Première préoccupation au réveil : la météo. A cause de la pluie, les Yankees n’ont pas pu jouer hier, et vu que nous avons des billets pour le match de ce soir, je zappe sans répit sur les chaînes locales en priant pour des prévisions clémentes. Le verdict : « Late Showers ». Averses dans la soirée. Très tard, espérons-le.
86ème rue Est, je sors du métro pour me diriger vers Museum Mile avec l’intention de voir l’extérieur du Guggenheim Museum et son fameux bâtiment en spirale.
Qui devrait être là, sous mes yeux, au lieu de cet amoncellement d’échafaudages. « Exterior restoration in progress », m’apprend le panneau. Mon premier bide de la journée.
Je ne m’en laisse pas conter, car il me suffit de traverser la 5ème avenue pour entrer dans Central Park et découvrir le « Jacqueline Kennedy Onassis Reservoir », vaste plan d’eau dont les joggeurs s’amusent à faire le tour (mais uniquement dans le sens inverse des aiguilles d’une montre). Et oui, Jackie O a le privilège de donner son nom à un étang. C’est moins prestigieux que son mari président avec son aéroport international, mais il faut dire qu’elle a trahi l’Amérique en se mariant avec un Grec et qu’elle n’est pas non plus morte assassinée sous les balles de Lee Harvey Oswald… Ou des Cubains. Ou du complexe militaro-industriel. Ou de la CIA. Ou de la mafia. Ou de…
Qui devrait être là, sous mes yeux, au lieu de cet amoncellement d’échafaudages. « Exterior restoration in progress », m’apprend le panneau. Mon premier bide de la journée.
Je ne m’en laisse pas conter, car il me suffit de traverser la 5ème avenue pour entrer dans Central Park et découvrir le « Jacqueline Kennedy Onassis Reservoir », vaste plan d’eau dont les joggeurs s’amusent à faire le tour (mais uniquement dans le sens inverse des aiguilles d’une montre). Et oui, Jackie O a le privilège de donner son nom à un étang. C’est moins prestigieux que son mari président avec son aéroport international, mais il faut dire qu’elle a trahi l’Amérique en se mariant avec un Grec et qu’elle n’est pas non plus morte assassinée sous les balles de Lee Harvey Oswald… Ou des Cubains. Ou du complexe militaro-industriel. Ou de la CIA. Ou de la mafia. Ou de…
125ème rue. Ou si vous préférez, Dr Martin Luther King Boulevard. Vous l’avez deviné, je suis à Harlem. Un clodo noir aviné se fait embarquer par les flics devant l’entrée du métro, mais pour le reste, rien à signaler question « insécurité ». Pas grand chose à signaler tout court, d’ailleurs. De grandes artères bordées de magasins divers, quelques africains proposant sur leurs étals une pharmacopée douteuse, quelques théâtres, pas mal d’églises, une grande affiche « Ban hip-hop and 50 cent », parce que seuls des Noirs peuvent dire qu’ils détestent le rap sans passer pour des racistes, et des touristes, de temps à autre, faciles à repérer (à la couleur).
Au bout d’une heure de marche, la question se pose : Que faire ? Et pourquoi pas un petit coup de métro ?
Au bout d’une heure de marche, la question se pose : Que faire ? Et pourquoi pas un petit coup de métro ?
The Seinfeld Chronicles
C’était seulement pour descendre 9 rues, mais j’ai l’intention d’économiser les forces qu’il me reste. D’autant que je dois à présent grimper les allées du Morningside Park pour prendre un peu de hauteur et m’approcher de la monstrueuse cathédrale St John the Divine, toujours en travaux et selon certains la plus grande du monde. La plus longue, ça c’est sûr. On n’en voit pas le bout.
Après un instant d’hésitation (j’entre ou pas ?), je décide de poursuvre ma route vers l’ouest, pour finalement tomber sur un bureau de l’US Postal Service. J’ai besoin de timbres et la postière chinoise veut connaître le poids de ce que je compte expédier en France : « HeaBy or light ? » Facile de me moquer, mais objectivement, mon accent est meilleur.
Après un instant d’hésitation (j’entre ou pas ?), je décide de poursuvre ma route vers l’ouest, pour finalement tomber sur un bureau de l’US Postal Service. J’ai besoin de timbres et la postière chinoise veut connaître le poids de ce que je compte expédier en France : « HeaBy or light ? » Facile de me moquer, mais objectivement, mon accent est meilleur.
Soudain, à l’angle de la 112ème et de Broadway, que vois-je : « Tom’s Restaurant », le restau de « Seinfeld » ! Je résiste à l’idée d’aller voir si George et Jerry sont à l’intérieur (en même temps, la série s’est arrêtée en 98, et puis ils tournaient à Los Angeles…), mais ce coup de chance suffit à me rendre tout joyeux. Vous ne comprenez pas du tout de quoi je suis en train de parler ? Ok, je prends deux minutes pour vous expliquer que « Seinfeld » était le plus gros sitcom des années 90, un truc totalement hilarant, récemment élu par un magazine américain « meilleur programme télévisé de tous les temps » (prends ça dans les dents, « Plus belle la vie » !), que les coffrets DVD sont disponibles et que vous devez éviter à tout prix la VF, un massacre intégral dont l’équivalent en littérature aurait été de transformer « Crime et Châtiment » en un roman de Marc Lévy. Mais revenons à mes aventures.
Alma Mater
Au bout de la rue, Riverside Park, le long de l’Hudson. C’est grand, c’est haut, c’est désert, c’est à l’ombre, les arbres n’ont toujours pas de feuilles et le vent qui remonte de la rivière est plutôt frais. Il faut que je bouge.
A la sortie du ravitaillement en café et donuts, un jeune militant de Greenpeace me demande si je « wanna save some whales today ? ». Non merci, les baleines peuvent attendre un jour de plus. J’imagine que la présence de ces gauchistes sur les trottoirs s’explique par la proximité de Columbia University, car je suis sur le point de pénétrer sur le campus. Très joli. Cette fois je lutte pour ne pas établir de comparaisons avec Rennes et Villejean (après mûre réflexion, il faut avouer que les flippers de la cafet’ étaient pas mal).
A la sortie du ravitaillement en café et donuts, un jeune militant de Greenpeace me demande si je « wanna save some whales today ? ». Non merci, les baleines peuvent attendre un jour de plus. J’imagine que la présence de ces gauchistes sur les trottoirs s’explique par la proximité de Columbia University, car je suis sur le point de pénétrer sur le campus. Très joli. Cette fois je lutte pour ne pas établir de comparaisons avec Rennes et Villejean (après mûre réflexion, il faut avouer que les flippers de la cafet’ étaient pas mal).
Je m’assois sur les marches à l’extérieur de la bibliothèque au milieu des étudiants et des touristes japonais pour rédiger les cartes postales que j’ai prévu d’envoyer à quelques rares privilégiés. Je vais essayer de faire ça vite et bien. Du genre « New York c’est super, et en plus il fait beau, et puis les gens sont gentils, et que je mange bien, et que je fais plein de choses, et que bonjour à tout le monde bande de blaireaux coincés en France. » Comme je suis sur un campus et que la tuerie de Virginia Tech date de la semaine dernière, c’est aussi le moment pour une bonne blague lourde, « J’espère qu’aucun étudiant coréen perturbé ne va sortir son flingue et tirer sur la foule ». Ha ha ha. Si au moins j’avais eu un pote avec moi, ce ne serait resté que des paroles. Là, il a fallu que je l’écrive sur une carte. Toutes mes excuses à ceux qui l’ont reçue.
En perdition
Le temps de trouver une boîte aux lettres et me revoilà dans le métro, direction l’extrême nord. Deux arrêts aussi inconsidérés qu’inutiles, le premier dans le quartier de Washington Heights au niveau du Presbyterian Hospital, le second pour constater que Broadway devient de moins en moins glamour au fur et à mesure que l’on remonte, ralentissent sensiblement ma progression jusqu’aux Cloîtres. Mais je vais y arriver.
Quel qualificatif choisir pour définir la station de la 190ème rue? « Décrépite » semble approprié. « Déserte » ne serait pas mal non plus. Un vieux type avec un genre d'uniforme sur le dos me fait signe de me dépêcher tandis que j'approche des ascenseurs: c'est le liftier! Il a sa chaise et sa petite table dans ce gourbi, et son métier c’est d’appuyer sur des boutons. Sympa. J'apprécie le service à sa juste valeur, mais je respire un bon coup en sortant de ce trou.
Quel qualificatif choisir pour définir la station de la 190ème rue? « Décrépite » semble approprié. « Déserte » ne serait pas mal non plus. Un vieux type avec un genre d'uniforme sur le dos me fait signe de me dépêcher tandis que j'approche des ascenseurs: c'est le liftier! Il a sa chaise et sa petite table dans ce gourbi, et son métier c’est d’appuyer sur des boutons. Sympa. J'apprécie le service à sa juste valeur, mais je respire un bon coup en sortant de ce trou.
Je me balade enfin dans Fort Tryon Park. Belle vue vers l'ouest sur l'Hudson, le New Jersey et le pont George Washington. Au nord, les Cloisters, musée en forme d'abbaye composé d'éléments importés de monastères du sud de la France. Je n'ai pas l'intention d'en voir plus.
1:30 PM, je suis seul et affamé sous le ciel qui se couvre sur le belvédère du fort, sans aucune idée de ce que je vais faire. Autant le dire à présent, si je recommande le plus vivement du monde à ceux qui n'ont jamais vu New York de faire le voyage, je ne saurais trop vous conseiller d'y emmener quelqu'un avec vous. Même quelqu'un que vous ne connaissez que moyennement bien. Cela vous épargnera de grands moments de solitude.
Mais d'ailleurs, qu'est-ce que cet endroit a à voir avec New York? Où sont les buildings, les taxis jaunes, la foule cosmopolite? J'attrape ma carte de métro dans mon sac, et un nom ressort immédiatement: Times Square. Je fonce jusqu'au subway, choisissant cette fois de me débrouiller tout seul dans l'autre ascenseur. Soyez certains que d'ici quelques années, le fantôme du liftier hantera cette station.
Mais d'ailleurs, qu'est-ce que cet endroit a à voir avec New York? Où sont les buildings, les taxis jaunes, la foule cosmopolite? J'attrape ma carte de métro dans mon sac, et un nom ressort immédiatement: Times Square. Je fonce jusqu'au subway, choisissant cette fois de me débrouiller tout seul dans l'autre ascenseur. Soyez certains que d'ici quelques années, le fantôme du liftier hantera cette station.
Top of the world
Restauration rapide à Times Square. Je me sens tout de suite mieux, et c'est en marchant au milieu de la forêt de néons (il faut absolument voir Times Square la nuit, paraît-il. Encore raté), que je me rappelle qu'il y a une chose que je n'ai pas encore faite: grimper au sommet d'un building. Pour jouer à l'original, je décide de ne pas opter pour l'Empire State Building, mais pour le nouvellement ouvert « Top of the Rock » au GE Building de Rockefeller Center. 70 étages, 259 mètres, une vue plongeante sur Central Park, le meilleur point de vue sur l'Empire State (c'est plus facile quand on n'est pas dessus) et la sensation d'être véritablement au coeur des gratte-ciel. WAOW.
Et puis 18 dollars, ce n'est pas vraiment pas excessif pour apercevoir au loin le déprimant George Washington Bridge. Loin, si loin.
Et puis 18 dollars, ce n'est pas vraiment pas excessif pour apercevoir au loin le déprimant George Washington Bridge. Loin, si loin.
Il me reste encore à me promener dans le West Side, que je dominais parfaitement du haut de l'Observation Deck. C’est chose faite après un petit tour de métro. Le réservoir de Jackie a la même allure que ce matin (était-ce réellement ce matin? Pas le mois dernier?) et le Museum d'Histoire Naturelle est en travaux (c'est la journée). Je finis par traîner autour du Dakota Building, cherchant en vain le mémorial John Lennon. J'apprendrai ensuite qu'il se trouve plus loin, dans le parc. Pas grave, au fond Lennon m'a toujours énervé, et si on m'avait demandé d'abattre un Beatle, c'est probablement lui que j'aurais choisi. Ou peut-être Ringo.
Let's go Yankees!
6:30 PM, je suis dans le métro pour la douzième fois de la journée, cette fois avec toute la petite famille dans une rame bondée, direction le Yankee Stadium, dans le Bronx. Comment savoir que les trois quarts de la rame se rendent au match ? Facile : les casquettes.
Après avoir fait la queue et erré un temps dans les couloirs à la recherche de nos places (très bien situées, merci) nous arrivons juste à temps pour nous lever, ôter nos couvre-chefs et écouter les hymnes (Toronto est l'adversaire du soir, alors on a aussi droit à « O Canada ») en version Charly Oleg. Très joli.
Après avoir fait la queue et erré un temps dans les couloirs à la recherche de nos places (très bien situées, merci) nous arrivons juste à temps pour nous lever, ôter nos couvre-chefs et écouter les hymnes (Toronto est l'adversaire du soir, alors on a aussi droit à « O Canada ») en version Charly Oleg. Très joli.
Bien. C'est le moment de dissiper votre inquiétude: non, je ne vais pas me lancer dans une tentative d'explication des règles du baseball. D'abord je ne suis pas sûr d'en être capable, et puis vous n'en avez certainement pas besoin pour briller dans les dîners en ville. Néanmoins, voici une information que vous pourriez éventuellement utiliser entre le fromage et le dessert: les Yankees de New York ont la plus grosse masse salariale au monde. Tous sports confondus.
Pas évident de suivre la partie au début, avec les allées et venues incessantes des vendeurs de cacahuètes, de hot-dogs ou de bière. Clairement, le spectacle est dans les tribunes. Je paierais tous les jours pour voir ces types hurler « Peanuts ! » puis lancer les paquets vers les clients avec une précision diabolique.
Sinon, les Yankees perdent déjà 2-0.
Le baseball est-il un sport ennuyeux ? Ça dépend si on vous a prévenu avant que les joueurs sont des gros lards et qu’il ne se passe pas grand-chose pendant 3 heures. Pas un problème pour moi, je le savais déjà. L’important en vérité, c’est de savoir qu’à chaque instant il pourrait se passer quelque chose. Mais pas ce soir, visiblement.
L'espoir renaît avec le tour de batte d'Alex Rodriguez (A-Rod pour les intimes, 28 millions de dollars par saison), mais sa frappe échoue à quelques mètres du home-run. On ne le sait pas encore, mais ce sera la meilleure occasion de marquer pour les Yankees...
Sinon, les Yankees perdent déjà 2-0.
Le baseball est-il un sport ennuyeux ? Ça dépend si on vous a prévenu avant que les joueurs sont des gros lards et qu’il ne se passe pas grand-chose pendant 3 heures. Pas un problème pour moi, je le savais déjà. L’important en vérité, c’est de savoir qu’à chaque instant il pourrait se passer quelque chose. Mais pas ce soir, visiblement.
L'espoir renaît avec le tour de batte d'Alex Rodriguez (A-Rod pour les intimes, 28 millions de dollars par saison), mais sa frappe échoue à quelques mètres du home-run. On ne le sait pas encore, mais ce sera la meilleure occasion de marquer pour les Yankees...
9:45 PM, 4-0 Blue Jays, pause de la septième manche (7th inning break): la plupart des coups de batte finissent dans les tribunes, sans toutefois faire de victimes, et le pitcher de Toronto ridiculise les batteurs de New York. Probablement dans une tentative désespérée de changer le cours de la partie, on nous demande une nouvelle fois de nous lever et de retirer nos casquettes, cette fois pour un petit « God Bless America » de derrière les fagots. Vérification faite, ils font ça à tous les matches, une exclusivité des Yankees, sans doute pour faire plus patriotique que les autres clubs. Mais contre Toronto, est-ce vraiment nécessaire? En plus, ça ne marche pas. Les Yankees semblent incapables de frapper correctement une balle ce soir.
10:15 PM, fin du match. La moitié des 45000 spectateurs a quitté depuis longtemps le stade, résignée par le score (6-0). Je n'ai pas donc porté chance aux Yankees, mais il leur reste 140 matches pour se refaire cette saison.
Aussi content que je sois d’avoir assisté à un match dans un stade mythique et d’avoir compris enfin que l’on pouvait se passionner pour ce sport, je ne peux pas m’empêcher de me sentir frustré par le manque d’action et de home-runs. Un sentiment qu’A. résumera en une phrase lapidaire à la sortie du stade : « Au moins au basket, il y a des paniers! »
Que voulez-vous répondre à ça ?
Aussi content que je sois d’avoir assisté à un match dans un stade mythique et d’avoir compris enfin que l’on pouvait se passionner pour ce sport, je ne peux pas m’empêcher de me sentir frustré par le manque d’action et de home-runs. Un sentiment qu’A. résumera en une phrase lapidaire à la sortie du stade : « Au moins au basket, il y a des paniers! »
Que voulez-vous répondre à ça ?
1 commentaire:
John Lennon n'a jamais mériter d'être abbatu ni les 3 autres d'ailleurs !!!! c'était des musiciens géniaux !!!
Vive les Beatles,Vive John Lennon !!!
Une fan
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