31 juillet 2006

Dope, dope, dope

Un véritable tsunami vient de frapper le monde du sport. Semant la stupeur et la consternation parmi les athlètes, les media et les spectateurs. Sans que rien ne puisse la laisser présager, ses capacités de dévastation multipliées par l’absence de préparation du public, la terrible nouvelle a tout emporté sur son passage.

Il y a du dopage dans le sport.

Quel choc.
On nous aurait donc menti, à nous tous, les amoureux du sport, nous qui croyons aux exploits et aux héros, nous qui payons nos places dans les stades et nos abonnements aux chaînes spécialisées…
Certains de ceux que nous applaudissons, peut-être même tous (mais oh mon Dieu non, je ne veux pas y croire, ce serait trop horrible…), seraient donc des drogués ? La devise des sportifs n’est-elle pas (je ne vous ferai pas l’injure de traduire) Mens sana in corpore sano ?

Et bien, non.
Ce serait plutôt : Gagner (une course, un titre, de l’argent) à tout prix.
Et personnellement, ça me va tout à fait.

Je n’ai aucune intention de joindre ma voix au chœur des vierges effarouchées qui font semblant de découvrir le vrai visage de la performance. Il faut vraiment s’appeler Laurent Jalabert pour parler de « cas isolé », France Télévisions pour dénoncer « les tricheurs qui pénalisent l’immense majorité de coureurs propres », ou la direction du Tour de France pour célébrer « le Tour du renouveau ». Allons, messieurs, s’il vous plaît, un peu de décence !
Nous savons tous que TOUS les vainqueurs du Tour ont été, sont et seront dopés à mort. C’est une loi immuable, presque une loi de la physique, comme « l’eau bout à 100°C ». Et s’il n’était question que des vainqueurs… Ce serait tellement plus simple de n’accuser que celui qui franchit le premier la ligne d’arrivée. Car le dopage n’est pas seulement nécessaire pour gagner la course, mais avant tout pour pouvoir suivre les autres.
Voilà pourquoi le peloton que le peuple acclame sur le bord des routes est aussi chargé qu’un groupe de teufeurs titubants à deux mètres d’un mur d’enceintes à 7h du matin.

Je n’ai pas non plus envie de défendre Landis et Gatlin, pour plusieurs raisons évidentes.
D’abord parce qu’ils sont incroyablement stupides de s’être fait prendre. On parle d’analyses d’urine positives, comme si les athlètes faisaient encore du pipi fluorescent. Ces analyses sont tout juste bonnes à détecter l’albumine avec une bandelette de couleur ! A ce niveau de bêtise, ce n’est plus Floyd et Justin, mais Dumb and Dumber.
Ensuite parce que prendre de la testostérone, c’est sous-entendre que vos organes n’en produisent pas suffisamment. Ce qui risque d’attirer rapidement sur vous et votre virilité des commentaires désobligeants. (si vous ignorez par quels organes la testostérone est secrétée, je ne sais que vous dire. Ouvrez donc un bouquin de physiologie.)
Et enfin parce que leurs contrôles positifs donnent l’occasion aux media de nous infliger à nouveau la sempiternelle leçon de morale sur les méfaits du dopage, ainsi que le traditionnel et hypocrite « Que faire pour éradiquer ce fléau ? » Le jour où les journalistes arrêteront d’avoir l’air de tomber des nues à chaque nouvelle affaire de ce genre, il faudra fêter ça à grands coups d’injections de stéroïdes.
Un malheur n’arrivant jamais seul, la nationalité des deux accusés leur offre également une splendide opportunité pour cracher leur haine de l’Amérique.
Un champion américain dopé ? Un trop bel os à ronger pour France 2, Canal+ et compagnie.
Mais deux Américains ? C’est la fête au village. Encore un et ils vont pouvoir se lâcher comme au bon vieux temps de Bush = Terroriste.

Ce que j’ai réellement envie de dire sur le dopage, ma conviction profonde, si vous préférez, tient en deux mots : Allez-y.
Dopez-vous, mais faites-le bien. Faites-le à fond.
Vous êtes des sportifs professionnels. Vous n’avez qu’un seul objectif : gagner. Vous devez mettre toutes les chances de votre côté. Aucune source de motivation, aucune méthode d’entraînement, aucun produit pharmaceutique n’est à négliger.
Les contrôles ? Bannissons-les.
Les risques pour la santé ? Et alors ? Vous êtes payés pour courir, sauter ou jouer à la baballe. Payés des sommes colossales. Ne me dites pas que le jeu n’en vaut pas la chandelle. Et un dopage plus efficace, c’est plus de sous sur votre compte, ne l’oubliez pas.

Pour en finir avec l’hypocrisie et les scandales, la dépénalisation du dopage est la seule solution.
Il nous faut une compétition débridée.

Je ne veux pas d’Agence Mondiale Antidopage pour jouer les gendarmes. Je ne veux pas de loi Antidopage écrite par Marie-George Buffet. Je ne veux pas de laboratoire d’analyse qui bidouille dans son coin. Je ne veux pas de professeur émérite pontifiant sur les dangers de l’EPO. Je ne veux pas de numéro vert SOS Dopage. Je ne veux pas des télés qui font la morale. Je ne veux pas des entraîneurs français qui se réjouissent quand les autres se font prendre. Je ne veux pas que Stéphane Diagana vienne me faire la leçon. Et par-dessus tout je ne veux pas des pleurnicheurs qui restent à la traîne et qui accusent les autres de tricher.

Ce que je veux ?
J’en veux pour mon pognon.
Je veux des forçats de la route qui pédalent à 60 à l’heure pendant 200 kilomètres. Je veux des haltérophiles herculéens qui soulèvent 500 kilos. Je veux des fusées qui descendent sous les 9 secondes au 100 mètres (osez me dire que ce n’était pas génial de voir Ben Johnson gagner la médaille d’or à Séoul avec deux mètres d’avance tout en pointant le doigt vers le ciel. A moins que Carl Lewis n’ait été votre idole de jeunesse ? Dans ce cas je vous déconseille fortement de cliquez ici. Faites-moi confiance, vous n’avez pas envie de voir ça. Non, vraiment, il ne faut pas). Je veux des javelots qui se plantent dans le parking de l’autre côté du stade. Je veux des tight-ends de 2,10m et 130kg qui courent les 40 yards en 4 secondes et qui se font plaquer par des linebackers larges comme des frigos industriels. Je veux des boxeurs qui se tapent dessus pendant 30 rounds. Je veux des ailiers qui décollent de la ligne à trois-points pour aller écraser un dunk sur des pivots de 2,30m. Je veux des stars vieillissantes du football qui sont au bout du rouleau mais qui se réveillent subitement pour les matches décisifs de la Coupe du Monde et qui arrivent en finale tellement à bloc qu’ils finissent par envoyer un coup de boule monumental dans la poitrine d’un adversaire.

Je suis un type ordinaire.
Je veux du pain et des jeux.

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