Trouver un abri
Une des merveilles de l’Amérique, parmi d’autres : la qualité des prévisions météo. Depuis le début de la semaine, ils nous annonçaient la pluie pour ce vendredi, et ils avaient raison. Foutrement raison.
Alors voyons voir, que dit mon planning à propos des jours de pluie ? Les musées ? Soit. J’imagine que je n’ai plus qu’à emprunter un parapluie et à me jeter à l’eau.
Alors voyons voir, que dit mon planning à propos des jours de pluie ? Les musées ? Soit. J’imagine que je n’ai plus qu’à emprunter un parapluie et à me jeter à l’eau.
9:30AM. Eviter les collisions de parapluie demande une vigilance de tous les instants au milieu des New Yorkais encore plus pressés que d’habitude. Une jeune femme ravissante me demande si nous sommes sur la 54ème rue. Mais avec cette pluie, je n’ai pas vraiment fait attention aux panneaux : « I’m not sure, sorry ». Elle repart en souriant. Un bloc plus loin je constate c’était bien la 54ème. La honte.
La pluie ne faiblissant pas, je me réfugie à St Patrick. 2 dollars pour allumer une bougie, c’est cadeau quand on sait que le voyage retour est encore à venir. Autant mettre toutes les chances de son côté.
La pluie ne faiblissant pas, je me réfugie à St Patrick. 2 dollars pour allumer une bougie, c’est cadeau quand on sait que le voyage retour est encore à venir. Autant mettre toutes les chances de son côté.
Je me promène ensuite autour de la nef, à la recherche d’une spécificité américaine dans cette cathédrale fortement inspirée des nôtres. Elle pend au-dessus de ma tête, sous la forme du drapeau américain faisant face à celui du Vatican. On ne verrait pas ça ailleurs...
Attention chef d'oeuvre
10:15AM. Que font les touristes à New York quand il tombe des cordes ? La même chose que moi. Ils font la queue pour le MoMA (Museum of Modern Art). Et à quoi pensent-ils les pieds mouillés sous leurs parapluies ? Toujours à la même chose que moi : « Ça a intérêt à être bien… »
Je ne voudrais pour rien au monde rentrer au pays et passer pour un plouc en répondant « Non » à la question: « Alors, t'es allé au MoMA? », mais honnêtement, à sentir l'eau se mettre à ruisseler sur ma nuque, j'ai des doutes. Je crains de ne pas m'y connaître suffisamment en peinture pour apprécier les oeuvres exposées. Je crains surtout de ne pas être assez snob. Car au fond, la vraie raison de ma présence dans cette file d'attente humide, l'origine profonde de ma motivation, c'est que j'espère découvrir à quel moment l'art a cessé d'être de l'art, pour devenir du foutage de gueule.
La réponse? Probablement quelque part dans une salle du 3ème étage (ou 4th floor, ils commencent à compter au rez-de-chaussée...), alors que je suis à deux doigts de poser le pied sur une surface carrée faite de pavés noirs. L'avertissement fuse immédiatement de la bouche du black qui fait le planton à l'entrée de la pièce: « Watch your step sir ! » Oups, j'ai failli laisser l'empreinte de ma semelle sur un chef d'oeuvre... Quand je pense que j'ai de vieux pavés auto-bloquants qui moisissent au fond de mon jardin.
Quoiqu'il en soit, si ce truc est exposé là et et que l'on paye quelqu'un pour empêcher les touristes nonchalants de marcher dessus, j'imagine que c'est de l'Art, et qu'il n'y a pas à discuter. D'autant plus qu'ici l'Artiste s'est donné au moins le mal d'assembler ces pièces. Pas comme celui qui s'est contenté de coller verticalement un néon rose dans un coin. Un type vraiment plus malin que la moyenne, celui-là.
Bon, cessons de jouer les philistins (vous chercherez dans le dictionnaire), il est temps de vous donner envie de visiter cette « institution culturelle parmi les plus prestigieuses du monde » en passant en revue ses 6 étages. Vite fait.
6th floor: exposition temporaire, en ce moment des photos de Jeff Wall. Immenses, trois mètres sur deux. Sans intérêt, hormis « The destroyed room », et uniquement parce qu'elle a servi de pochette à un album de Sonic Youth.
5th floor: le plus intéressant, haut la main. Van Gogh, Picasso, Munch, Klimt (mon préféré), et des tas de types dont vous avez forcément entendu parler sans savoir quelles merveilles ils ont bien pu peindre. Les 20 dollars de droit d'entrée étaient finalement justifiés.
4th floor: les choses se gâtent. Mais parlons plutôt des choses que j'aime. J'aime bien Pollock, parce qu'à voir l'évolution de son oeuvre, on comprend qu'à moment donné il s'est dit « Rien à foutre! Désormais je vais faire n'importe quoi, des gribouillis immondes de 5 mètres sur 2, et vous allez trouver ça génial, bande de couillons! ». Bien vu. J'aime bien Dali, mais ses toiles sont minuscules. J'aime enfin Warhol, parce qu'il a osé les boîtes de soupe Campbell's. Sinon, vous l'avez compris, ne touchez à rien, c'est peut-être un chef d'oeuvre inestimable, et surtout: « Watch your step! »
3rd floor: des aspirateurs, des téléphones, un iMac et des chaises, beaucoup de chaises, dans la salle du design. Ça n'a pas l'air dit comme ça, mais c'est vraiment sympa. Une sorte d'étagère encastrable en forme de nuage attire mon attention: elle est signée Ronan Bouroullec! J'aurais tout aussi bien pu aller à l'école avec un gars qui s'appelle comme ça! Et il expose au MoMA... Une grande leçon, parce qu'avec un nom pareil, c'est tout juste si on n'est pas prédestiné à bosser à la Chambre d'Agriculture de St-Pol-de-Léon.
2nd floor: la galerie media, ou comment occuper cinq minutes en regardant un écran video sur lequel des canards passent sporadiquement au bord des vagues sur un morceau de plage inconnue. Vous m'excuserez si je préfère la cafet.
1st floor: l'entrée. Ou la sortie. Vers laquelle je me dirige. Euh, attendez une minute, j’ai oublié de vous parler de plein de trucs… A commencer par le jardin des sculptures, mais là c’est normal, il n’est pas ouvert à cause du temps pourri. Il y a aussi l’architecture claire et spacieuse, mise en valeur par le lobby et sa fresque murale post-moderne (des petits dessins moches censés exprimer le désarroi de nos sociétés occidentales) visible de tous les étages. Et puis enfin je n’ai pas évoqué les touristes. Très nombreux (je le répète, il pleut). Aux trois quarts Italiens. C’est trop ? Disons à 50%, alors. Et comportant une proportion presque affolante de jolies filles. Ce qui était fort appréciable, spécialement dans certaines salles remplies d’horreurs contemporaines…
Je ne voudrais pour rien au monde rentrer au pays et passer pour un plouc en répondant « Non » à la question: « Alors, t'es allé au MoMA? », mais honnêtement, à sentir l'eau se mettre à ruisseler sur ma nuque, j'ai des doutes. Je crains de ne pas m'y connaître suffisamment en peinture pour apprécier les oeuvres exposées. Je crains surtout de ne pas être assez snob. Car au fond, la vraie raison de ma présence dans cette file d'attente humide, l'origine profonde de ma motivation, c'est que j'espère découvrir à quel moment l'art a cessé d'être de l'art, pour devenir du foutage de gueule.
La réponse? Probablement quelque part dans une salle du 3ème étage (ou 4th floor, ils commencent à compter au rez-de-chaussée...), alors que je suis à deux doigts de poser le pied sur une surface carrée faite de pavés noirs. L'avertissement fuse immédiatement de la bouche du black qui fait le planton à l'entrée de la pièce: « Watch your step sir ! » Oups, j'ai failli laisser l'empreinte de ma semelle sur un chef d'oeuvre... Quand je pense que j'ai de vieux pavés auto-bloquants qui moisissent au fond de mon jardin.
Quoiqu'il en soit, si ce truc est exposé là et et que l'on paye quelqu'un pour empêcher les touristes nonchalants de marcher dessus, j'imagine que c'est de l'Art, et qu'il n'y a pas à discuter. D'autant plus qu'ici l'Artiste s'est donné au moins le mal d'assembler ces pièces. Pas comme celui qui s'est contenté de coller verticalement un néon rose dans un coin. Un type vraiment plus malin que la moyenne, celui-là.
Bon, cessons de jouer les philistins (vous chercherez dans le dictionnaire), il est temps de vous donner envie de visiter cette « institution culturelle parmi les plus prestigieuses du monde » en passant en revue ses 6 étages. Vite fait.
6th floor: exposition temporaire, en ce moment des photos de Jeff Wall. Immenses, trois mètres sur deux. Sans intérêt, hormis « The destroyed room », et uniquement parce qu'elle a servi de pochette à un album de Sonic Youth.
5th floor: le plus intéressant, haut la main. Van Gogh, Picasso, Munch, Klimt (mon préféré), et des tas de types dont vous avez forcément entendu parler sans savoir quelles merveilles ils ont bien pu peindre. Les 20 dollars de droit d'entrée étaient finalement justifiés.
4th floor: les choses se gâtent. Mais parlons plutôt des choses que j'aime. J'aime bien Pollock, parce qu'à voir l'évolution de son oeuvre, on comprend qu'à moment donné il s'est dit « Rien à foutre! Désormais je vais faire n'importe quoi, des gribouillis immondes de 5 mètres sur 2, et vous allez trouver ça génial, bande de couillons! ». Bien vu. J'aime bien Dali, mais ses toiles sont minuscules. J'aime enfin Warhol, parce qu'il a osé les boîtes de soupe Campbell's. Sinon, vous l'avez compris, ne touchez à rien, c'est peut-être un chef d'oeuvre inestimable, et surtout: « Watch your step! »
3rd floor: des aspirateurs, des téléphones, un iMac et des chaises, beaucoup de chaises, dans la salle du design. Ça n'a pas l'air dit comme ça, mais c'est vraiment sympa. Une sorte d'étagère encastrable en forme de nuage attire mon attention: elle est signée Ronan Bouroullec! J'aurais tout aussi bien pu aller à l'école avec un gars qui s'appelle comme ça! Et il expose au MoMA... Une grande leçon, parce qu'avec un nom pareil, c'est tout juste si on n'est pas prédestiné à bosser à la Chambre d'Agriculture de St-Pol-de-Léon.
2nd floor: la galerie media, ou comment occuper cinq minutes en regardant un écran video sur lequel des canards passent sporadiquement au bord des vagues sur un morceau de plage inconnue. Vous m'excuserez si je préfère la cafet.
1st floor: l'entrée. Ou la sortie. Vers laquelle je me dirige. Euh, attendez une minute, j’ai oublié de vous parler de plein de trucs… A commencer par le jardin des sculptures, mais là c’est normal, il n’est pas ouvert à cause du temps pourri. Il y a aussi l’architecture claire et spacieuse, mise en valeur par le lobby et sa fresque murale post-moderne (des petits dessins moches censés exprimer le désarroi de nos sociétés occidentales) visible de tous les étages. Et puis enfin je n’ai pas évoqué les touristes. Très nombreux (je le répète, il pleut). Aux trois quarts Italiens. C’est trop ? Disons à 50%, alors. Et comportant une proportion presque affolante de jolies filles. Ce qui était fort appréciable, spécialement dans certaines salles remplies d’horreurs contemporaines…
Coulez-moi ça
1PM. Je visite ma dernière curiosité de Lower Manhattan : South Street Seaport, quartier portuaire avec ses bâtiments transformés en galeries et magasins, ses vieux bateaux et son Pier 17, quai aménagé en centre commercial.
Vous vous souvenez d’hier quand, absolument seul au sommet de Fort Tryon Park, j’avais cru toucher le fond ? Et bien, c’est presque pire, ici. Premièrement, je refuse de mettre les pieds dans la galerie marchande, qui ne semble occupée que par des morveux de 14 ans en voyage scolaire. Deuxièmement, le bout du quai, désert sous le crachin, est terriblement glauque. Tout du moins peut-on y prendre des photos intéressantes du Brooklyn Bridge. Enfin troisièmement, je suis allergique aux vieux gréements. Ne prenez pas le risque d’évoquer en ma présence la calamiteuse « Fête maritime internationale » brestoise (Brest 92, 96, 2000, etc.) si vous voulez que je garde mon calme.
Des Japonais en costards grimpent dans le Water taxi pour foutre le camp. Je choisis le métro.
Le musée de trop
3PM. Les interminables couloirs de la station de Fulton Street m’ont donné le temps de me fixer sur un nouvel objectif : ce sera le Met (Metropolitan Museum of Art), le Louvre américain. A la suite de ma visite au MoMA, je suis donc certain de me coucher ce soir plus cultivé que jamais.
Après avoir généreusement laissé 20 dollars à l’entrée (le tarif n’est que « recommandé ») puis répondu négativement à la question « Are you a student ? » (pourtant je n’utilise pas de crème anti-âge), un grave problème se pose : par où je commence ? Parce que cet endroit est grand. Je veux dire, monstrueusement grand. Allons donc tout droit, au hasard.
Je n’ai pas fait 10 mètres au milieu des antiquités égyptiennes que déjà un planton me saute dessus : « No flash, please ». Euh, d’accord, mais je n’ai pas encore touché à mon appareil, monsieur l’agent… Le concept des « frappes préventives » se serait-il répandu à tous les niveaux de la société américaine ?
Je ne sais pas pour vous, mais je ne suis pas un grand fan des hiéroglyphes et des sarcophages, et il est clair que je ne lirai jamais un bouquin de Christian Jacq. Les pyramides ? Donnez-moi n’importe quel gratte-ciel à la place.
J’essaie donc de traverser aussi vite que possible les salles d’exposition, malgré le sol qui paraît se dérober à chacun de mes pas. Où sont les bancs dans ce musée, par pitié ?
Suffisait de demander, on peut s’asseoir autour du Temple de Dendur reconstitué dans une salle géante. Eviter tout de même de s’affaler pour faire la sieste comme la touriste qui vient de se faire rappeler à l’ordre par le planton.
Mon Dieu, mais que vois-je ? Cette nana à l’allure misérable qui erre comme une âme en peine sur le pourtour du temple, je la connais ! C’est la fille de l’avion ! Ma voisine moche et stressée du vol AA121 se traîne avec une mine désespérée ce vendredi après-midi au Met. Et si elle m'avait suivi depuis tout ce temps?
« Hé, bonjour, vous vous souvenez de moi ? On était ensemble dans l’avion l’autre jour ! Votre séjour se passe bien ? » Voilà en gros de quelle manière un jeune homme sociable et plein de bonnes intentions aurait pu aborder cette demoiselle esseulée. Rien que dans le but, disons, d’établir le contact avec une compatriote. Mais pas moi. Je ne suis pas sociable à ce point. Et puis, vous ai-je bien mentionné qu’elle avait un gros nez ?
A propos, si le MoMA était à moitié italien, le Met semble contenir une assez forte proportion de Français. Que j’évite avec le plus grand soin. C’est vrai quoi, je ne connais rien de mieux pour rompre le charme du voyage que de surprendre des exclamations du genre « Allez Jean-Pierre, on rentre, j’ai mal aux pieds ! »
6 PM. J’implore les dieux grecs qui m’entourent de me donner la force de me relever. J’ai posé les yeux sur suffisamment d'œuvres d’art aujourd'hui pour les vingt prochaines années. A propos, qu'est ce qui est le plus décourageant : savoir j’aurais oublié tout ce que je viens de voir dans 15 jours ou bien qu’il faille que je marche un quart d’heure pour attraper le métro?
Embuscade au 38ème étage
Champagne, foie gras, vins fins: génial, c'est l'anniversaire de D.! On dirait que j'ai choisi la bonne semaine pour traverser l'océan.
Hélas cette soirée tombe aussi au plus mauvais moment de la semaine pour A., qui lutte littéralement pour garder les yeux ouverts. Etrangement, le fait de se lever tous les matins à 7AM pour aller bosser semble lui peser lorsqu'arrive le week-end...
11 PM, D. et moi regardons d'un oeil distrait un match de baseball (une bonne chose qu'on ne puisse pas en voir en France, parce que je risquerais de gaspiller des heures et des heures de mon précieux temps) tout en sirotant gentiment un verre de vin rouge. La soirée va se terminer tranquillement, mais avant cela j'aimerais profiter de la vue du sommet de l'immeuble attenant, et jeter un oeil sur les lumières de la ville. Une bonne idée, non?
Quelque part entre 5 AM et 5:30 AM, samedi matin. Dans l'ascenseur avec D., de retour du 38ème étage. Un tantinet imbibé. Qu'est-ce qui s'est passé là-haut? Je ne suis plus très sûr. On verra demain s'il y a moyen de se souvenir de quelque chose. Maintenant, si vous voulez bien m'excuser, je crois que j'ai besoin de dormir.
1 commentaire:
ça doit être en effet pas mal le MoMA and co...mais faut faire attention au claquage!
Ce post, t'aurais aussi pu l'appeler...la journée de la Biture"
->ok c'est moins classe!
A bientôt
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