31 mai 2007

Day 8, Saturday 04/28: Tout le monde à la plage

Reprenons nos esprits

10:30 AM. « Hi! » J'ouvre un oeil. C'est A. qui vient aux nouvelles. Elles ne sont pas bonnes. Encore pires quand j'ouvre le deuxième oeil. Et pourquoi y a-t-il autant de lumière dans la pièce, par pitié...
Tentative de petit déjeuner. Du jus d'orange pour moi, please. Un tout petit peu.
« Alors, vous avez fait quoi hier soir? » Euh, let me think...
D. n'a pas l'air spécialement frais lui non plus, mais peut-être qu'à deux on va réussir à produire un récit cohérent. Quelque chose qui pourrait ressembler à ça:
On arrive au 38ème étage, d'abord pour constater qu'il y a une party en cours, ensuite pour s'apercevoir que des filets de protection bouchent quelque peu la vue des fenêtres. Tant pis, on va se mettre discrètement dans un coin pour essayer d'apercevoir quelque chose. Nous croyons ne pas nous être fait remarquer, mais une nana passablement drunk débarque sans prévenir et nous aborde avec cette question: « Are you French? » puis se met à pousser des petits cris d'excitation en apprenant que nous sommes tous les deux Bretons (because elle l'est aussi). « Comment elle s'appelait ? » C'est une excellente question. Je mobilise les trois neurones qui me restent: Peutrishiah!
Une fois calmée, elle nous présente à un copain gay de Toronto, Emanuel, puis, sans doute parce que nous sommes tellement sympas, nous paye à boire à la cuisine. Au moment où je mets le nez dans le verre de gin-tonic (avec much more gin que de tonic), je prends conscience que la soirée va mal se terminer. Ensuite, ça devient très flou. La fille finit par nous avouer que c'est parce qu'elle a cru que nous étions gay qu'elle est venue nous trouver: elle cherchait un boyfriend pour Emanuel. Au début je ne sais pas trop comment réagir, mais au fond c'est plutôt flatteur: le cliché sur les gays, c'est qu'ils sont minces, cute et élégants, non?
Quelques verres plus tard j'aurais l'occasion de me ridiculiser à plusieurs reprises en parlant anglais (je viens de comprendre pourquoi je « réfléchissais » à moitié in english ce matin...) avec d'autres guests légèrement amochés. Des conversations dont je ne garde fort heureusement que peu de souvenirs.
En guise de conclusion à la soirée je me revois malade et frigorifié en train de boire du vin en bas du building. Mais pas moyen de me souvenir comment nous sommes rentrés. Ah oui, c'est vrai: en ascenseur.

Highway star

11:30 AM. Malgré ou à cause des circonstances, nous fonçons déjà sur une autoroute du Queens dans une voiture de location (une Mazda rouge). Les choses n'ont pas traîné depuis le réveil. D. au volant, T. dans son siège à l'arrière avec A. qui joue le rôle du copilote. Moi? Je suis le passager encombrant.
Ceci signifie que la journée ne sera pas perdue, finalement. Avec une cuite pareille dans le rétro, c'est ce qu'on aurait pu craindre.
Ne me demandez rien sur le paysage pour le moment, il ne faudrait tout de même pas pousser. J'essaie de regarder droit devant. Et puis, honnêtement, il n'y a que des maisons, à perte de vue.
Au bout d'une heure de route, alors que nous avons fini par quitter New York, A. décide qu'il faut que l'on s'arrête quelque part pour manger. Manger? Quelle drôle d'idée...

West Islip, Long Island. Population: plein, vu le nombre d'habitations qui défilent. Intérêt touristique: zéro. Le long de Main Street, sur des kilomètres et des kilomètres, ces maisons que vous avez vues dans des dizaines de films et autant de séries US. Un hôpital, une église, une station-service, mais pas d'endroit pour manger. Il va falloir faire demi-tour, à moins que... Hé, là, un « Stuff-A-Bagel »: en avant pour la grande bouffe.
Petit miracle, je réussis à avaler la moitié de mon bagel au thon. Lentement, très lentement. Au moment de remonter dans la voiture, je me demande quand même si je ne vais pas le regretter.

Quelques kilomètres vers le sud, et voici la mer! Bon, d'accord, il y a aussi la mer à Manhattan, mais après une semaine de buildings, ça fait quand même un drôle d'effet d'arriver sur cette immense (50 kms) langue de sable qu'est Fire Island. Je crois que j'avais perdu l'habitude de voir l'horizon.

A la recherche du bon parking pour la bonne plage, je mets la radio pour avoir des nouvelles de la draft NFL (faut-il vraiment que je vous explique ce que c'est? Oh et puis zut, renseignez-vous) qui, c'est ironique, se déroule justement à New York City. Quoi, c'est au tour de Miami de choisir et Brady Quinn est toujours disponible? Les analystes sont tous d'accord, c'est un no-brainer, un done deal, les Dolphins vont le prendre. Ça me semble évident à moi aussi, ils ont tellement besoin d'un jeune quarterback prometteur pour relancer la franchise (rappelez-vous que ce ne n'est pas par hasard que ce blog vous a donné des pronostics NFL plus précis que ceux de 90% des spécialistes d'espn l'automne dernier...) Chut, écoutons le commissionnaire annoncer le choix: « With the ninth pick, the Miami Dolphins select... Ted Ginn » What? Ted Ginn? Un retourneur de coups de pieds? Je ne peux pas retenir un « Nooo! » retentissant, à la surprise de mes convoyeurs qui me demandent ce que j'ai. Non, rien, c'est juste qu'avec tout ce temps gaspillé sur Internet et Madden, je suis devenu très sensible à ces équipes qui font n'importe quoi à la draft. On ferait mieux de couper cette radio.

Gueule de bois à Fire Island

Même au bord de la mer, on ne peut pas se tromper: nous sommes aux Etats Unis d'Amérique. Le parking, la plage, les vagues: tout est immense.
Il fait un peu frisquet dans le vent, mais j'arrive encore à lancer le frisbee correctement. Cependant, au bout de 10 minutes, je ne me sens plus très bien. Vite, aller s'asseoir et combattre ces relents de gin. Je ferme les yeux, espérant tout oublier, mais je me souviens de ce type, hier soir, qui voulait à tout prix nous emmener dans une boîte marocaine, « Le souk ». Oh my god, quand je repense tous ces gens avec qui j'ai baragouiné en anglais...
Tant bien que mal je parviens à me lever sans rendre mon demi-bagel. C'est l'heure de la vraie promenade jusqu'au Fire Island Firehouse, le phare noir et blanc à l'extrémité ouest de l'île. Deux déceptions: d'abord sur le chemin, avec la disparition des daims censés gambader autour de nous. Et puis à l'arrivée en apprenant que l'on ne peut pas escalader le phare pour profiter de la vue.
Pas si grave, une longue marche tranquille ne peut pas faire de mal. Et puis je respire en pensant à ce à quoi j'ai échappé aujourd'hui: arpenter Manhattan, ses trottoirs bondés et ses stations de métro. Je n'aurais sans doute pas survécu.

Freeport

Fin d'après-midi (désolé de ne pas être plus précis, mais j'ai perdu la notion du temps). De longues lignes droites dans Long Island pour arriver à Freeport, riante bourgade qui, comme son nom l'indique, est dotée d'un joli port de plaisance. (Hé, vous saviez que Lou Reed avait passé toute son enfance à Freeport? Moi non plus. Ce dont je suis sûr, par contre, c'est que ce n'est pas ici qu'il a puisé son inspiration pour écrire « Berlin » ou « Metal Machine Music »)

A la recherche d'un endroit pour boire un coup sur le Nautical Mile (enfilade de bars et restaus), nous optons pour le pub des péquenots du coin, pas très classe certes mais qui donne la possibilité de s’installer en terrasse au bord de l’eau. Oups, oubliez le « pas très classe » et pensez plutôt « pas classe du tout » : des dizaines de soutifs sont accrochés au-dessus du bar. Je serais curieux de voir à quoi ressemblent les soirées à thème...
Coors light et nachos au fromage : ça n’a peut-être pas l’air appétissant, mais cet apéro me redonnerait presque goût à la vie.
Pas tout à fait quand même : j’ai du mal à finir mon poisson dans le restaurant un peu plus loin. C’est D. qui régale pour son anniversaire, et je ne suis même pas foutu de prendre un dessert. Vraiment pas mon style, et surtout extrêmement embarrassant.

9 PM, j’admire les grands palmiers en plastique garnis d’ampoules vertes qui décorent la terrasse du restau et je dis adieu à l'Amérique profonde (enfin, à celle qui n'est pas Manhattan). Elle est exactement comme je l'avais imaginée. Je ne suis donc pas déçu.


10 PM, les lumières des buildings sont proches. SMS pour D. Il me tend l'appareil: « Thanks for the wine. Feeling a little rough today, though. Nice meeting you. » Signé Emanuel, notre nouvel ami homosexuel originaire de Toronto. J'adore New York.

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