot mexicain était superbe.

Le public : Belles marées oranges (Pays-Bas) et jaunes (Suède), mais le prix va aux supporters anglais à la fois ivres et innombrables qui ont dû supporter les 5 matches abominables de leur équipe. En désespoir de cause ils ont beuglé le God Save The Queen dix fois par match.

Le consultant : La lutte a été terrible, mais un vainqueur a fini par se détacher dans la dernière ligne droite: Guy Roux. Dans un paysage audiovisuel où le politiquement correct impose sa loi, il est rafraîchissant de constater que peut encore subsister une bonne vieille xénophobie assumée. "Je les avais dans le nez depuis un moment, ces Hollandais !", "On sait comment ils les obtiennent les pénaltys en Italie", "Les Portugais ont la simulation dans le sang, vous comprenez", "Heinze ça sonne pas très argentin comme nom. Il faut dire qu'en 45-46 y a beaucoup d'Allemands qui ont émigré là-bas..." Et encore, j'ai raté ce qu'il a pu dire sur les Polonais ou les Croates. Et si vous voulez connaître le truc de Guy Roux pour ne jamais se faire taper sur les doigts, c'est facile: ne jamais critiquer les Africains. Prends-en de la graine, Thierry Roland!

Le pronostic : Si j'avais été intelligent, j'aurais joué de l'argent et je serais presque riche aujourd'hui: 51 matches pronostiqués, 36 résultats corrects. Et pas 1 centime de plus dans mes caisses. Disons juste que je suis fier d'avoir prédit la victoire du Ghana sur les Tchèques. Et le vainqueur de 8 huitièmes sur 8. Et de 3 quarts sur 3. Ma plus belle erreur? Argentine-Serbie, 1-1. Aie.

L'article : Mon Dieu. Moins de 3 mois d'existence, une quarantaine de posts, et ce blog devient déjà auto-référentiel... Sans compter que je ne suis sans doute pas le mieux placé pour juger de mes écrits. Mais honnêtement, QUI va le faire à ma place? Je dirais donc simplement que je suis assez content de "J11: Power Rankings revisited".

La citation : Je laisse la parole à notre Président : "Cher Zinedine Zidane, ce que je veux vous dire, au moment le plus intense, peut-être à un moment dur de votre carrière, c'est l'admiration et c'est l'affection de la Nation tout entière, son respect aussi, mais l'affection et l'admiration. Vous êtes un virtuose, un génie du football mondial. Vous êtes aussi un homme de cœur, d'engagement, de conviction. Et c'est pour cela que la France vous admire et vous aime. " OK, c'est la deuxième fois en deux jours, mais qui fera jamais mieux que ça? Je me lasserai du Coup De Boule avant de me lasser de ce discours.

PS: n'oubliez pas, ce soir, à 20h, sur Canal+ : la Vérité, enfin! (euh, et la version de Materazzi? Ah, pardon, j'avais oublié. On ne peut pas lui faire confiance, ce n'est qu'un sale Rital)

11 juillet 2006

"Mais pourquoi, mais pourquoi ?"

Bien. 36 heures se sont désormais écoulées depuis Le Coup De Boule, et sans doute est-il temps de se remettre à parler calmement.
Et pour commencer je voudrais m'excuser pour le manque de retenue et la médiocre qualité des articles d'hier. C'était à la limite du ridicule. Comparer Zidane à Jordan? Mais où avais-je la tête? Mettons ça sur le compte des bulles de champagne mal évacuées, du manque de sommeil ou d'un relâchement intellectuel bien compréhensible. Mais vous avez le droit d'exiger des posts dignes de ce nom, et pas des hurlements d'ivrogne. Je promets que pareils dérapages ne se reproduiront pas. Je ne m'appelle pas Zinedine.
Je ne lis pas non plus sur les lèvres, je m'abstiendrai donc de toute hypothèse foireuse sur le contenu de la conversation pré-Coup De Boule entre l'Idole et l'Italien brutal/méchant/raciste/injurieux/pas gentil/qui de toute façon n'a eu que ce qu'il méritait/sale Rital/simulateur (faites votre choix). Environ trois millions de sites à travers le monde se sont ouverts depuis hier et s'emploient à découvrir la vérité cachée derrière le geste-le-plus-incroyable-jamais-vu-sur-un-stade et je n'ai pas spécialement envie de participer. Je ne suis pas un grand fan des making-of. Si je vois un bon film (et ça n'arrive pas souvent, croyez-moi), je me moque totalement de savoir comment ils l'ont tourné, je refuse de connaître l'envers du décor parce que ça va totalement foutre en l'air ma perception de l'histoire. Et je crois que ce principe s'applique parfaitement dans le cas qui nous intéresse. Une scène absolument géniale. La meilleure que l'on verra jamais. Je ne veux pas d'une explication toute plate qui viendrait gâcher mon plaisir.
J'ai vu le Coup De Boule. Je ne suis pas prêt de m'en lasser.
Quoi qu'il en soit, aucune des justifications avancées jusque là ne me paraît crédible. Je ne crois pas une seule seconde qu'un "fils de p..." puisse avoir été le déclencheur (allez, tous ceux qui ont joué un tout petit peu au foot savent que cette expression est plus courante encore sur le terrain qu'un "A nous!", un "Faute!" ou un "Hors-jeu!") ni même une allusion déplacée à une quelconque relation familiale de sexe féminin. J'en ai quelques-unes en tête que je ne veux pas écrire car je ne veux pas que vous pensiez que j'ai l'esprit aussi dérangé que celui d'une râclure italienne (désolé, Marco, je t'aime quand même).
La thèse raciste ferait trop plaisir à certains pour que j'y adhère et très franchement Zidane a dû en entendre des gratinées depuis quinze ans partout où il est passé. Et il aurait craqué seulement cette fois-ci ? Inventez autre chose.
La seule histoire marrante aurait pu être celle du "sale terroriste", mais malheureusement c'est encore la moins crédible de toutes. Quelle genre d'insulte est-ce là? "Sale terroriste?" Totalement absurde. Absurde d'insulter quelqu'un de la sorte, encore plus absurde de répliquer. Oublions aussi celle-là.
Pourtant c'est dommage, nous aurions peut-être alors pu assister à une deuxième réaction de Monsieur Coup De Boule (dois-je continuer à l'appeler comme ça? J'en ai vraiment envie. Faites-moi savoir si ça vous dérange), du genre "Regarde-bien, Materazzi, c'est ça un vrai terroriste". Comme se faire exploser dans le bus de l'Equipe de France ou bien balancer des grenades dans la foule idolâtre massée au pied de l'Hôtel Crillon. Boum.
Et vous savez quoi? Cela n'aurait même pas été grave, on ne lui en aurait pas voulu, à notre Zizou, parce que : "Cher Zinedine Zidane, ce que je veux vous dire, au moment le plus intense, peut-être à un moment dur de votre carrière, c'est l'admiration et c'est l'affection de la Nation tout entière, son respect aussi, mais l'affection et l'admiration. Vous êtes un virtuose, un génie du football mondial. Vous êtes aussi un homme de cœur, d'engagement, de conviction. Et c'est pour cela que la France vous admire et vous aime. "
C'est bon de voir que la France est encore un grand pays.

10 juillet 2006

Zizou on t'aime !

C'est bel et bien ce que l'on pouvait lire au fronton de l'Arc de Triomphe le mal-nommé après le match. Avec pour la bonne bouche l'effigie de l'Idole constipée projetée sur un des piliers. C'est aussi ce qu'on a pu entendre partout à la télé depuis LE Coup De Boule (je crois qu'il est urgent de rebaptiser ce geste du nom de son plus grand exécutant. Cela pourrait nous donner de bien belles phrases, comme: "L'enfoiré! Il a essayé de me mettre un Zidane en pleine tête!") et lire sur tous les forums "Spécial Mondial" (ne vous privez pas de ce bonheur) ce matin. Le lavage de cerveau a été efficace. Huit années de matraquage ininterrompu, ça laisse des traces et ça transforme plus d'une cervelle en fromage blanc. "L'Italien l'a bien cherché!" "Zizou victime des provocations italiennes." "Ne tirons pas sur les artistes." (authentique déclaration de l'incompétent notoire Escalettes, président de la FFF) "Je n'ai pas bien compris ce qui s'est passé." (Chirac, fidèle à lui-même)
Et le top du top: "Zizou est aussi un homme, après tout." C'est le genre d'excuse qui me donne envie d'aller prouver toute mon humanité à coups de pied dans la gueule de l'abruti qui ose sortir un truc pareil.
Ce que j'ose affirmer, moi, c'est que Le Coup De Boule est le plus grand geste de footballeur de toute la carrière de Zidane, le geste qui le range à jamais dans la catégorie des génies, celui dont les générations futures se souviendront, celui qui définit Zidane comme le "Plus Grand Fouteur de Coup de Boule de Tous les Temps".
Non, sérieusement, avez-vous vu ce qui s'est passé? Avez-vous regardé et re-regardé (malgré la censure qui s'exerce déjà dans les journaux télé, comme sur la 2 dans le journal de la nuit: pas d'images de l'agression, juste le carton rouge brandi) ce mouvement, cette projection de tout le haut de son corps en avant, cette volonté de transpercer la poitrine ennemie, ce regard de tueur? Il aurait vraiment pu le tuer, vous savez. Un coup pareil directement au plexus solaire ou dans le nez (allez vite louer de DVD du "Dernier Samaritain", avec Bruce Willis), et Zidane finit sur la chaise. Comment? La peine de mort est abolie? Dommage, mais on aurait toujours pu mettre George W. Bush sur l'affaire.
Pas de chaise, donc, mais pas de Coupe non plus. Car contrairement à ce que j'entends partout sur l'expulsion qui n'aurait rien changé au résultat final, je pense au contraire que Le Coup De Boule a tout changé, que les Bleurks ne pouvaient plus gagner après cela, que c'était absolument terminé pour eux dès le moment où la tête de Zidane a frappé la poitrine de Materazzi. Vous avez déjà entendu parler du karma?
Ce qui m'amène tout naturellement à parler de l'image de Zidane. De son statut de "Meilleur joueur du Monde", voire de "Meilleur joueur de Tous les Temps". Et bien, cette discussion a pris fin hier soir, mesdames et messieurs. C'est terminé. La FIFA a beau se discréditer une fois de plus en le nommant "Meilleur joueur du Mondial" (si, si, je vous jure que c'est vrai. En même temps, ces mêmes imbéciles avaient préféré Oliver Kahn à Ronaldo il y a quatre ans) et les media français absoudre l'Idole, les faits sont têtus: Zidane est un voyou. Point à la ligne.(et vous savez ce qui est le plus génial: 1 milliard de personnes l'ont vu de leurs propres yeux) A propos, vous vous souvenez de Pele? De son dernier match avec le Brésil en 70 contre l'Italie en finale et de son but de la tête? Vous vous souvenez de Zidane? De son dernier match avec la France en 2006 contre l'Italie en finale et de son Coup De Boule? OK. Affaire suivante.
Ce qui est marrant c'est que depuis quelques semaines je ne pouvais m'empêcher, bien malgré moi, d'établir des comparaisons entre Monsieur Coup De Boule et le grand Michael Jordan. Pourquoi? A cause du parallèle évident entre les deux carrières: une Coupe du Monde pour MCDB, 3 titres NBA consécutifs pour MJ, avant la retraite, le come-back, et de nouveau 3 titres d'affilée pour Jordan. Une nouvelle Coupe du Monde pour Zidane, et la comparaison était parfaite. Ouf. Plutôt marginale, mais c'est encore une raison de plus pour être heureux.
Oh, et pour que vous soyez bien convaincus que les deux stars n'ont définitivement rien en commun, profitez ici de leurs derniers instants de sportifs: Michael en lévitation qui donne le titre à son équipe, et MCDB qui donne... mais vous savez quoi.
Un mot pour finir sur l'innocente victime, simplement pour signaler que Marco Materazzi vient de faire une entrée triomphale au sommet de mon Panthéon personnel, où il trônera désormais aux côtés de Charisteas, Rommedahl et Tomasson, sans oublier bien évidemment l'immense Papa Bouba Diop. Ti amo, Marco!

PS: je ne compte pas m'arrêter là. N'oubliez pas de vous connecter encore et encore. Et pour les supporters des Bleurks égarés sur ce blog: sans rancune, bravo à la France, belle Coupe du Monde (non, je ne suis pas ironique. Ou bien le suis-je? A votre avis?), mais il faut aussi savoir perdre.
OUAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAIS!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
ITALIA CAMPIONE!!!!!!!!!!!!

Campioni del Mondo

Wow.
Tout simplement: wow.
Ou plutôt: OUAAAAAAAAAAAAAAAIS!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
Désolé. J'aimerais que ce blog garde toute sa dignité, mais je pensais juste à un truc... Oh et puis zut: OUAAAAAAAAAAAAAAAIS!!!!!!!!!!!!!!! CAMPIONI DEL MONDO!!!!!! ITALIA!!!!!! ITALIA!!!!!! ITALIA!!!!!!!!!!
Bon d'accord, j'arrête. Je ne garantis pas que je ne vais pas recommencer, parce que c'est devenu une sorte de tic nerveux depuis hier soir 22h42, mais je vais me contrôler. Je vais essayer, au moins.
Il y a une éternité, rendez-vous compte, c'était avant le début de la Coupe du Monde, pour me donner du courage et me souvenir à quel point le football était merveilleux, j'avais écrit sur "Mes 9 plus grands bonheurs en bleu" (cf: archives de mai), avec le secret espoir - pas si secret que cela, à la réflexion - qu'un nouveau match mémorable allait bouleverser cette liste d'anthologie.
Et bien, nous y sommes. Le 9 juillet 2006. La plus grande date de toute l'histoire du football.
Peut-être est-ce le moment pour la FIFA de mettre un terme à son existence, d'expliquer à la planète que :"C'est vrai, la Coupe du Monde c'est formidable, mais on en a déjà fait 18, il est temps de passer à autre chose et puis, franchement, on ne fera jamais mieux que cette finale."
D'ailleurs, je sens que ça me reprend: OUAAAAAAAAAAAIS!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
C'était si bon que je voudrais que ce soit la dernière image de football qui me reste.
La France a perdu la Finale de la Coupe du Monde aux tirs aux buts.

Bon, c'est pas tout ça, mais il faut que je vous laisse: j'ai un maillot italien à aller acheter.

PS: et on reprend tous en choeur:
Fratelli d'Italia,
l'Italia s'è desta,
dell'elmo di Scipio
s'è cinta la testa.
Dov'è la vittoria?
Le porga la chioma,
che schiava di Roma
Iddio la creò.

Stringiamoci a coorte,
siam pronti alla morte.
Siam pronti alla morte,
l'Italia chiamò.
Stringiamoci a coorte,
siam pronti alla morte.
Siam pronti alla morte,
l'Italia chiamò, sì!

05 juillet 2006

J26: Au pays de Cauet

OK, je sais ce que vous allez vous dire, il n'a pas pu se retenir, le revoilà qui va la ramener encore et encore, pourquoi ne veut-il pas admettre une bonne fois pour toute que la France a la meilleure équipe, que Zidane est le Messie revenu pour nous sauver (j'aimerais quand même connaître l'adresse de sa clinique en Suisse. Je me sens un peu fatigué, ces derniers temps), et que Domenech est un génie des Temps Modernes (ça, jamais, même sous la pire des tortures, même si on me force à regarder TOUS les TéléFoot de la saison qui vient).
Je vous arrête tout de suite: pour moi, cette Coupe du Monde est déjà du passé, je le répète (ce qui ne m'a pas empêché de rester scotché devant la mauvaise chaîne hier soir : une probable erreur de manipulation. Cela m'a quand même permis d'apprendre que les cerveaux de la FIFA qui dirigent le football mondial obligeaient la France à jouer un match aujourd'hui, avant la finale de dimanche. Contre... je ne sais plus, peu importe, onze types. Quelle est la signification de ce match? A quoi va-t-il servir? A remplir les caisses un peu plus ? A fatiguer les joueurs? Qui organise cette Coupe du Monde? Je n'y comprends plus rien).
La France est championne du monde (c'est d'ailleurs officiel depuis que Fabio Grosso a placé cette magnifique frappe enroulée dans le petit filet de Lehmann à la 119ème) pour la deuxième fois.
Qu'on file la Coupe à Zidane le plus vite possible et qu'on en finisse.
(oh, et n'était-ce pas cruel de voir ces joueurs italiens tellement heureux hier soir, courant partout en s'embrassant... Un peu comme s'ils ne savaient pas ce qui les attend dimanche... Ils venaient pourtant de gagner leur ticket pour la dévastation totale. Enfin, après la défaite ils pourront au moins retrouver leurs prestigieux clubs... Ah, non plus? Vraiment, pauvres Italiens. Comment personne n'a-t-il pu les prévenir qu'il fallait perdre ce match? )

En fait, je voulais rassurer mes fidèles, après le post "Je vais tuer quelqu'un" de samedi soir et leur montrer qu'on peut survivre à cette Coupe du Monde.
J'avais donc, au moins avant Italie-RFA (j'ai vérifié: le pays s'appelle encore officiellement comme ça. Je ne suis pas sûr de ce qui est arrivé à la RDA...), pris de bonnes résolutions et décidé d'adopter un nouveau mode de vie.
Pas de journaux. Pas de radio. Pas de télé (trop dur). Pas d'Internet (juste impossible).
M'étant naturellement rendu compte que la vie n'est faite que de compromis, j'ai vite dû admettre qu'un usage modéré d'Internet (pas plus de 3h par jour), ainsi qu'une sélection appropriée de programmes télévisés (le 13h de J.P. Pernaut étant fortement déconseillé) ne pouvait pas me faire de mal. C'est comme ça que je me suis retrouvé lundi soir après 23h devant la nouvelle série de TF1, Grey's Anatomy, une histoire d'hôpital avec des chirurgiens noirs qui martyrisent leurs étudiants débordés et un médecin bourreau des coeurs qui flirte avec une interne peu farouche. Attendez... j'aurais pas déjà vu ça quelque part? Bah, tant que les actrices sont regardables... Bref, alors que je commençais tout doucement à être accroché par l'épisode tout en me disant des trucs comme: "Mmm, elle a vraiment de beaux cheveux, celle-là", soudain, c'est le choc: la pub. (j'ai perdu l'habitude de regarder des séries sur TF1 depuis Starsky et Hutch, c'est peut-être la raison pour laquelle ça m'a pris par surprise) Une forêt de drapeaux bleu-blanc-rouge brandis par des gros PUB bleus sur fond d'une immonde "musique" dance et un refrain entraînant: "Zidanyvamarquer!" Bam! Je me suis enfoncé d'un coup de cinquante centimètres au fond de mon canapé. Et pas la peine de préciser que j'ai eu besoin d'une heure de plus avec les actrices de Grey's Anatomy pour me remettre. Franchement, c'était comme un coup de poing à l'estomac. Sans aucune préparation. Je veux dire, vous regardez une série le lundi soir, pas le lendemain du Brésil ni deux heures avant la finale, le lundi soir, vous essayez de penser à autre chose, vous êtes au beau milieu d'une opération à coeur ouvert dans un hôpital à Seattle, à l'autre bout de la Terre, un endroit où ils n'ont probablement jamais entendu parler de Zidane (comme ces gens doivent être heureux!), et vous vous prenez ça en pleine face. Il faut vraiment être un esprit fort pour ne pas céder au lavage de cerveau.
Suis-je un esprit fort? On en reparle après l'été.

PS: mais pourquoi "Au pays de Cauet"? Et bien, après enquête, il apparaît que ce regrettable individu est l'auteur du futur tube interdépartemental qui sert de spot à TF1. Cauet. Le français moyen par excellence, nous disent les media. Vous aimez les Bleurks mais vous avez du mal à vous identifier à eux? Pas de problème, Cauet est là. Et c'est ce que vous êtes, Mesdames et Messieurs supporters des Bleurks : une nation entière de Cauets.
Il faut absolument que je foute le camp.

01 juillet 2006

Ne me tentez pas

C'est dans ces moments-là que j'apprécie le plus le fait de n'avoir AUCUN ami.
En-aurais je un seul, il n'aurait eu que "Zidane" et "Henry" à la bouche.
Et ça se serait très mal fini.
C'est une grande chance pour moi que d'être isolé, relié au monde seulement par Internet.
On ne peut tuer personne avec un e-mail.
Ni même avec un blog.
Mais ne me tentez pas.
Ce n'est pas parce que personne ne l'a jamais fait que je ne vais pas réussir.
Je vous aurai prévenu.