Amis entraîneurs, prenez-en de la graine. Vous venez de faire un nul poussif dans le match le plus important de l'année? Vous savez que tous les journalistes n'attendent qu'un faux pas pour vous massacrer? Vous êtes en train de vous rendre compte que la pression pour les prochaines rencontres va être DEUX fois plus forte? Un type vous tend un micro, il faut dire quelque chose à la Nation, qu'est-ce que vous faites? Vous faites comme Raymond. Vous POSITIVEZ. Vous affichez un sourire narquois et vous êtes heureux d'avoir "enlevé deux points à un adversaire direct." Facile, non?
Là où Domenech est très fort, c'est qu'il pourrait faire du Thierry Henry (il faisait très chaud, le terrain était sec, il y avait dix fois pénalty, et en plus les Suisses essayaient à chaque fois de nous piquer le ballon, c'est vraiment pas juste! Va pleurer dans les jupes de maman Wenger, comme après la finale de la Ligue des Champions... Avec Henry, c'est pas compliqué, ça n'est jamais de sa faute. Et quand je pense que ça n'est que la raison n°347 pour laquelle il faut le détester...), mais non. Il continue à narguer la France entière. Alors qu'il pourrait se mettre les supporters dans la poche en gueulant contre l'arbitrage et l'état du terrain, il préfère les rendre dingues en faisant le malin, façon "je vous l'avais bien dit!". Les journalistes encaissent de nouveau le coup, avec toutes les couleuvres qu'ils ont avalées depuis deux ans ça ne fait toujours qu'une de plus, mais on entend déjà au loin le bruit des couteaux qu'on affûte. Sitôt l'Equipe de France éliminée (le plus vite possible, par pitié!), la meute va se déchaîner contre Raymond. Qui prépare déjà sa réponse en cas de 0-0 contre les Coréens: "On neutralise encore un adversaire direct, maintenant on va tout jouer sur le prochain match, mais ce n'est pas une déception parce que je savais que ça allait être difficile." Avec le sourire en prime.
Oh, j'ai oublié de vous dire: je n'ai pas regardé le match. Je crois vous avoir déjà expliqué que la santé est une priorité pour moi. La santé mentale, surtout.
Auparavant j'avais pu, à 15h, profiter en toute tranquilité d'un bon match de Ligue 2 entre Coréens et Togolais, sorte de Créteil-Brest avec des hymnes (moment d'anthologie quand l'hymne coréen a retenti pour la deuxième fois - jamais vu un truc pareil - pendant que la caméra s'attardait sur les visages de Togolais désemparés) et du public. Les Bleurks peuvent se prosterner une fois de plus devant les dieux du tirage au sort. Car en perdant Guus Hiddink, qui n'a visiblement pas refilé la formule des piqûres à son compatriote Advocaat, les Coréens ont aussi perdu leur capacité à courir très vite, et partout sur la pelouse. Et Safilou, l'homme du match côté togolais, est tellement fort qu'il n'était même pas titulaire au Stade Brestois (17ème de L2, c'est magnifique) cette saison. J'avais des doutes, mais ce groupe G est bien le pire du tournoi.
Je comptais me rattraper avec le Brésil, mais ce sont surtout les Croates qui m'ont impressionnés. Certes, ils ont peut-être joué le match de leur vie, un peu comme les Turcs il y a quatre ans, mais ce ne sont pas des Yougos pour rien: technique impeccable, fautes qui cassent le jeu, ruse et volonté en font des candidats sérieux pour le 2ème tour. Je ne vois pas comment les Japonais pourraient les inquiéter. Les Brésiliens, eux, ont un gros problème, sans jeu de mot: Ronaldo. Il n'a pas plus couru que son gardien durant tout le match, sauf quand il est sorti du terrain sous les huées. Absolument incroyable. J'imagine que le selectionneur ne peut pas le mettre sur le banc, mais en attendant, les Brésiliens jouent à dix. Et ils gagnent quand même.
La revue d'effectif s'achève enfin aujourd'hui avec le groupe H, et deux affiches d'un intérêt, disons, peu équivalent.
Espagne-Ukraine (1-0): il faudra patienter avant l'effondrement espagnol, (en huitièmes contre les Bleurks?) d'autant plus que l'entraîneur a décidé de laisser Raul sur le banc. D'accord, il n'aura que 29 ans ce mois-ci, mais cela fait déjà deux saisons qu'il est totalement carbonisé. A sa décharge, il est titulaire au Real depuis ses 17 ans. Forcément, ça use. L'autre bonne nouvelle pour les Espagnols est bien sûr le forfait probable de Shevchenko, à qui par contre il reste encore assez d'essence pour emmener son pays au 2ème tour. Enfin, peut-être. A ce propos, il semble que la nouvelle mode soit d'orthographier le nom du formidable attaquant ukrainien "Andryi Chevtchenko" et non plus "Andreï Shevchenko" comme au bon vieux temps milanais des triplés contre la Lazio. Absurde. Ou bien serait-ce le signe qu'il n'est plus vraiment le même joueur?
Tunisie-Arabie Saoudite (1-0): j'ai survécu à Angleterre-Paraguay, à Suède-Trinidad, à Angola-Portugal et même à Corée-Togo, mais là, je m'interroge: faut-il absolument que je m'inflige ça? Avec en plus la tête de Roger Lemerre sur son banc de touche?
Allemagne-Pologne (2-1): deuxième match pour ces équipes et déjà une question de vie ou de mort pour les Polonais. Cela va être laid. Malheureusement pour eux, leur défense est tellement mauvaise (Jop! Bak!) qu'ils n'ont aucune chance, surtout si Ballack est de retour pour les allemands.
Note au responsable de la sono: Ne pas se tromper de bouton au moment des hymnes comme pour Corée-Togo. Si les Polonais entendent le Deutschland über alles à la place de leur hymne, ils pourraient mal le prendre.
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